Elle est belle, elle est catholique, elle est la sœur du roi, elle s’appelle Marguerite de Valois. Son frère l’a surnommée Margot. Il est protestant, on dit qu’il est mal élevé, mal rasé, qu’il sent l’ail et la sueur. Il s’appelle Henri de Navarre. On les marie de force. C’est une manœuvre politique: il faut réconcilier les Français déchirés par
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les guerres de religion. Ils sont trois frères, le roi Charles IX, Anjou son cadet et Alençon le plus jeune. Ils aiment Margot, ils l’aiment trop, d’une passion équivoque et possessive. Pourtant ils sont tous là, ils rient, ils dansent, ils font semblant de s’amuser. Le chef de cette famille, c’est Catherine de Médicis. Elle a appris à ses enfants la duplicité et l’amour du pouvoir. Mais dans la canicule de ce mois d’août terrible, la haine et la peur vont bientôt tout étouffer. Car Madame Catherine règne à la place de son fils Charles mais c’est Anjou qu’elle aime. C’est à lui qu’elle veut offrir un royaume en paix. À quel prix ? À n’importe quel prix. Catherine veut réconcilier les Français mais elle veut aussi décapiter les factions, supprimer leurs chefs, neutraliser les protestants. Tous les protestants ? Seulement les chefs ? On ne le saura jamais car tout va lui échapper. Six jours après le mariage célébré à Notre-Dame, ce sera la nuit de la Saint-Barthélemy. Cinq mille ? Dix mille ? Tous massacrés dans les rues de Paris, égorgés dans leurs lits et jusque dans le Louvre même. Au milieu de cette nuit d’horreur un jeune homme percé de coups d’épée frappe désespérément à la porte de Margot. La Môle est protestant, il doit mourir comme les autres. Mais Margot le cache, le soigne et se met à l’aimer. Cette nuit-là, tout bascule. « Tu peux être fier, tu es le roi d’un pays catholique maintenant » lance Anjou à son frère le roi, le lendemain matin. «Oui, tu peux être fier! Tu es le roi d’un pays où plus rien ne bouge hormis les pendus au gibet. Paris est un cimetière ! » C’est Margot qui seule ose s’insurger contre la tuerie, Margot contre ses frères, sa mère, seule contre tous. Un sang d’assassin coule dans ses veines, mais pour la première fois, l’amour fait place à la compassion. « Il s’est passé quelque chose cette nuit Margot ? Quelque chose de plus ? » Margot ne répond pas. « Je le saurai » dit Charles. Il saura que Margot aime enfin, simplement et pour la première fois. Pour la première fois, elle ne veut plus appartenir à sa famille ni leur ressembler. Fille de roi, femme de roi, sœur de roi, elle restera du côté des opprimés où se trouvent à présent son mari, son amant, ceux qu’elle aime. Plus jamais, elle ne retournera dans le camp des bourreaux.
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