En 2020, Sam Mendes est de retour derrière la caméra pour son huitième long-métrage : « 1917 ». Se déroulant pendant la Première Guerre mondiale, l’œuvre s’inspire en partie de la jeunesse d’Alfred Mendes, le grand-père du cinéaste.
1917 : une claque en plan-séquence
Porté par George MacKay et Dean-Charles Chapman, 1917 raconte le destin de Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques qui se voient assigner une mission proprement impossible pendant la Première Guerre mondiale. Porteurs d’un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, dont le frère de Blake, ils se lancent dans une véritable course contre la montre, derrière les lignes ennemies.
Avec 1917, Sam Mendes s’est amusé à livrer aux spectateurs une expérience immersive inédite dans sa filmographie. En effet, le cinéaste a tourné son dernier long-métrage en plusieurs longues prises. Celles-ci ont ensuite été montées pour donner l’impression que le récit est dévoilé à travers un unique plan-séquence. En somme, comme Birdman avant lui, 1917 est un faux plan-séquence de 2h. Une prouesse artistique qui permet à l’audience d’être au plus près de la violence de la Première Guerre mondiale. Grâce à cet effort technique, 1917 a été nommé à 10 reprises aux Oscars 2020 et est reparti avec trois statuettes : celles de la Meilleure photographie pour Roger Deakins, des Meilleurs effets visuels et du Meilleur mixage sonore. Côté box-office, pour un budget de 95 millions de dollars, 1917 en a rapporté plus de 384,9 millions de recettes mondiales.
Un hommage à son grand-père
Ce que l’on sait moins sur le film de Sam Mendes, c’est qu’il est en partie inspiré de la jeunesse d’Alfred Mendes, grand-père du réalisateur. Durant son discours de remerciements aux Golden Globes (Sam Mendes a en effet remporté le Golden Globe du Meilleur réalisateur et du Meilleur film dramatique), le metteur en scène a évoqué son grand-père. Il a en effet précisé qu’Alfred Mendes, qui est devenu écrivain après la guerre, lui a inspiré l’histoire de 1917 :
Il s’est enrôlé pendant la Première Guerre mondiale à l’âge de 17 ans. J'espère qu'il nous regarde de là-haut et j'ai le ferme espoir qu’il n’y en ait jamais, jamais d’autre.
En effet, pendant la Première Guerre mondiale, Alfred Mendes sert en France en tant que signaleur dans le premier bataillon de la Brigade des fusiliers britanniques. Le signaleur a pour rôle de fournir des renseignements sur les différentes cibles et devait apporter son aide à l’artillerie. Alfred Mendes doit également indiquer l’emplacement des différents blessés de son bataillon pour qu’ils soient secourus le plus rapidement possible. Il est ensuite envoyé en Belgique pour reprendre le village de Poelcappelle des mains des Allemands. Une bataille particulièrement violente qui entraîne la mort de 158 soldats britanniques.
Un écrivain reconnu
Après la guerre, Alfred Mendes reçoit une médaille militaire pour acte de bravoure, et raconte ensuite son expérience de soldat dans ses mémoires. Il explique notamment que :
J’avais reçu une formation de signaleur. Et même si la mission demandée était très différente, je me sentais redevable envers le bataillon.
En plus de ses mémoires, Alfred Mendes publie deux romans influents en 1934 et 1935 : Pitch Lake et Black Fauns. Deux œuvres qui abordent la précarité sociale à Trinité-et-Tobago. C'est dans cet état des Caraïbes composé de 2 îles et situé près du Venezuela qu'il est né et a grandi. En 1972, Alfred Mendes se voit décerner le titre honorifique de docteur en lettres par l'Université des Indes occidentales, pour sa contribution au développement de la littérature antillaise. Il prend ensuite sa retraite sur l’île de la Barbade. Il se consacre alors à l’écriture de ses mémoires. Ses manuscrits inachevés sont publiés en 1991, quelques mois après sa mort.