Sur la longueur, "28 semaines plus tard" ne surprend pas autant et ne performe pas autant que le film dont il est la suite, "28 jours plus tard", réalisé par Danny Boyle. Mais sa séquence d'introduction est sans doute une des plus réussies et des plus mémorables de l'histoire du cinéma d'horreur.
En 2003 sort le film de zombies post-apocalyptique de Danny Boyle, 28 jours plus tard, avec entre autres Cillian Murphy et Naomie Harris. Succès commercial et critique, fascinant pour ses séquences dans une ville de Londres désertée, 28 jours plus tard raconte les jours qui suivent une contamination par un virus animal de la rage extrêmement agressif et contagieux. Une suite sort en 2007, intitulée 28 semaines plus tard. Sans Danny Boyle à la réalisation ou Alex Garland à l'écriture, le second film est sans doute en deçà du premier film, mais il reste une très solide production de genre, et une suite totalement réussie malgré les différences des deux films. En cette période de pandémie et de confinement, on revient sur sa séquence d'introduction (en tête d'article), la meilleure du film et modèle éclatant d'exposition dramatique.
Tout le drame et la puissance du film en une seule séquence
Il y a trois points essentiels à la pleine appréciation de la séquence : l'exposition de l'intrigue, l'interprétation de Robert Carlyle, et sa musique. Le début de 28 semaines plus tard nous ramène au temps du premier film, pendant la contamination. Non loin de Londres, Don (Robert Carlyle) et Alice (Catherine McCormack) sont réfugiés dans une maison avec d'autres "confinés". Alors qu'ils recueillent un petit garçon en fuite, des "infectés" attaquent et pénètrent dans la maison (la vidéo ci-dessus débute à ce moment). Alors que Don, Alice et le petit garçon se retrouvent coincés à l'étage, Don a l'occasion de s'échapper, mais il doit abandonner sa femme Alice et le jeune garçon. Ce qu'il fait...
S'ensuit une scène de poursuite effrénée, à l'issue de laquelle Don parvient à s'échapper à bord d'un canot à moteur, seul survivant de l'attaque. L'intrigue du film s'engage ainsi au moment où, "28 semaines plus tard", l'île britannique est déclarée sans infection. Les enfants de Don et Alice, Tammy et Andy, à l'étranger pendant l'infection, reviennent alors à Londres où ils retrouvent leur père.
Robert Carlyle, s'il n'est pas le héros du film - bien au contraire, en a cependant presque le rôle principal. La culpabilité d'avoir abandonné sa femme le ronge, et la réapparition de celle-ci, porteuse saine, ne va pas arranger les choses... L'idée géniale de la séquence d'introduction est ainsi de ne pas se concentrer sur les "infectés", qu'on connaît déjà du premier film, mais sur les actions de Don. 28 semaines plus tard, l'infection va réapparaître, et la "lâcheté" de Don en est, d'une certaine manière, l'origine. Sa relation avec sa femme est la matrice du drame, et c'est ce qui est parfaitement mis en place dans cette introduction.
L'interprétation de l'acteur est fascinante, enchaînant en quelques minutes la douceur et l'attention pour Alice, la peur, puis la lâcheté (ou l'instinct de survie ?), enfin le court soulagement d'être encore en vie. Les plans, dont le dynamisme est assuré par un cadrage à l'épaule frénétique, sont relativement longs pour une scène de ce genre, ce qui permet de s'attarder sur les regards de Don et Alice lorsque Don décide de l'abandonner. Bien que la réalisation soit passée des mains de Danny Boyle (resté producteur exécutif de cette suite) à celles de Juan Carlos Fresnadillo, et que dans sa globalité 28 semaines plus tard propose une mise en scène moins aboutie que 28 jours plus tard, cette introduction est brillante sur le plan de la dramaturgie et de l'interprétation.
Enfin, et grâce soit rendue au premier film, le thème musical reste le même. Tout particulièrement, il s'agit du morceau "In The House, In A Heartbeat" de John Murphy, compositeur britannique qui a notamment travaillé avec Guy Ritchie (Arnaques, Crimes et Botanique, Snatch), Danny Boyle (28 jours plus tard, Sunshine), ou encore Michael Mann (Miami Vice). Ce morceau, devenu culte, accompagne parfaitement la fuite de Don - magnifique travelling, ou alors la fuite de Don l'accompagne, mais dans les deux cas le mariage est plus qu'idéal. Pour cette séquence, mais aussi pour son ensemble, très honorablement animé par Jeremy Renner, Rose Byrne et Imogen Poots, 28 semaines plus tard est à (re)voir !