Événement majeur pour les cinéastes au début de leur carrière, le Festival Premiers Plans d'Angers met à l'honneur les premiers courts-métrages et longs-métrages européens. Sa 36e édition vient de se clôturer, et y ont été récompensées des oeuvres aussi prometteuses que déjà brillantes, en prise directe avec les problématiques contemporaines.
Une 36e édition accomplie pour le Festival Premiers Plans
Au terme d'une semaine riche en découvertes et en émotions, le jury des longs-métrages et le jury des courts-métrages du 36e Festival Premiers Plans d'Angers ont dévoilé les films de la compétition qui se sont démarqués. Le jury qui devait distinguer le meilleur des longs-métrages européens était présidé par Robin Campillo, réalisateur notamment de 120 battements par minutes et du récent L'Île rouge. Il était entouré de l'actrice Zita Hanrot, de la compositrice Julie Roué et du réalisateur Nathan Ambrosioni.
Côté court-métrages, c'est la réalisatrice Lola Quivoron, remarquée au Festival de Cannes 2022 avec son premier long-métrage Rodéo, qui présidait le jury, accompagnée de l'actrice Anamaria Vartolomei et de l'acteur Sandor Funtek.
Palmarès de la compétition longs-métrages européens
Grand Prix du jury : Border Line
Belle histoire pour le film espagnol des réalisateurs vénézuéliens Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vásquez, qui pour leur premier long-métrage mettent en scène Alberto Amman et Bruna Cusi dans un huis clos étouffant. Les deux comédiens incarnent un couple qui quitte Barcelone pour s'installer aux États-Unis. Mais arrivés à l'aéroport de Newark, ils sont alors soumis à un terrible interrogatoire par la police des frontières...
Déjà remarqué au Festival du film policier de Reims 2023, et alors titré Upon Entry, le film avait obtenu le Prix du public et le Prix du jury Police. Il obtient maintenant à Angers la principale distinction du Festival Premiers Plans. Distribué par Condor en France, il sera à découvrir dans les cinémas le 1er mai 2024.
Prix Jeanne Moreau (Prix du public): Riverboom
Lors de sa présentation le mardi 23 janvier au public, la standing ovation qui a suivi les dernières images de Riverboom n'a pas laissé de doute quant à sa réception. Documentaire d'une richesse remarquable, à la fois comique, intime, et très éclairant sur le métier de journaliste, Riverboom raconte la folle histoire du photographe et vidéaste Claude Baechtold, du journaliste Serge Michel et du photographe de guerre Paolo Woods.
En 2002, ils partent tous les trois en Afghanistan pour couvrir l'actualité de l'intervention américaine post-11 septembre. Jeunes, à la fois professionnels et insouciants, ils vont alors vivre ensemble une aventure autant professionnelle que personnelle, qui va changer leurs vies. Vingt ans plus tard, Claude Baechtold retrouve miraculeusement les images qu'il avait alors tournées là-bas, et monte Riverboom, du nom d'une rivière en Afghanistan et nom aussi de la société d'édition que les trois hommes ont ensuite créée.
Prix d'interprétation féminine Bouvet Ladubay : Bruna Cusi
C'est l'actrice espagnole Bruna Cusi, qui incarne Elena dans le film Border Line, qui a reçu le prix d'interprétation. Dans ce rôle, pour lequel elle est nommée au 16e Gaudi Awards dans la catégorie Meilleure actrice, elle incarne à merveille une femme mise au dos au mur, exposée à la violence d'une administration qui la contraint à s'ouvrir sur les aspects les plus intimes de sa vie. Sa performance dans le duo qu'elle compose avec Alberto Amman est brillante, ce qui n'a pas échappé à Robin Campillo et son jury.
Prix d'interprétation masculine Bouvet Ladubay : Herbert Nordrum
C'est l'acteur principal de Sous hypnose, production suédo-norvégienne réalisée par Ernst de Geer, qui a été distingué par le jury longs-métrages du Festival Premiers Plans. Aussi impressionnant par sa présence physique et son intériorité que dans son association avec l'actrice Asta Kamma August, l'acteur vu notamment dans Julie (en 12 chapitres) porte avec sa partenaire cette jolie comédie dramatique.
André et Vera, un jeune couple d'entrepreneurs a l'occasion de présenter leur application de santé féminine lors d'un prestigieux concours. Avant de s'y rendre, Vera essaie l'hypnothérapie pour arrêter de fumer. À partir de ce moment, son attitude change et André commence à se comporter de manière inattendue…
Prix Scania de la diversité : Elaha
Le film allemand Elaha, du nom de son très beau personnage principal incarné par la jeune Bayan Layla - et dont la performance inspirée pouvait aussi prétendre au Prix d'interprétation féminine - raconte l'histoire d'une jeune femme d'origine kurde, qui doit bientôt se marier et qui cherche donc à faire reconstruire son hymen pour rétablir son "innocence" et son "honneur" avant son mariage.
Si Elaha comprend et respecte les traditions et les codes de sa culture, elle ressent aussi que c'est une privation d'indépendance, de liberté, et d'affirmation de soi-même. Film aussi beau que dur sur la question de la virginité féminine, Elaha est une ode féministe au progrès des mentalités, ainsi qu'au respect du corps et des aspirations naturelles des jeunes femmes.
Prix des activités sociales de l'énergie : Six pieds sur terre
Jusque-là réalisateur de courts-métrages remarqués dans des festivals tout autour du monde, Karim Bensalah réalise en 2022 son premier long-métrage : Six pieds sur terre, avec Hamza Meziani dans le rôle principal.
Son histoire est la suivante : Sofiane est le fils d'un ex-diplomate algérien qui a vécu sa vie à l’étranger. Aujourd’hui étudiant à Lyon, il est victime d'une décision administrative et vit sous la menace d’une expulsion. Dans l'espoir de régulariser sa situation, il se résout à travailler temporairement pour des pompes funèbres musulmanes. Paumé dans son identité, mal dans sa peau, côtoyer les morts va s'avérer être pour lui un chemin lumineux.
Palmarès de la compétition courts-métrages européens
Lola Quivoron, Anamaria Vartolomei et Sandor Funtek, à l'issue d'une semaine où ils se seront plongés dans les nombreux courts-métrages présentés au Festival Premiers Plans, ont distribué plusieurs distinctions, deux pour des courts-métrages européens, et six pour des courts-métrages français.
Un court-métrage s'est particulièrement distingué dans la compétition. Il s'agit de Bonnarien, réalisé par Adiel Goliot.
Mauricette Bonnarien travaille comme dockeuse au port de Dégrad des Cannes en Guyane. Le reste du temps, elle slame. Très complexée par son nom de famille qui a été imposé à son ancêtre lors de l'abolition de l'esclavage, elle se bat pour mener à bien une procédure de changement de nom. Il est temps de faire entendre à son entourage son nouveau patronyme.