Joli succès de cinéma indépendant pour un film de requins, "47 Meters Down" nous plonge aux côtés de deux soeurs bloquées au fond de la mer et entourées de grands requins blancs. Un thriller horrifique parfait pour les fans de "survival", et qui a la particularité d'offrir une fin très perturbante.
47 Meters Down, "petit" film de requins à grand succès
En 2017, le thriller horrifique 47 Meters Down se fait remarquer. Réalisé par le britannique Johannes Roberts, il plonge le spectateur avec Lisa et Kate, deux soeurs parties s'immerger dans une cage au milieu de grands requins blancs. On trouve au casting Mandy Moore et Claire Holt dans les rôles de Lisa et Kate, ainsi que Matthew Modine, qui incarne le capitaine du bateau, Taylor.
Alors que Lisa a du mal à se remettre d'une peine de coeur, sa soeur Kate l'embarque en vacances au Mexique pour lui changer les idées. Avides d'aventures, elles se mettent au défi de plonger parmi les requins blancs, protégées par une cage. Une fois dans l'eau, le spectacle est incroyable. Mais subitement, le câble qui retient la cage au bateau cède, et les deux soeurs se retrouvent plongées au fond de l'océan, à 47 mètres de profondeur...
Souvent terrifiant, jouant avec le bon dosage des jump scares, haletant, 47 Meters Down réussit son pari, accumulant sur un budget de 5,3 millions de dollars un box-office global de 62 millions de dollars de recettes. Et comme tout bon survival qui se respecte, 47 Meters Down ne laisse pas son spectateur sortir indemne de l'expérience, en proposant une fin particulièrement cruelle et perturbante.
Le bon usage de la narration non-fiable
On part du principe lorsque nous écoutons, lisons ou regardons une histoire, que celle-ci est authentique. Nous accordons ainsi notre confiance au narrateur de l'histoire, qui raconte vraiment ce qu'il se passe, sans mentir. Ce principe de fiabilité de la narration est de temps en temps contourné, tordu, exploré. L'exemple contemporain le plus célèbre au cinéma est sans doute Usual Suspects, où le narrateur de l'histoire invente tout et trompe le spectateur.
Dans 47 Meters Down, Johannes Roberts s'est amusé avec cette idée de narration non-fiable, en présentant une première fin... trop belle pour être vraie. En effet, dans les instants finaux du film, les deux soeurs parviennent enfin à regagner la surface. Alors que Lisa pensait sa soeur dévorée par un requin, celle-ci a miraculeusement survécu et c'est ainsi ensemble qu'elles rejoignent le bateau. Alors qu'elles sont hissées à bord, Kate est attaquée à la jambe une nouvelle fois mais parvient, en blessant le requin aux yeux, à se libérer. Prises en charge, en sécurité, les deux soeurs ont la vie sauve. Mais Lisa s'aperçoit alors qu'elle saigne de la main, et que le sang s'échappe dans l'air...
La réalité est en effet toute autre. Saisie par l'ivresse des profondeurs, la narcose, on découvre alors Lisa en pleine hallucination et toujours seule au fond de l'eau, immobilisée par la cage qui lui coince la jambe. Les sauveteurs arrivent et la ramènent à la surface, où elle comprend alors que sa soeur n'a pas survécu à l'attaque du requin blanc, et qu'elle a halluciné toute la suite. Un twist de fin réussi, cruel, où le spectateur ne peut que se faire avoir. Johannes Roberts expliquait à Crave Online :
J'ai dû batailler, beaucoup. J'ai dû me battre pour garder cette fin, cette manière de finir. C'est sûrement une manière très audacieuse de finir. Mais oui, il y a eu plusieurs idées différentes tout au long de la production, mais celle-ci est soudainement devenue évidente. C'était la meilleure manière de finir. On s'est vraiment battus pour ça.
Une seule survivante... au lieu d'aucune
À l'origine, une autre fin avait été imaginée, encore plus perturbante. Une fin qui a beaucoup à voir avec celle d'un film d'horreur très réussi : The Descent. Dans celui-ci, on suit un groupe de jeunes femmes parties faire de la spéléologie. En plus des dangers inhérents à la pratique, des créatures souterraines apparaissent et déciment le groupe. On croit qu'une d'elles survit, mais c'est en réalité pour mieux subir le fait qu'elle hallucine aussi, et est toujours perdue et enfermée sous terre, les créatures l'encerclant...
C'est le même type de fin qu'avait aussi préparée Johannes Roberts, pour que le film se termine sur Lisa, toujours bloquée au fond, et morte.
On a tourné ça avec une juste une caméra qui s'éloignait d'elle, morte, et c'était si triste ! J'aimais bien cette fin mais c'était déjà si sombre qu'il fallait quand même finir avec une touche d'optimisme.
Effectivement, il aurait été diablement cruel qu'aucune des deux héroïnes de 47 Meters Down ne s'en sorte. Sans compter l'écueil qui se serait présenté à la narration, et donc à la crédibilité de l'histoire : comment raconter une histoire de survie s'il n'y a aucune survivante ?