Il y a 60 ans sortait le meilleur film de la saga James Bond

Il y a 60 ans sortait le meilleur film de la saga James Bond

On fête aujourd'hui les 60 ans de la première mondiale d'un des plus grand films 007, et le meilleur de la saga selon nous : "Goldfinger". Un film d'action-espionnage spectaculaire doublé d'un thriller policier malin et surprenant, avec l'incarnation parfaite de James Bond par Sean Connery.

Le premier sommet de la saga

Le 17 septembre 1964, Goldfinger faisait sa première mondiale à Londres. Troisième opus de la saga 007, initiée en 1962 avec James Bond 007 contre Dr No, rapidement suivi de Bons Baisers de Russie, ce nouveau film réalisé par Guy Hamilton et porté par Sean Connery fait de l'acteur écossais une superstar et propulse la franchise à des sommets inédits. Dans celui-ci, James Bond est chargé de découvrir comment Auric Goldfinger, un négociant de lingots d'or, organise son trafic mondial de contrebande. À sa poursuite, il va vivre de nombreuses péripéties entre l'Angleterre, la Suisse et les États-Unis. Pour découvrir que Goldfinger, sous couvert d'un braquage spectaculaire de Fort Knox, a en réalité un plan bien plus machiavélique...

Goldfinger
Goldfinger ©MGM

À sa sortie, la critique est unanime. C'est à cette date le meilleur des films James Bond, et le public est du même avis : il se rend en masse dans les salles et en fait un immense succès commercial. Goldfinger bat alors un record, celui du film le plus rapidement rentable avec plus de 10,3 millions de dollars de recettes encaissées en deux semaines, soit trois fois plus que son budget de production estimé à 3 millions de dollars. À la fin de son exploitation, il rapporte plus de 125 millions de dollars.

Le James Bond parfait

Sean Connery rayonne dans son rôle de l'agent 007, plus charmant et plus mortel que jamais. À seulement 34 ans, il en impose alors aux plus grandes stars de son époque. Le reste du casting est au diapason : l'acteur allemand Gert Fröbe campe un méchant exceptionnel, vicieux et mégalomane, le fameux "Goldfinger". Leur confrontation est un moment culte du cinéma, et culmine notamment lors d'une séance de torture restée célèbre pour ses répliques : "Vous attendez de moi que je parle ? - Non M. Bond, j'attends de vous que vous mouriez."

Du côté de la distribution féminine, Honor Blackman incarne une "James Bond Girl" à la consistance inédite, d'abord alliée de Goldfinger puis cédant au charme de James Bond. Nommé Pussy Galore, l'actrice monte la "sexyness" de Goldfinger à un niveau lui aussi inédit. Les autres personnages féminins, même s'ils ne survivent pas longtemps dans l'histoire du film, les soeurs Jill (Shirley Eaton) et Tilly (Tania Mallet) Masterson, rayonnent aussi, respectivement durant l'ouverture mémorable post-générique et la course-poursuite tout autant mémorable dans les alpes suisses.

On ne serait pas complet si on oubliait le terrifiant et mystérieux homme de main de Goldfinger, Oddjob (Harold Sakata), brute muette dotée d'un chapeau au bord métallique tranchant comme une lame, qu'il utilise comme un frisbee létal.

Les gadgets à l'honneur

Beaucoup plus que dans James Bond 007 contre Dr No ou Bons Baisers de Russie, les gadgets sont à l'honneur. Tout particulièrement l'Aston Martin DB5 modifiée, que Q (Desmond Llewelyn) confie à James Bond lors d'une séquence jouissive dans les locaux du MI6. Plaques d'immatriculation tournantes, système de localisation, pièges et mitrailleuses intégrées, et surtout siège éjectable... Cette voiture, à l'image de la Batmobile ou de la DeLorean volante, fait partie des véhicules les plus iconiques de l'histoire du cinéma.

Goldfinger
Goldfinger ©MGM

Une musique inoubliable

Pour la chanson du déjà fameux générique de la saga James Bond, c'est Shirley Bassey qui pose sa voix sur une composition de John Barry. Les paroles du morceau "Goldfinger", qui parlent du méchant du film, ont été écrites sans que les paroliers Leslie Bricusse and Anthony Newley n'aient vu une seule image de Goldfinger, simplement informés du destin tragique de Jill Masterson, victime de Goldfinger qui la tue en peignant entièrement son corps nu d'or. Aujourd'hui, si le morceau "Skyfall" d'Adele pour Skyfall de Sam Mendes lui fait très sérieusement concurrence, Goldfinger reste considéré comme une des plus grandes compositions de la saga 007, si ce n'est la meilleure.

L'hommage révolutionnaire de Daniel Craig

Si, de son propre aveu, les films de Daniel Craig ont été difficiles pour l'acteur, acclamé pour sa version de James Bond, cette difficulté vient de la déconstruction de l'icône établie par Sean Connery dans ses six films, et tout particulièrement dans Goldfinger et Opération Tonnerre. Le modèle d'héroïsme et de masculinité qu'incarne alors Sean Connery est précisément celui dont Daniel Craig doit se défaire pour enfin, 40 ans après Opération Tonnerre, moderniser et révolutionner le personnage dans Casino Royale. Profondément amoureux, souhaitant démissionner, plus faillible et bien moins invincible, son James Bond est alors aux antipodes - mais toujours avec autant de charme - de celui incarné par Sean Connery.

On pourra, dans les 25 films officiels de la saga, toujours préférer telle séquence d'action, ou tel personnage, tel gadget, telle musique. Mais globalement, dans son ensemble et dans son effort de cinéma, Goldfinger reste bien le modèle parfait du film James Bond, en plus d'être un excellent thriller policier. Celui-ci a durablement solidifié et parfait les bases de tous les films James Bond - à l'exception de Au service secret de Sa Majesté et du cycle de Daniel Craig -, et les films de Roger Moore, Timothy Dalton et Pierce Brosnan peuvent être perçus comme des variations plus ou moins scolaires de ce modèle.

Et si aujourd'hui Casino Royale et Skyfall sont à raison très souvent cités comme les meilleurs films James Bond jamais réalisés, il faut se rappeler qu'ils n'existeraient pas sans ceux qui les ont précédés, et que parmi ceux-là la qualité intrinsèque et l'héritage de Goldfinger sont plus que considérables. Suffisamment pour lui remettre la couronne du meilleur film James Bond ? Très certainement.