Arborant les étiquettes « action », « thriller » et « drame », « Acts of Vengeance » n’a pas eu le droit à sa sortie cinéma. Pour cause, il s’agit d’un DTV que vous pouvez visionner directement en Blu-ray et DVD depuis le 14 mars.
Le réalisateur Isaac Florentine est un habitué des direct-to-video, comme il l’a prouvé en 2008 avec L'empreinte de la vengeance (2008) où s’illustre Jean-Claude Van Damme. La différence avec une sortie standard ? Cette catégorie de films n’est pas projetée en salle, et le budget est moindre. Autrement dit : c’est une case dont les célébrités en ascension professionnelle se tiennent prudemment à l’écart. Disponible sur Netflix aux États-Unis, Acts of Vengeance a pour tête d’affiche nul autre qu’Antonio Banderas. En chute libre depuis quelque temps, ses années Zorro (1998 – 2005) et Philadelphia (1993) sont loin derrière lui. Est-ce un souhait de l’acteur que de se soustraire au feu des projecteurs ou bien est-il devenu has-been selon les critères hollywoodiens ? Sa santé s’étant fragilisée du haut de ses 57 ans, il n’est pas impossible que l’espagnol aspire à une vie plus calme et posée.
Acts of Vengeance : du réchauffé ?
Pour être sincère, le scénario du long métrage de 86 minutes n’est pas des plus originaux. Frank Valera (Banderas) est un avocat plein aux as, dont le métier le tient à distance de sa famille composée de sa femme Sue (Cristina Serafini) et de leur fille prénommée Olivia (Lillian Blankenship). Occupant une riche maison et semblant collectionner les véhicules haut de gamme, cette existence idyllique n’est donc bien qu’une simple image. Grattez à la surface et vous découvrirez une enfant en manque de son père, souhaitant plus que tout parvenir à attirer son attention. Ce n’est pas pour rien qu’elle choisit d’interpréter la chanson qui les lie à une compétition de jeunes talents. Malheureusement, cette supplique n’est guère entendue puisque l’homme est retenu à son travail tandis qu’Olivia se produit sur scène. Clairement : il n’obtiendra pas le diplôme du papa de l’année.
Les événements prennent une tournure dramatique lorsque, de retour chez lui, il s’impatiente en guettant leur retour. Les minutes s’écoulent, et toujours aucun signe d’elles. La supposée célébration quant à la performance de sa fille s’éternise au-delà du bon sens. C’est une descente aux enfers pour le protagoniste lorsque le véhicule de police se dessine à l’extérieur. Les deux agents l’emmènent dans un quartier malfamé où il découvre les corps sans vie de Sue et d’Olivia présumément assassinées.
Les jours s’enchaînent, et l’enquête est au point mort. Frank est quant à lui en proie à une haine envers lui-même qui le ronge petit à petit. Ainsi, il alterne entre ivresse, violence et dépression. Parcours classique mais non pas moins réaliste, au lendemain d’un tel drame. Suite à une attaque menée par des voyous, il fait la découverte d’un livre qui remet en perspective son mode autodestructeur. Il s’agit de Pensées pour moi-même, écrit par l’empereur romain Marc-Aurèle entre 170 et 180 après Jésus-Christ. Fidèle au courant philosophique du stoïcisme, ce dernier prône l’usage de la raison et la tempérance. Les parties marquant les six actes d’Acts of Vengeance sont d’ailleurs intitulées d’après des passages tirés de l’œuvre littéraire.
Trêve de spoilers, le film bénéficie d’une mise en scène soignée en dépit d’être destiné au petit écran. Tourné en Bulgarie, les lieux représentés dégagent une atmosphère différente de celle des USA où l’action est pourtant supposée prendre place. Mais ce n’est guère gênant, attribuant une caractéristique relativement atypique à Acts. Là où le métrage dénote particulièrement des autres créations du même genre cinématographique, c’est par le mutisme dans lequel se plonge le personnage phare. Ce concept est tristement mis à mal puisque c’est bel et bien la voix d’Antonio Banderas qui se charge de la narration ! Malgré cela, l’acteur donne le meilleur de lui-même en réalisant bon nombre de ses cascades lors de scènes de combat correctement chorégraphiées. Aussi, en dépit de pouvoir s’exprimer oralement, sa prestation passe majoritairement par ses expressions faciales et corporelles convaincantes. C’est la moindre des choses si le réalisateur et les scénaristes souhaitent que le public passe outre son apprentissage des techniques de lutte aussi expéditif qu’irréaliste. À croire que la quête de vengeance fait des miracles !
Les différentes éditions
Le DVD et le Blu-ray sont édités par AB Vidéo dans des boîtes plastiques classiques. Aucune édition 4K n’est disponible à l’international, bien que la galette bleue soit commercialisée dans différents pays tels que le Canada et les États-Unis. L’Allemagne s’offre même une jaquette exclusive !
Test Vidéo/Audio
AB Vidéo présente ici un master français où les titres et descriptions des six parties sont directement traduites. Par conséquent, l’usage des sous-titres est inutile lors de ces séquences. La qualité visuelle est solide, offrant un large niveau de détails. Les gros-plans sur Antonio Banderas ne manquent pas de fournir des images incroyablement riches qui trahissent parfois son âge (ne devrait-il pas être légèrement plus jeune puisque qu’Olivia a une dizaine d’années ? Sans parler de l’actrice incarnant Sue qui n’a pas encore 40 printemps !). Peu importe. En dehors d’instants aux tons bleuâtres voire grisâtres, la présentation arbore une palette de couleurs naturelle qui n’en met jamais plein les yeux. Les contrastes sont aussi satisfaisants que le piqué, mais des scènes obscures se révèlent être plus difficiles à retranscrire. La source y est sûrement pour quelque chose, et le distributeur n’est pas à blâmer.
Fidèle à ses habitudes, AB Vidéo propose deux pistes en version originale (avec sous-titres obligatoires) au format DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0, et deux pistes françaises (de RS Doublage) encodées dans ces mêmes formats. Si les scènes d’action sont très énergiques et tirent parti d’une large spatialisation, les plus intimes ont tendance à se concentrer sur les canaux frontaux. En dépit de cela, l’écoute est agréable et parfaitement intelligible.
Test Bonus
À l’instar de Salyut-7, l’éditeur ne fournit qu’une bande-annonce (1:25 min). Le Blu-ray américain fait un peu mieux en incluant un supplément de douze minutes, composées d’interventions et d’extraits du tournage. L’homologue allemand, lui, met à disposition des interviews et un aperçu des coulisses. En soi, le spectateur français ne rate sûrement pas grand-chose.