Dans le film d'ouverture de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2024, "Les Fantômes", Adam Bessa poursuit un criminel de guerre syrien qui se cache en Europe, et qui l'a torturé pendant la guerre civile syrienne. L'acteur y livre une grande performance, qui culmine lors d'une confrontation phénoménale avec son tortionnaire, incarné par Tawfeek Barhom. Il nous raconte cette rencontre et la fabrication de cette scène.
Adam Bessa, une nouvelle grande performance
Présent au Festival de Cannes 2024, où il a remporté en 2022 le Prix d'interprétation masculine dans la section Un Certain Regard avec sa performance dans Harka, Adam Bessa porte cette fois-ci Les Fantômes, film d'ouverture de la Semaine de la Critique. Un nouveau film dans lequel il prend en charge une nouvelle histoire du monde arabe, inspirée de terribles faits réels : la poursuite de criminels de guerre syriens par une cellule clandestine de citoyens syriens déployée en Europe.
Adam Bessa incarne Hamid, un encore jeune homme, torturé dans la prison de Saidnaya et qui a perdu sa femme et sa fille dans la guerre civile syrienne. Lancé sur les traces de son tortionnaire, qu'il n'a jamais vu mais dont il a notamment des souvenirs de l'odeur et de la voix, Hamid va vivre un voyage personnel aussi effrayant que captivant.
Nous l'avons rencontré et il nous a emmenés dans les coulisses de Les Fantômes, tout particulièrement pour le climax du film, la rencontre avec son tortionnaire, Harfaz, qui ignore l'identité et la mission d'Hamid. Une séquence dialoguée de 12 minutes, d'une tension monumentale, où face à Adam Bessa l'acteur Tawfeek Barhom livre une performance exceptionnelle, chargée d'une tension et d'une terreur stupéfiante.
Comment s'est passé votre rencontre avec Tawfeek Barhom sur Les Fantômes, et comment avez-vous travaillé ensemble la scène de la cafétéria ?
Adam Bessa : On a matché énormément, ça a été une vraie rencontre. Tawfeek sortait du film de Terrence Malik, et il était alors dans un univers de création libre. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait une telle rencontre, une amitié est née. J'ai eu une confiance immédiate en l'artiste en face de moi. Dans la compréhension du scénario, dans ce qu'il voulait faire. On a beaucoup joué au backgammon, on partageait quelques idées sur le film, mais on en a pas tant parlé, on s'est beaucoup raconté des histoires de nos vies personnelles. On s'est laissé jouer, on s'est laissé surprendre l'un l'autre, et on s'est beaucoup rapprochés.
Cette scène de confrontation dans "Les Fantômes", on ne l'a pas répétée. Je l'ai corrigé parfois en français, parce que c'était tout nouveau pour lui. J'ai dit à Jonathan, "je pense que deux prises suffiront, ne nous épuise pas, je pense qu'il y aura tout dans ces prises". Au final on a dû en faire trois, deux et un plan master, et c'était bon. On voulait arriver à ce niveau d'intensité, on le savait, on s'est dit qu'il fallait qu'on montre ce qu'on avait dans le ventre.
Et avec tout ce qu'on entendait, à propos des palestiniens notamment, on était chargés, moi j'étais empli de rage. Il fallait que ça envoie du bois ! Le sujet me tient tellement à coeur qu'il fallait transmettre l'importance, la puissance de ce qu'on peut ressentir dans ces moments-là. Ce n'était pas un survol, il fallait que le spectateur puisse ressentir combien c'est fou de vivre ça.