En 2008, Alain Delon sort de sa retraite du grand écran pour apparaître dans "Astérix aux Jeux Olympiques", où il tient le rôle de César. L'occasion pour l'acteur d'offrir un court mais mémorable monologue dans lequel il se moque de lui-même.
Alain Delon, parfait César
Alain Delon était une légende vivante. Et il en avait bien conscience. Son attitude ombrageuse, son arrogance souvent, et l'habitude qu'il avait prise de parler de lui à la troisième personne ont ainsi largement nourri son statut de "monstre sacré" et d'acteur à part. Mais Alain Delon n'était pas pour autant entièrement dénué d'humour et d'autodérision, comme il l'a prouvé en 2008. Cette année-là, alors qu'il avait annoncé mettre un terme à sa carrière cinématographique en 1999, il tient en effet un des rôles principaux d'un film à très gros budget : Astérix aux Jeux Olympiques, réalisé par Thomas Langmann et Frédéric Forestier.
"Ave Moi !"
On ne l'avait pas revu au cinéma depuis 2000 et une apparition dans le film de Bertrand Blier Les Acteurs, dans son propre rôle. Il sort ainsi une seconde fois de sa retraite pour tenir dans Astérix aux Jeux Olympiques le rôle de César. Ce rôle est déjà, en lui-même, un clin d'oeil au statut "impérial" d'Alain Delon dans l'histoire du cinéma. Mais Alain Delon ne se contente pas avec ce rôle de ce simple clin d'oeil. Pour pousser au maximum cette référence méta, une pratique devenue tradition dans les films Astérix et Obélix, Alain Delon livre en effet un monologue très drôle, face caméra. Un exercice d'autodérision réussi, à revoir ci-dessous.
César ne vieillit pas, il mûrit, ses cheveux ne blanchissent pas, ils s'illuminent. César est immortel, pour longtemps. César a tout réussi, tout conquis, c'est un guépard, un samouraï, il ne doit rien à personne. Ni à Rocco, ni à ses frères, ni au clan des Siciliens. César est de la race des seigneurs, d'ailleurs le César du meilleur empereur a été décerné à César... Ave moi !
De l'humour... et un très gros cachet
S'ouvrant sur le célèbre thème "Tema per Nezzari e Delon" d'Ennio Morricone composé pour Le Clan des Siciliens, cette scène montre ainsi César/Alain Delon s'auto-glorifier d'être lui-même, glissant des références à certains de ses plus grands succès : Le Guépard, Le Samouraï, Rocco et ses frères et Le Clan des Siciliens.
On ne saura jamais, précisément, si l'acteur a accepté de rejoindre ce projet notoirement bordélique, et au final très mauvais film, pour l'opportunité de s'offrir ainsi ce sympathique aparté d'autodérision, ou plutôt pour encaisser l'imposant cachet d'1,2 million d'euros négocié pour le film. Seul Gérard Depardieu obtient plus avec 1,4 million d'euros. On pencherait plutôt pour la deuxième hypothèse mais, dans tous les cas, cela restera comme une des (très rares) bonne idées d'Astérix aux Jeux Olympiques.