Ce soir France 5 diffuse "Monsieur Klein", un film important pour Alain Delon, dont l'échec commercial le blessa grandement. L'acteur avait ensuite été boudé aux César.
Alain Delon a tout fait pour faire Monsieur Klein
Alain Delon a connu de nombreux succès tout au long de sa carrière. Mais parfois, les choses ne se sont pas déroulées comme il l'espérait. Monsieur Klein (1976) en est le parfait exemple, et probablement l'échec qui a le plus blessé la star, morte le 18 août 2024 à 88 ans. Il faut dire qu'Alain Delon s'était grandement impliqué sur ce film, inspiré du témoignage de Marius Klein, qui témoignait dans le documentaire Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls. Un homme qui avait tenté de prouver durant la guerre qu'il n'était pas juif, mais de confession catholique.
Ce récit a d'abord attiré l'attention Franco Solinas et Costa-Gavras qui développèrent un premier scénario avec l'idée de donner le premier rôle à Jean-Paul Belmondo. En raison d'une blessure de l'acteur, le projet n'a pas pu se concrétiser, avant qu'Alain Delon ne s'y intéresse. Ce dernier a alors tout fait pour monter le projet Monsieur Klein, en dépit du départ de Costa-Gavras. Il a notamment convaincu Joseph Losey de le diriger à nouveau après L'Assassinat de Trotsky (1972). Le cinéaste accepta après avoir retravaillé le scénario avec Franco Solinas. De son côté, Alain Delon officia également comme producteur et engagea une partie de son argent, comme il l'explique dans une biographie écrite par Henry-Jean Servat
Le film n’a existé que par ma volonté. Le producteur Norbert Saada m’a appelé pour que je fasse lire le script à Joseph Losey qui m’a immédiatement téléphoné, après en avoir refermé la dernière page, pour me dire qu’il voulait le faire et me demander si je voulais le rôle. J’ai répondu : « Bien sûr ». C’est comme ça que j’ai produit le film.
L'échec qui coûte cher à Alain Delon
Monsieur Klein suit un marchand d'art peu concerné par la situation de la France durant l'occupation allemande. Au contraire, il en profite pour acheter des œuvres à bas prix, notamment à des Juifs pressés de quitter la France. Sa vie bascule lorsqu'il découvre qu'un homonyme juif utilise son nom. Pour éviter de s'attirer des ennuis, il s'en va prévenir les autorités, en affirmant être catholique. Sauf que les forces de l'ordre le suspectent désormais.
Ce récit passionnant et kafkaïen, qui dépeint une triste période de l'Histoire, est portée par un très grand Alain Delon et est marquée par certaines scènes éprouvantes (la première séquence d'une femme examinée par un médecin). Malheureusement, le film n'a pas attiré le public en masse à sa sortie. Avec un peu plus de 710 000 entrées, Monsieur Klein a été un échec commercial. Son budget ayant été estimé à 20 millions de francs. Pour Alain Delon, les pertes auraient été encore plus colossales, précisait-il dans la continuité de sa déclaration précédente.
C’est aussi comme ça que j’ai pris une grande claque et que j’ai perdu 300 millions de francs de l’époque.
Un César qui lui passe sous le nez
Cette "grande claque", Alain Delon l'a reçue également de la part des membres de l'Académie des César. En dépit d'excellents retours de la presse, c'est d'abord le jury du Festival de Cannes qui est passé à côté de Monsieur Klein. Et ce, malgré la présence de Costa-Gavras dans le jury, et qui aurait tout fait pour qu'Alain Delon remporte le prix d'interprétation. Puis, c'est donc aux César 1977 que l'acteur s'est senti lésé.
Monsieur Klein a, certes, remporté le César du meilleur film et du meilleur réalisateur, ainsi que des meilleurs décors pour Alexandre Trauner, rien n'a été décerné à Alain Delon pour sa performance. Bien que favoris, le comédien a vu Michel Galabru l'emporter grâce au Juge et l'Assassin. Une décision qui a grandement agacé Alain Delon. D'ailleurs, lorsqu'il remporta le César du meilleur acteur en 1985 pour son rôle dans Notre histoire, il se fit remarquer par son absence à la cérémonie.