Rendue immensément populaire en France par la série "Un gars, une fille" aux côtés de Jean Dujardin, Alexandra Lamy n'est cependant pas une actrice qui se cantonne à la comédie. Elle est aussi capable de tenir des rôles dramatiques avec intensité et justesse, comme dans "La Chambre des merveilles" de Lisa Azuelos, pour lequel nous l'avons rencontrée.
La Chambre des merveilles : Alexandra Lamy se bat pour son fils
Attendu au cinéma ce mercredi 15 mars, La Chambre des merveilles réalisé par Lisa Azuelos est l'adaptation du roman éponyme écrit par Julien Sandrel paru en 2018. Alexandra Lamy y interprète le rôle principal, celui de Thelma, une mère de famille très prise par son travail qui se retrouve brutalement plongée dans un cauchemar après un accident qui précipite son fils Louis dans le coma.
Alors que les médecins ne sont pas sûrs que ce dernier se réveillera, Thelma découvre un carnet sur lequel il a inscrit une liste des dix choses qu'il souhaite faire avant de mourir. Elle décide alors de réaliser tous les rêves de son fils, et de lui raconter, dans l'espoir que celui-ci se réveille et voit à quel point la vie est merveilleuse.
Rencontre avec Alexandra Lamy
Le rôle de Thelma est différent de celui du roman de Julien Sandrel, l'avez-vous façonné en duo avec Lisa Azuelos ?
On a beaucoup discuté avec Lisa, et elle m'a laissé la liberté d'apporter certains éléments. La scène de l'arrivée à l'hôpital par exemple, dans laquelle l'infirmière lui dit qu'elle ne va pas pouvoir rester dormir avec son fils, dans le script elle ne résistait pas, elle partait. J'ai dit à Lisa que ça n'était pas possible, qu'il fallait qu'elle insiste, et elle m'a écoutée. J'ai apporté ma vision des choses. Sur ses monologues aussi, lorsqu'elle lui dit qu'elle ne l'a pas écouté, je trouvais ça intéressant. Ce rôle de mère est très déculpabilisant car au final on fait tous la même chose : on veut que nos enfants réussissent, qu'ils rentrent dans des cases, qu'ils aient une bonne situation. Et en faisant ça, on passe peut-être à côté de l'essentiel, et de ce qu'ils ont vraiment envie de faire.
Au début du film, on a l'impression que Thelma est en apnée, et puis il y'a ce voyage au Portugal dans lequel elle rencontre cette femme, qui la reconnecte à elle-même et qui lui permet de respirer de nouveau...
La respiration, c'est tout. C'est la vie. À travers mes engagements, j'ai découvert que parmi les premières personnes du corps médical qui peuvent se rendre compte que vous avez subi une violence, ce sont les pneumologues. Tout ça est lié à la respiration, c'est dingue. Et j'aime beaucoup cette scène au Portugal, c'est une de mes préférées. C'est cette rencontre avec cette femme d'une grande douceur qui lui permet de respirer de nouveau. Et c'est Lisa qui a apporté ça.
Dans le film, Louis a une liste des choses qu'il rêve de faire dans sa vie. Qu'est-ce que vous évoquent vos rêves d'enfant ?
En voyant ce film, on se dit que c'est génial d'avoir des rêves, mais que ça ne sont pas des rêves, ce sont des projets. Je crois que j'ai toujours eu ça en moi. Petite, alors que je vivais dans un village des Cévennes, j'avais le rêve de devenir actrice et j'ai tout fait pour qu'il se réalise. Tourner avec Josiane Balasko, que j'admirais, c'était un de mes rêves. Donner la réplique à Muriel Robin, qu'on regardait en boucle avec ma soeur quand on était plus jeunes aussi. Rêve ne veut pas dire impossible. Au contraire, ça doit être un but. Il faut se dire "je vais faire ça".
Vous êtes proche de Lisa Azuelos, vous avez aussi récemment tourné avec votre soeur et votre fille, c'est important pour vous, ce climat familial ?
C'est très important pour moi de me sentir comme en famille. Je ne pourrais jamais tourner avec quelqu'un qui n'est pas dans la bienveillance, ou qui montre de l'agressivité. J'ai besoin d'être en confiance pour bien travailler, sinon ça me freine immédiatement et je ne peux pas. Je suis une actrice, j'ai besoin qu'on me dise qu'on m'aime (rires).
La fin du film est assez ouverte. On ne sait pas vraiment si Louis se réveille ou si c'est Thelma qui l'imagine...
On ne s'était pas du tout rendu compte de ça, jusqu'à ce qu'on montre le film en avant-premières en province. La fin fait vraiment débat. Et au début Lisa s'est dit "mince, j'ai raté la fin !" mais moi je trouve ça mieux que chacun puisse se faire sa propre interprétation. Et puis on évite le sempiternel "tout est bien qui finit bien".
Et personnellement, c'est quoi votre conclusion ?
Je trouve ça très beau d'imaginer qu'elle sourit en se disant "je suis allée jusqu'au bout, maintenant je te libère". Les indiens disent qu'il faut laisser la personne s'en aller, et que le fait d'être triste, de pleurer, la retient à la vie. Il y a un peu de ça. Mais j'ai évidemment très envie qu'il soit vivant, et qu'ils puissent se recréer des rêves ensemble...