Grand succès et film culte en France comme aux États-Unis, "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" était favori aux Oscars 2002 dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère. 23 ans après sa sortie, Jean-Pierre Jeunet déclare que c'est "un petit regret" de ne pas l'avoir obtenu.
Jean-Pierre Jeunet revient sur Amélie Poulain
Le 14 février 2024, jour de la Saint-Valentin, Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain ressortira sur 250 écrans aux États-Unis, 23 ans après une sortie internationale triomphale. Le signe que cette comédie romantique, sommet du style Jeunet, n'a pas pris une ride.
À cette occasion, dans une grande interview accordée à IndieWire, le cinéaste français Jean-Pierre Jeunet a répondu à différentes questions sur son grand succès, et notamment sur l'Oscar du Meilleur film en langue étrangère pour lequel Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain concourait en 2002, et qu'il n'a pas obtenu.
Le film victime d'Harvey Weinstein
Avec plus de 174 millions de dollars de recettes dans le monde, des dizaines de nominations et de récompenses, le fabuleux destin du film de Jean-Pierre Jeunet avait pourtant mal commencé, avec le refus de Gilles Jacob, alors président du festival, de le sélectionner au Festival de Cannes 2001. Mais dès sa sortie le 24 avril 2001, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain est plébiscité et devient un phénomène. Au point qu'il apparaît évident que c'est lui qui doit représenter la France à l'Oscar du Meilleur film étranger 2002.
Candidat et même favori à cette prestigieuse récompense, c'est pourtant le film belgo-bosniaque No Man's Land qui repart avec la statuette. Nommé par ailleurs dans quatre autres catégories, Meilleur scénario original, Meilleure direction artistique, Meilleure photographie et Meilleur son, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain revient de la soirée les mains vides. Le responsable de cet "échec" ? Harvey Weinstein, distributeur américain du film avec Miramax... Jean-Pierre Jeunet raconte :
Cette année, l'Académie a décidé de boycotter Miramax à cause de M. Weinstein... Il avait mal agi. Il avait envoyé des cadeaux, si vous voyez ce que je veux dire. L'Académie a dit : "On ne votera pas pour "Amélie"". (...) Souvenez-vous de "No Man's Land". C'était un bon film, mais ce n'était pas le succès de "Amélie". (...) Miramax avait 19 nominations cette année-là, et ils n'ont gagné qu'une récompense.
"C'est un petit regret"
Alors producteur et distributeur tout-puissant à Hollywood, Harvey Weinstein avait pour coutume d'engager des campagnes de promotion très "agressives" en vue des Oscars, n'hésitant pas à offrir des "cadeaux" aux votants, ce qui peut s'apparenter à de la corruption, et ce à quoi fait référence Jean-Pierre Jeunet. Ainsi, même s'il n'avait rien à reprocher à son film ou à lui-même, le réalisateur fait état d'un regret.
(La non-obtention de l'Oscar) a été une mauvaise surprise, mais c'était à la fin de l'histoire, après la sortie du film, et on avait eu tellement de bonnes choses. On ne s'en est pas souciés. Mais aujourd'hui, je le regrette, parce que la statuette est si belle. J'aurais voulu l'avoir, cette statuette sur mon étagère. C'est un petit regret.