Steven Spielberg s'intéresse à la vie de l'escroc Frank Abagnale Jr. dans "Arrête-moi si tu peux". Son film contient quelques prises de liberté par rapport à la réalité. Retour sur le parcours du véritable anti-héros et sur ce qu'il advient de lui aujourd'hui, après les événements du long-métrage.
Arrête-moi si tu peux : un Spielberg léger et charmant
Steven Spielberg n'a que peu opéré du côté de la comédie dans sa grande filmographie. On retrouve des pointes d'humour ou de légèreté par endroits mais il n'a signé que peu de comédies dramatiques. Après Minority Report et avant La Guerre des Mondes, il s'offre une double parenthèse plus calme avec Arrête-moi si tu peux, puis Le Terminal. Le premier de ces deux films met à l'écran Leonardo DiCaprio et Tom Hanks, l'un des grands collaborateurs du metteur en scène.
La star de Titanic campe ici Frank Abagnale Jr., un jeune homme devenu un spécialiste de l'escroquerie. Capable de prendre plusieurs identités et de berner les gens, il agit pour obtenir ce qu'il souhaite. S'il ne fait pas de mal comme un bandit et profite de sa belle gueule, il va vite être remarqué par le FBI, qui ira jusqu'à le placer sur la liste des criminels les plus recherchés du pays. L'autre acteur principal incarne quant à lui Carl Hanratty, un agent qui se lance à ses trousses. Mais il va comprendre que son adversaire a de la suite dans les idées et risque de lui filer entre les doigts.
Une vie un peu différente de celle du film
Le personnage principal du film provient tout droit de la réalité. Frank Abagnale Jr. a bel et bien existé, avec des exploits semblables à ceux que l'on trouve dans la réalisation de Steven Spielberg. Mais Arrête-moi si tu peux ne reprend pas exactement à la lettre ses prouesses, le scénario se permet quelques écarts avec la réalité pour enjoliver le tout et correspondre à ce ton assez fantaisiste. Il existe plusieurs zones d'ombre sur ses escroqueries, ce qui empêche de savoir si l'homme a toujours dit la vérité ou si, lui aussi, a essayé de modeler les faits pour les rendre plus appréciables.
L'un de ses plus grands exploits, celui du pilote de ligne, est dans le film. Son plan, tout simple et redoutable, consistait à se déguiser en pilote pour faire croire qu'il devait se rendre à telle destination pour honorer un vol. Sauf qu'il n'avait aucune connaissance en la matière et profitait juste de la négligence de la Pan American World Airways pour voyager gratuitement et séjourner dans des hôtels. Sans jamais dépenser un centime de sa poche, tout était mis sur le compte de la compagnie. À cette époque, il n'a pas plus de 18 ans, ce qui rend son subterfuge encore plus notable. Par la suite il se sert d'autres professions comme couverture : médecin, avocat ou encore professeur. L'improvisation ayant des limites, il manqua de peu de tuer un bébé dans un hôpital, alors qu'il se faisait passer pour un pédiatre. Un épisode que le film se garde bien de montrer...
Pendant tout ce temps, la police ne le lâcha pas et son épopée criminelle se termina dans les années 70. Condamné à plus de dix ans de prison, il réussit à s'en tirer après en avoir fait que la moitié, quand le FBI vient le voir pour exploiter ses connaissances. S'il les aide à démasquer des faussaires comme lui, Frank peut prétendre à retrouver la liberté plus tôt que prévu. Deal qu'il accepta.
Quand il tenta de refaire sa vie en toute normalité, son passé a souvent été découvert par ses employeurs, ce qui le mit dans une position délicate. Pour se racheter une conduite, il fonda une boîte spécialisée dans le conseil aux entreprises, Abagnale & Associés, pour éviter qu'elles ne se fassent arnaquer. Une carrière qui lui permit de remporter beaucoup d'argent et d'accéder à la richesse à laquelle il aspirait plus jeune, dans l'illégalité.
À 72 ans, Frank Abagnale Jr. est toujours de ce monde et profite de sa vie de millionnaire à Tulsa, avec sa femme et ses trois enfants.
On peut d'ailleurs le voir faire une apparition dans Arrête-moi si tu peux, déguisé en policier français lors d'une des scènes finales. Sur l'image ci-dessous, c'est lui qui tient Leonardo DiCaprio. Tout un symbole !