Dans "Au nom de la terre", drame familial dans le monde rural inspiré de l'histoire vraie de son réalisateur, Guillaume Canet incarne un agriculteur et père de famille écrasé par la pression et les dettes. Un film dans lequel il s'est impliqué à fond, et qu'il désirait à l'origine réaliser.
Au nom de la terre, un drame qui dure
En 2019, le drame Au nom de la terre est un succès public et critique. Edouard Bergeon y raconte sa propre histoire familiale pour mettre à l'écran les graves problèmes du monde paysan. Un drame intime et familial autant que la chronique d'une tragédie collective. En effet, à l'époque de sa sortie, chaque jour un agriculteur se suicide. Pression législative et économique très lourdes, surendettement, des problématiques qui sont toujours d'actualité, et le résultat de plusieurs décennies de difficultés qu'Edouard Bergeon connaît bien.
En effet, Edouard Bergeon, fils d'un agriculteur qui s'est suicidé lorsqu'il n'avait que 16 ans, est devenu journaliste local puis documentariste spécialiste du monde rural et agricole. Après six documentaires, par lesquels Edouard Bergeon souhaite changer le regard souvent condescendant d'un public habitué aux clichés associés au monde rural véhiculés par la télé-réalité et les médias, il adapte ainsi son premier documentaire, Les Fils de la terre, dans un long-métrage de fiction porté notamment par Guillaume Canet et Anthony Bajon, Veerle Baetens et Rufus.
Guillaume Canet voulait réaliser le film
Succès parce que son réalisateur connaît personnellement et profondément son sujet, Au nom de la terre l'est aussi parce que son casting livre de belles performances. Les comédiens sont impliqués, tout particulièrement Guillaume Canet qui a tant accroché au projet du film qu'il a d'abord souhaité le réaliser.
En effet, comme l'explique Edouard Bergeon, c'est par hasard que l'acteur et réalisateur découvre à la télévision le documentaire Les Fils de la terre, un soir de novembre 2016 alors qu'il tourne le film Mon Garçon. Il en parle immédiatement au producteur de Mon Garçon, Christophe Rossignon, en lui indiquant qu'il veut en tirer un long-métrage, qu'il réaliserait. La coïncidence est belle, puisque le producteur lui répond :
Le film est écrit, et c’est moi qui vais le produire.
Un acteur ultra-impliqué
Le projet existe donc déjà au moment où Guillaume Canet se saisit du sujet, et il est né dès la rencontre entre Edouard Bergeon et Christophe Rossignon, dont les deux histoires familiales entretiennent des points communs. Guillaume Canet ne va donc pas réaliser Au nom de la terre, mais à la lecture du scénario il décide de s'impliquer néanmoins autant que possible, et devient donc Pierre Jarjeau, le personnage principal et alter ego de cinéma du père d'Edouard Begeon.
Guillaume a lu le scénario et s’est aussitôt impliqué à fond, et il a tout de suite embrassé la cause agricole. La terre lui parle ; il connaît les hommes qui la travaillent car il a grandi près d’eux. Guillaume connaît les paysans, leurs attitudes, la manière dont ils se tiennent, leur raideur, leur dureté face à la rigueur du travail. Fort de toutes ses connaissances et des informations complémentaires que je lui ai données sur mon père, Guillaume s’est construit un personnage de paysan plus vrai que nature, avec la démarche d’un homme de la terre, abîmé par des années de travail.
Il était primordial pour Edouard Bergeon que l'authenticité de son récit et de ses images soit maximale, sachant que le public du monde rural qui découvrirait Au nom de la terre serait très attentif à sa représentation. Pour y parvenir, Guillaume Canet a donc travaillé la véracité de sa performance, dans le jeu comme dans son incarnation physique du personnage.
Guillaume a absolument voulu ressembler à mon père. Il est allé très loin ! Une moustache et surtout une calvitie. Et il n’était pas question de lui parler de prothèse !!! Nous avons beaucoup échangé ensemble pour arriver à cette transformation incroyable. La première fois que je l’ai vu en sortant du maquillage, j’ai cru revoir mon père.
Un grand succès
Au nom de la terre finit l'année 2019 dans le Top 5 des films français au box-office. Il totalise 1,975 million d'entrées, ce qui le place derrière Qu'est-ce qu'on a encore fait au Bon Dieu, Nous finirons ensemble, Les Misérables et Hors normes. Une très belle performance réalisée sur tout le territoire français, à l'exception de Paris et de sa banlieue, qui ne représentent que 143 000 de ces entrées. Produit avec un budget de 5,7 millions d'euros, il est un grand succès sur le plan financier avec une importante rentabilité.
Le monde du cinéma lui réserve par ailleurs une jolie reconnaissance, avec le Valois du Meilleur acteur pour Anthony Bajon au Festival d'Angoulême et trois nominations aux César 2020, dont celle du César du Meilleur premier film pour Edouard Bergeon.