Lorsqu'il prépare "Au revoir là-haut", Albert Dupontel ne pense pas jouer dans le film. Mais à quelques semaines du début du tournage, un imprévu le force à endosser le rôle du poilu Albert Maillard.
Au revoir là-haut : une escroquerie montée par deux poilus
Adaptation ambitieuse du roman éponyme de Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut débute en 1920. Au Maroc, Albert Maillard (Albert Dupontel) raconte à un gendarme français les événements qui ont précédé son arrestation. Son récit débute en 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale. Alors que le conflit est sur le point de prendre fin, le lieutenant Pradelle (Laurent Lafitte) provoque une ultime offensive meurtrière, durant laquelle Maillard manque de perdre la vie.
Il est sauvé par Edouard Péricourt (Nahuel Pérez Biscayart) qui, dans son geste héroïque, est défiguré par un éclat d'obus. À leur retour à Paris, les deux poilus se soutiennent et vivent difficilement. Pour s'en sortir, ils décident de monter une arnaque en commercialisant de faux monuments aux morts. De son côté, Pradelle s'enrichit sans le moindre scrupule sur le dos des soldats tombés au front, promettant à l'État de leur offrir des sépultures dignes de ce nom. Un contrat qu'il ne respecte évidemment pas.
Émilie Dequenne, Mélanie Thierry et Niels Arestrup complètent la distribution de cette fresque ambitieuse, qui alterne scènes de guerre impressionnantes et séquences entraînantes dans le Paris des années folles, entre moments comiques et d'autres nettement plus tragiques. À sa sortie en 2017, le long-métrage réunit plus de deux millions de spectateurs français dans les salles obscures. Le film décroche par ailleurs cinq César : Meilleure adaptation pour Albert Dupontel et Pierre Lemaitre, Meilleure photographie pour Vincent Mathias, Meilleurs costumes pour Mimi Lempicka, Meilleurs décors pour Pierre Queffelean et Meilleur réalisateur.
Albert Dupontel ne voulait pas jouer dans le film
À l'origine, le cinéaste ne veut pas prêter ses traits à Albert Maillard. Une première pour le metteur en scène, tête d'affiche de ses précédents projets Bernie, Le Créateur, Enfermés dehors, Le Vilain et 9 mois ferme. Interrogé par Marianne en 2018, Albert Dupontel explique à propos de cette décision :
Le réalisateur maladroit et insuffisant que je suis espère toujours camoufler ses failles par le jeu. Mes pitreries me servent de Rustines et je m'en sers pour mieux vendre ma salade. À l'origine, je ne devais pas jouer dans Au revoir là-haut, et je n'en avais d'ailleurs pas besoin puisque j'étais protégé par le bouquin formidable de Pierre Lemaitre.
Le comédien poursuit en précisant qu'il n'a finalement pas "eu le choix", ajoutant que "l'acteur pressenti (l)'a planté deux mois avant le début du tournage". Ce dernier n'est autre que Bouli Lanners, auquel Albert Dupontel a notamment donné la réplique dans Le Vilain et Les Premiers, les derniers. Dans le dossier de presse d'Au revoir là-haut, le réalisateur explique les raisons du départ précipité de son complice :
En surmenage, il m’a avoué ne pas pouvoir participer à l’aventure. Je me suis lancé dans un casting frénétique mais beaucoup d’acteurs pressentis étaient déjà pris. Quant aux autres, j’ai croisé beaucoup de grands talents et pas vraiment ce que je cherchais. Je me suis donc résolu par nécessité plus que par désir à interpréter ce rôle. Le surcroît de fatigue a été réel mais me calant sur le jeu et l’écoute des autres acteurs du film, petit à petit, Albert Maillard a fini par naître.
Albert Dupontel et Bouli Lanners se sont depuis retrouvés dans Adieu les cons.