Charmant parce que ses deux actrices principales le sont, parfaitement moyen parce que Luc Besson le co-écrit et le produit, le western "Bandidas" avec Penélope Cruz et Salma Hayek a connu une sortie totalement anecdotique. Il est à (re)voir ce soir du 23 août sur TF1 Séries Films.
Luc Besson à la conquête du Far West
Réalisateur de très grands succès, producteur et scénariste prolifique, personnalité très controversée du cinéma, Luc Besson voudrait se faire discret qu'il n'y arriverait pas : son empreinte sur le cinéma des 30 dernières années est trop importante pour être ignorée. Pour le meilleur comme pour le pire. En effet, sous la bannière de sa société de production et de distribution EuropaCorp, Luc Besson a alterné grands succès au box-office mondial et productions largement médiocres, tant sur le plan économique que critique. Parmi ces dernières, on compte notamment un projet a priori intéressant mais finalement devenu parfaitement anecdotique, co-écrit et produit par ses soins : Bandidas.
Un duo de stars très séduisant
Au milieu des années 2000, produire un western au scénario classique est une gageure. Quelques années auparavant, Wild Wild West a indiqué une possible voie : aborder le western sous l'angle de la comédie, en se reposant sur un casting suffisamment doué pour faire fonctionner les gags et rendre la transgression des codes du genre au mieux amusante, au pire indolore.
C'est l'ambition affichée de Bandidas, qui rassemble pour la première fois deux grandes stars féminines de l'époque, Penélope Cruz et Salma Hayek. Ensemble, elles forment un duo a priori désaccordé de deux braqueuses de banque au grand coeur, aussi séduisantes qu'efficaces au moment de faire justice et rendre gorge au méchant capitaliste américain qui a tué leurs pères et pourrit la vie de la population mexicaine.
Mexique, 1880. Sara Sandoval (Salma Hayek) est la fille d'un riche banquier. Maria Alvarez (Penélope Cruz) est la fille d'un pauvre fermier. Ces deux jeunes femmes, qui n'ont apparemment rien en commun, excepté leur culture mexicaine, sont entraînées dans la même aventure par le destin et les circonstances.
Avec l'aide de Quentin Cooke, un jeune et idéaliste inspecteur de police originaire de New York, elles vont s'opposer à Tyler Jackson, le représentant de la New York Bank and Trust. Celui-ci a monté un complot visant à saisir illégalement les terres des Mexicains afin de faire passer le chemin de fer...
"Pas drôle, pas rythmé, pas méchant, juste légèrement débile"
Si Bandidas se cherche une originalité, ce n'est donc ni sur son scénario, cousu de fil blanc, ni dans l'univers où il se déroule, commun jusqu'à la caricature. C'est alors sur son duo de ravissantes héroïnes et de leurs plastiques très avantageuses que Bandidas porte son accent. On est bien dans un Besson, qui aime les héroïnes aussi, si ce n'est surtout, pour l'exposition de leur féminité. Mais cela n'a non plus rien d'original, et Penélope Cruz et Salma Hayek ont beau s'appliquer et faire montre de leurs talents de comédiennes, notamment dans l'exécution de quelques séquences comiques réussies, c'est bien loin de suffire.
Au final, les critiques ne trouvent rien à sauver, mais rien à trop condamner non plus de Bandidas. Par exemple, Télérama écrit au sujet du film co-réalisé par Joachim Rønning and Espen Sandberg qu'il "n'est pas drôle, pas rythmé, pas méchant, juste légèrement débile". Lui accordant tout de même la note de 3/5, Libération ne manque pas de souligner l'adresse très hétérosexuelle et masculine du film :
"Bandidas", de Joachim Roenning et Espen Sandberg, devrait plaire aux allergiques des amours viriles de "Brokeback Mountain" via un western féminin avec le duo galbé Salma Hayek-Penélope Cruz.
Jugé par d'autres "pas déplaisant" (Le Monde) ou encore "agréable" (Le Parisien), seule la beauté de ses interprètes principales apparaît ainsi constituer l'argument principal de Bandidas. Mais cela ne suffit pas, et le public ne suit pas. En France, seuls 395 000 spectateurs se déplacent. Et le film passe inaperçu aux États-Unis où finalement il ne dispose pas d'une large distribution. Résultat des courses, pour un budget conséquent de 35 millions de dollars, Bandidas ne rapporte que 18,4 millions de dollars au box-office mondial...
L'échec est cinglant, mais n'a pas de conséquences dramatiques. Ce n'est ni le premier ni le dernier pour Luc Besson, Salma Hayek et Penélope Cruz continuent leurs brillantes carrières, et les réalisateurs Joachim Rønning and Espen Sandberg, dont c'est le premier long-métrage de cinéma, connaîtront par la suite le succès avec Kon-Tiki en 2012 et Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar en 2017.