Avec "Belfast", Kenneth Branagh signe son film le plus personnel, inspiré de son enfance dans le nord de Belfast au moment des Troubles de 1969. Un drame qui "montre vraiment à quoi ressemblait" la ville à cette époque.
Belfast : le film le plus personnel de Kenneth Branagh
Après une aventure chez les super-héros du MCU (Thor), un film d'espionnage basé sur les romans de Tom Clancy (The Ryan Initiative), un blockbuster Disney plus que dispensable (Artemis Fowl) et entre deux volets des enquêtes de Hercule Poirot, Kenneth Branagh revient à un projet plus intime avec Belfast. Un long-métrage que le réalisateur et comédien britannique songeait à mettre en scène depuis plusieurs décennies, afin de raconter sa jeunesse dans la capitale de l'Irlande du Nord.
Ce drame adopte le point de vue de Buddy (Jude Hill), garçon d'une dizaine d'années qui grandit au milieu des affrontements entre catholiques et protestants, en 1969. Multipliant les allers-retours en Angleterre pour travailler, son père (Jamie Dornan) propose à sa mère (Caitríona Balfe) de déménager. Buddy, lui, ne quitterait Belfast pour rien au monde, bien trop attaché à sa grand-mère (Judi Dench) et son grand-père (Ciarán Hinds).
Poignant et bénéficiant d'une mise en scène soignée, Belfast est à ranger parmi les plus belles réussites de Kenneth Branagh. Un film qui retranscrit à merveille l'insouciance de la jeunesse sans occulter la gravité de ce qui l'entoure.
Des souvenirs bouleversants et inoubliables
Kenneth Branagh débute l'écriture de Belfast pendant le premier confinement lié à la pandémie de Covid-19. Il fait le lien entre cet événement et l'endroit où il a grandi, "derrière des barricades dressées dans les rues en 1969" durant les Troubles en Irlande du Nord, comme il le confie dans le dossier de presse. Une période où sa famille se retrouve "face à la nécessité de faire un choix : rester ou partir". À l'époque, du haut de ses huit ans, le futur acteur ne comprend pas les raisons de l'affrontement entre les catholiques et les protestants. Une perplexité qu'il a voulu mettre en avant dans son long-métrage. Interrogé par Deadline, il explique :
C'était si simple. Nous étions heureux et d'un coup, nous n'étions plus heureux. (...) Cela me rendait complètement perplexe étant enfant. Même endroit, mêmes voisins, même ville, mêmes rues et pourtant, en quelques heures, notre existence s'est complètement transformée. Et le sentiment d'être complètement libre à l'intérieur de ce monde a été remplacé par un sentiment inverse. Vous devenez surveillé, écouté, espionné. (...) Ce qui ressemble à un équilibre parfait s'effondre soudainement avec une simplicité et une vitesse terrifiantes. Cela représentait le coeur du film.
Une situation que Kenneth Branagh a su retranscrire avec authenticité selon Martin Hamilton, cousin du réalisateur qui a grandi au même endroit. Ce dernier a également été profondément touché par la peinture des relations familiales, comme il l'assure auprès de l'Observer :
Ce sont les scènes avec son grand-père qui m'ont vraiment marqué. Le voir, assis à l'extérieur près des toilettes en buvant sa tasse de thé, avec tous ses outils et ses bibelots, me rappelait mon propre grand-père à Tiger's Bay (quartier du nord de Belfast, ndlr). J'ai adoré le film parce qu'il montre vraiment à quoi ressemblait cette partie de Belfast.