Le français Jean-Pierre Jeunet n'a plus rien sorti depuis "L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet" en 2013. Disparu de la circulation, il refait surface en annonçant que son prochain projet, un film de science-fiction comique, se fera avec Netflix.
L'auteur du Fabuleux Destin D'Amélie Poulain en avait gros sur la patate. À force de traîner pendant des années un projet, quand la libération arrive, il s'empare de son compte Facebook pour exprimer son ressenti sur la situation. Avant de s'attarder sur son expérience au sein du système de production français, mettons en avant la bonne nouvelle. Big Bug, son nouveau long-métrage, verra la jour grâce à la participation de Netflix. La plateforme co-financera le projet, qui s'inscrit dans une collection de plusieurs films en provenance de différents pays européens. Jean-Pierre Jeunet aura donc le privilège de s'occuper du français.
Outre la joie de savoir l'inventif metteur en scène de nouveau au travail, ce Big Bug ne manque pas d'attiser notre curiosité grâce à la description qu'on en a : "une comédie de SF, en lieu clos, avec des humains et des robots, androïdes et mécaniques". Ajoutez à ça un casting composé de Claire Chust, Elsa Zylberstein, Alban Lenoir, Manu Payet, Isabelle Nanty, Youssef Hadji, Claude Perron, François Levantal, Marysol Fertard et Helie Thonnat. Ça donne envie non ?
Netflix sauve Jean-Pierre Jeunet
L'annonce étant faite, le reste du message est teinté d'un goût amer. On découvre que Jeunet cherche depuis 4 ans des partenaires pour monter ce projet mais que personne n'a voulu l'accompagner. Même UGC, qui avait manifesté de l'intérêt, n'a su aller au bout. La faute à quoi ? Aux robots. À la science-fiction, donc. Un genre que les producteurs/distributeurs ne voient pas d'un bon oeil. Constat qu'on peut élargir au cinéma de genre en général, largement délaissé par notre pays. C'est là que Netflix intervient pour mettre sur les rails Big Bug. L'aventure est désormais lancée et, pas une seule seconde, Jeunet ne semble regretter que ça se passe de cette manière. "Un budget suffisant" et "une liberté totale" sont ses arguments. Les mêmes qui ont déjà été mis en avant par d'autres, dont Martin Scorsese et Bong Joon-ho.
Dans la guerre qui oppose les défenseurs de la salle de cinéma à ceux qui voient les bienfaits des plateformes, Jean-Pierre Jeunet a tout naturellement rejoint le second clan. Son film existera, tel qu'il l'a en tête, sans avoir à s'angoisser pour le box-office.
Et je dois avouer que l’idée de ne pas avoir à affronter la sortie salle, avec les chiffres couperets qui tombent à 10h du matin, est plutôt un soulagement.
Netflix continue de s'imposer comme une nouvelle voie alternative quand les circuits traditionnels ne sont pas assez courageux pour soutenir des projets. Leurs impératifs économiques et leur fonctionnement sont, certes, différents. Quand une plateforme s'appuie sur son réseau d'abonnés, les films en salles doivent faire un autre travail pour donner envie aux spectateurs d'acheter leurs places de cinéma.
Big Bug entrera en production en avril prochain. La sortie est déjà attendue pour mars 2021, sans aucune date précise. Par ailleurs, Jeunet évoque d'autres projets sur lesquels il planche (deux films, un faux documentaire pour les 20 ans d'Amélie Poulain et une série).