Depuis que Disney a commencé à reprogrammer des films prévus au cinéma sur sa plateforme et qu'il a été annoncé que l'accent allait être mis sur le petit écran, tout le monde s'inquiète pour les prochaines sorties. "Black Widow", le premier film de la phase 4 du MCU, peut-il finir sur Disney+ ?
Black Widow : le prochain Marvel est-il menacé ?
Black Widow est un projet intrigant dans le contexte du Marvel Cinematic Universe. Il va se dérouler bien avant les événements d'Endgame durant lesquels Natasha s'est sacrifiée pour permettre de vaincre Thanos. Ce préquel nous éclairera donc sur certains points laissés sans réponses. L'héroïne va renouer avec son passé et ses anciens partenaires pour contrer le terrible Taskmaster. Cette réalisation de Cate Shortland est particulièrement attendue car elle va ouvrir la phase 4 de l'univers et permettre à Scarlett Johansson de faire ses adieux au public avec une dernière apparition. Programmé avant la pandémie au printemps dernier, le film a été repoussé à cette fin d'année, puis encore au 5 mai 2021. Une date beaucoup plus lointaine, qui entraîne un report de tout le reste des films qui doivent arriver ensuite.
Jusqu'alors, la stratégie semblait clairement définie. Le MCU s'élargit avec des séries qui vont compléter l'univers, les films restent comme d'habitude réservés aux cinémas. Rien de bien révolutionnaire et une progression logique pour étendre les ramifications de ce monstre connecté. Il se pourrait pourtant que Black Widow déroge à ce schéma. Dan Loeb, l'un des investisseurs dans la société Disney (on parle d'une part à environ 1 milliard de dollars), a expliqué à Variety qu'il aimerait que ce film finisse sur la plateforme de SVOD en lieu et place d'une sortie traditionnelle au cinéma. Selon lui, sortir d'aussi gros titres sur Disney+ est le meilleur moyen d'engranger rapidement des nouvelles souscriptions à l'abonnement. Dans sa ligne de mire, Netflix, qui domine actuellement le secteur.
Je ne pense pas qu'ils apprécient le tigre qu'ils tiennent par la queue, c'est-à-dire la valeur qu'ils peuvent générer en passant à un modèle d'abonnement, qui a été adopté par tout le monde, de Microsoft à Amazon. C'est tellement rentable.
Le raisonnement est très simple : plus il y a d'abonnés, plus il y a de revenus, plus il y a de quoi investir pour garder ses abonnés. Un positionnement qui se tient quand on se place dans la peau d'un investisseur mais qui peut être douloureux à attendre pour le public. Délaisser les salles au profit une vision cynique et froide risque de faire grincer des dents.
Quasiment un an après son lancement inaugural aux USA, Disney+ a dépassé la barre des 60 millions d'abonnés. Un très beau démarrage, qui dépasse même les attentes. Mais le service est encore loin derrière les presque 200 millions d'abonnés de Netflix. Disney pense pouvoir atteindre ce palier en 2025. Un effort accentué avec des sorties très attendues sur la plateforme pourrait permettre d'accélérer le processus.
Disney+ : la nouvelle priorité
La pandémie a forcé Disney à revoir leur mode de fonctionnement. Les salles de cinéma étant un vecteur incertain en ces temps de crise, les studios dans leur ensemble cherchent des solutions pour minimiser la casses avec leurs sorties. Certains décident d'attendre en repoussant les dates mais d'autres ne veulent pas patienter et vont se chercher un point de chute sur le petit écran. On a vu plusieurs projets destinés au cinéma finir sur des plateformes de SVOD. L'explosion de ce marché et la recherche perpétuelle, par les acteurs qui le composent, de produits originaux, font qu'il est assez simple de revendre des droits. Disney n'a pas besoin de le faire avec son propre service. C'est ainsi qu'Artemis Fowl, Mulan et prochainement Soul, sont privés de passage dans les salles.
Une pratique qui a de fortes chances d'être renouvelée à l'avenir, Disney ayant avoué à tout le monde que l'accent allait être mis sur la plateforme. Moins de sorties seront prévues au cinéma, un message qui passe mal dans cette période où les distributeurs sont plus que jamais en danger. Des produits estampillés Disney attirent du monde dans les salles et ça sera un désavantage pour eux que de se passer d'une partie de leur catalogue. En jouant cette carte, le studio vogue en solitaire et se rapproche des consommateurs le plus possible, en leur délivrant le contenu dans leur salon. Tant pis pour les victimes collatérales.