Récompensé par deux Oscars, « Blade Runner 2049 » a été salué par les critiques lorsque sa lenteur n’a pas été pointé du doigt. Chef-d’œuvre visuel, le film réalisé par Denis Villeneuve est disponible en Blu-ray depuis le 14 février 2018.
Il n’est pas aisé de succéder à un classique du paysage culturel de la science-fiction. Le premier opus, sobrement intitulé Blade Runner, a été projeté dans les salles obscures en 1982. Sous la direction de Ridley Scott (Seul contre tous), Harrison Ford (Star Wars) et Daryl Hannah (Sense8) ont donné vie à des personnages emblématiques du genre : Rick Deckard et Pris.
Inspiré du roman d’Alan E. Nourse publié en 1974, le long-métrage introduit des androïdes réduits en esclavage. Nommés les « réplicants », rien dans leur apparence ne les différencie des humains. L’ordre établit est de courte durée puisqu’un groupe de type Nexus 6 se révolte et prend le contrôle d’un vaisseau en 2019. L’insubordination est telle que tous sont étiquetés comme étant « hors la loi ». Un blade runner est nommé en se voyant attribué pour mission de les exécuter.
Blade Runner 2049 : la chasse aux réplicants reprend
En cette ère de reboots et revivals, il n’est guère étonnant qu’une suite ait été mise sur les rails. Officiellement confirmée en février 2015, elle marque le retour du scénariste Hampton Fancher. Son collègue David Webb Peoples, lui, laisse sa place à Michael Green (Logan).
Trente ans se sont écoulés depuis les événements survenus précédemment. Pourtant, l’officier K (Ryan Golsing) est en charge de finir ce qui a été entrepris auparavant en succédant à Rick Deckard. Durant son service, il déterre un secret longtemps enfui et inconnu de tous… Ou presque. Le chasseur devient alors le gibier des plus hautes sphères. Et si son prédécesseur, porté disparu, était l’unique personne en mesure de lui prêter secours ?
Si Ridley Scott lègue les rênes à Denis Villeneuve (Premiers contacts), il supervise le projet en tant que producteur exécutif. Cela ne l’empêchera pas de partager sa déception quant au produit final qu'il juge « lent et long ».
Critiques convenables vs recettes décevantes
À sa sortie, Blade Runner 2049 récolte des avis principalement positifs, décrochant même un 8,1/10 de la part d’IMDb, et très bien accueillis chez CinéSérie (voir notre critique). Étonnamment, le succès n’est pas dupliqué par les chiffres atteints au box-office. Malgré un budget de 150 millions de dollars, les recettes internationales frôlent seulement les 260 millions. Alors que nous avons omis plusieurs hypothèses justifiant ce coup dur, cela « reste un mystère » pour son réalisateur qui « digère encore » la nouvelle.
Néanmoins, l’œuvre cinématographique n’en perd aucunement son attrait ni ses mérites. Loin des blockbusters auxquels Hollywood a habitué les spectateurs, 2049 conserve l’empreinte du premier volet. Soit moins d’action pour davantage de contemplation. Si cette caractéristique n’est pas au goût de tous, il s’agit d’un véritable atout permettant de sublimer les efforts de l’équipe créative. Décors, éclairages… Rien n’est laissé au hasard.
La quête identitaire et la solitude sont deux thèmes forts abordés par l’intermédiaire du protagoniste principal. Le script prend le temps de creuser sa personnalité, et ne se contente pas de contempler stoïquement la surface. Ainsi, K se révèle être un réplicant touchant par son exceptionnelle humanité, et dont les différences l’isolent du reste du monde.
Des éditions à n’en plus finir
Sony a fait fort pour la commercialisation physique du second opus ! Pas moins de sept éditions différentes ont été commercialisées en France. Les supports présentés sont le DVD, le Blu-ray, le Blu-ray 3D, et le Blu-ray 4K.
À noter qu’une exclusivité du coffret incluant le Blaster est distribuée par la FNAC. La boîte standard du Blu-ray 4K est en effet remplacée par un steelbook.
Une chose est certaine : il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses !
Une pure démo 2K et 4K
Blade Runner 2049 a été tourné en numérique, puis masterisé en 4K. Cette information est importante puisqu’elle a permis de produire un Blu-ray 4K ne relevant pas d’un agrandissement. Nombreux sont les titres édités sur cette galette à partir d’une source inférieure, soit en 2K. L’apport de la norme HDR est un plus le hissant en tant que référence visuelle.
Son homologue Full HD ne démérite pas le moins du monde et tire le meilleur de son support. De fins détails jaillissent sans la moindre difficulté, augmentant l’impression de réalisme de l’univers futuriste. Mais là où le disque impressionne d’autant plus, c’est dans sa reproduction des couleurs et la maîtrise de ses contrastes. Il faut avouer que la photographie du film se prête à ce type d’exercice ! Les intérieurs jaune vif et ondulants de chez Niander Wallace sont resplendissants, et le casino de Las Vegas représente un défi aisément surmonté. L’imagerie informatique (néons, hologrammes…) n’hésite pas à challenger les écrans de par leur saturation poussée ! Le Blu-ray n’est pas non plus en reste lors des scènes d’extérieur souvent désaturisées.
C’est également un sans-faute pour la partie sonore. Trois pistes sont encodées au format DTS-HD 5.1 : l’anglais, l’allemand et le français. L’effort de Sony est apprécié puisque les doublages ne se voient pas automatiquement accordés un tel traitement. Le résultat est sans appel : les basses sont profondes, et la spatialisation sonore est implacable. Aussi, la musique composée par Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch est reproduite avec fidélité.
Ceux ayant les oreilles les plus aiguisées regretteront l’absence de l’audio original en Dolby Atmos et Dolby TrueHD 7.1, pourtant inclus sur l’édition américaine. Manque d’intérêt ou espace insuffisant ? Cette dernière possibilité n’est pas inenvisageable puisque 2049 dure tout de même 2h43.
Des bonus conséquents mais incomplets
Pendant une heure, les suppléments vous amènent dans les coulisses du long-métrage.
- Créer le monde de Blade Runner 2049 (21:55 mn) : abordant différents thèmes démarqués par un fondu noir, ce bonus fait office de making-of. Présenté comme une extension de l’original, Blade Runner 2049 a mobilisé une équipe conséquente de professionnels. Beaucoup se sont pris au jeu de l’interview, dont le réalisateur, le producteur, des acteurs, et le superviseur des effets spéciaux John Nelson. Durant cette vingtaine de minutes, ils révèlent notamment que Budapest fut une source d’inspiration architecturale. En outre, il est question des accessoires, des véhicules, des effets spéciaux, de la photographie (éclairage, couleurs) et des décors. Denis Villeneuve en profite d’ailleurs pour confesser son aversion des fonds verts qui furent, par conséquent, peu utilisés. La diffusion de storyboard et de croquis est un plus, ainsi que la balance correcte entre les images du tournage et les extraits du film.
- Prologues (28:06 min) : divisé en trois court-métrages, une fonction « tout lire » permet de les enchaîner sans avoir recours au menu. Petite redondance malgré tout avec la répétition d’une introduction de Villeneuve presque identique. Ce supplément introduit des histoires survenues entre les deux volets. La première, 2022 : Blackout (15:45 min), a été réalisée sous forme d’animation par Shinichirô Watanabe (Animatrix). 2036 : Nexus Dawn dure 6:31 min durant lesquelles le public retrouve Jared Leto (Mr. Nobody) dans la peau de Wallace. Tout comme 2048 : Nulle part où aller (5:49 min), sur lequel Luke Scott (Morgane) s’est retrouvé aux commandes. Ce dernier complément se focalise sur le réplicant Sapper Morton, joué par Dave Bautista (Spectre).
- Blade Runner 101 (11:22 min) : six featurettes bénéficiant de la fonction « tout lire ». Elles analysent par exemple la nouvelle espèce de réplicants qui bénéficie de greffes de souvenirs. Un focus est aussi fait sur Wallace Corp et sur Joi (Ana de Armas) dont l’influence dépasse celle d’un simple hologramme.
Toujours la même rengaine : aucun commentaire audio. De plus, n’existe-t-il pas des scènes coupées ? La défection de To Be Human : Casting Blade Runner 2049 (17:15 min) est fâcheuse. Ce supplément centré sur le processus du casting est néanmoins disponible sur le Blu-ray bonus offert dans des éditions mieux fournies. Il contient un quart d’heure supplémentaire afin de s’attarder sur la mode et l’action dans 2049.