Dans "Braveheart", Mel Gibson retrace le destin du rebelle écossais William Wallace en s’autorisant des libertés historiques. Si les écarts sont nombreux, le réalisateur et comédien aborde tout de même les épisodes majeurs de la vie du guerrier.
Braveheart : l’épopée guerrière de Mel Gibson
En 1995, Mel Gibson passe pour la deuxième fois derrière la caméra après le drame L’Homme sans visage. Uniquement supposée produire Braveheart et désireuse de confier la réalisation à Terry Gilliam, la star décide finalement de mettre en scène le projet après le refus de ce dernier. À l’origine, l’acteur approchant alors la quarantaine souhaite confier le rôle de William Wallace à Jason Patric, révélé par Génération perdue, estimant qu’il est déjà trop vieux pour prêter ses traits au guerrier qui combattit pour l’indépendance de l’Écosse.
Co-producteur du projet, le studio Paramount insiste pour que Mel Gibson apparaisse à l’écran. Le comédien et réalisateur finit par accepter d’incarner cette figure historique. Un choix qui paraît a posteriori évident, tant la star jouera par la suite des héros confrontés aux pires sévices et basculant dans une violence inouïe. Ce sera le cas dans Complots, Payback, The Patriot : Le chemin de la liberté ou encore L’Arme Fatale 4, où Jet Li lui inflige une véritable leçon.
Il faut dire que l’intensité avec laquelle Mel Gibson interprète William Wallace est l’une des grandes forces du film. Le long-métrage s’ouvre à la fin du XIIIe siècle. L’Écosse est alors soumise à la souveraineté et à la cruauté d’Edouard Ier, roi d’Angleterre joué par Patrick McGoohan. Dans le but de venir à bout du peuple qu’il oppresse, le monarque ordonne à ses hommes d’exercer un droit de cuissage sur les jeunes mariées pendant leur nuit de noces. De retour dans le village où il a grandi, William Wallace retrouve son amour d’enfance Murron (Catherine McCormack). Pour éviter la sentence, ils s’unissent en secret. Lorsqu’un soldat anglais tente de violer Murron, William Wallace renonce à son souhait de vivre en paix et devient le leader d’une rébellion pour l’indépendance de son pays.
Un symbole de la résistance écossaise
Pour écrire Braveheart, le scénariste Randall Wallace s’est inspiré du poème The Actes and Deidis of the Illustre and Vallyeant Campioun Schir William Wallace, écrit au XVe siècle par Harry l’Aveugle. Ce texte épique revient sur les actes et la mort atroce du héros du film, qui serait né aux alentours de 1270.
En mai 1297, le massacre de la garnison anglaise de Lanark orchestré par William Wallace et ses hommes sonne le début de la rébellion écossaise. Cet épisode est retranscrit dans le long-métrage et représente le point de rupture du personnage. Quatre mois plus tard, le 11 septembre, il mène au côté du noble Andrew Moray la bataille sur le pont de Stirling, où leurs forces supplantent les troupes ennemies d’Edouard Ier, pourtant supérieures.
William Wallace est nommé Gardien du royaume d’Écosse au début de l’année 1298. Le 12 juillet, il aurait pris la fuite après la défaite infligée aux rebelles écossais lors de la bataille de Falkirk. Il se serait alors réfugié en France. Le résistant est par la suite arrêté à Glasgow et condamné à subir le sort réservé aux traîtres de la Couronne. Il est traîné, écartelé et décapité le 23 août 1305. Sa tête est exposée sur le pont de Londres, en guise d’exemple adressé aux résistants.
De lourdes incohérences historiques
Le scénariste Randall Wallace et Mel Gibson se sont autorisés des écarts sur leur fresque belliqueuse, notamment pour intégrer une intrigue romantique. Dans Braveheart, William Wallace tombe amoureux d’Isabelle de France, interprétée par Sophie Marceau. Censée négocier au nom d’Edouard Ier et de son fils avec le meneur de la rébellion, l’épouse de l’héritier du trône s’éprend du héros et met tout en œuvre pour lui éviter un sort funeste.
En réalité, Isabelle de France n’a jamais rencontré William Wallace. Lorsqu’elle se marie avec Edouard II le 25 janvier 1308 à l’âge de douze ans, le guerrier est déjà un lointain souvenir pour la monarchie britannique. Par ailleurs, les joutes au cours desquelles elle s’oppose à Edouard Ier dans les couloirs du château n’ont jamais eu lieu, puisque le souverain est mort en 1307.
Parmi les autres incohérences figure une lourde erreur vestimentaire. Si les résistants écossais s’amusent à narguer les troupes anglaises en soulevant leurs kilts dans Braveheart, la tenue n’a été popularisée qu’au XVIIIe siècle dans le pays. Enfin, au cours de la bataille de Stirling, William Wallace et ses hommes ont pu prendre au piège leurs ennemis sur un pont, inexistant dans le long-métrage.
Braveheart avait été récompensé par cinq Oscars, dont ceux de Meilleur film et Meilleur réalisateur.