La série "Genius : Picasso" et le film "Terminator" ont un point commun: Budapest. La capitale hongroise a servi de cadre au tournage de ces superproductions et à de nombreuses autres fictions internationales attirées par les avantages fiscaux et les installations high-tech.
"Ces tournages ont lieu ici car nos prix et nos équipes, reconnus dans le monde entier, sont bons mais aussi en raison d'un rabais fiscal qui fonctionne très bien", explique Ildiko Kemeny, coproductrice hongroise, de Genius, série TV de National Geographic.
Dans la concurrence acharnée que se livrent les capitales européennes pour attirer les réalisateurs, la Hongrie a été l'un des premiers pays de l'ex-bloc communiste à adopter, en 2004, un système très avantageux d'incitations fiscales et de subventions, qu'il n'a cessé d'étoffer.
Aujourd'hui, ce dispositif est, selon ses promoteurs, l'un des plus compétitifs du continent, qui offre un remboursement de 25% des coûts engagés par les productions étrangères.
Budapest est surtout en compétition avec Prague. La Bulgarie et la Roumanie "sont de loin meilleur marché mais leur capacité à épouser les normes de l'industrie n'est pas au niveau", affirme la productrice.
L'architecture classique et élégante, propice aux métamorphoses en Buenos Aires, Moscou, Berlin, Londres, le temps d'un tournage, est aussi un grand atout, a souligné la productrice.
Nous avons fait ici bien sûr beaucoup d'Espagne et un peu de France pour "Genius Picasso", mais nos équipes voyagent aussi, et le rabais fiscal reste valable, ainsi nous avons tourné un peu à Paris, puis à Malaga et Barcelone et bientôt à Malte.
Outre ses décors naturels, la capitale hongroise propose depuis les années 2000 deux studios high-tech très prisés des réalisateurs, où ont été tournés "les intérieurs" de Genius Picasso.
A une vingtaine de kilomètres du centre-ville, les studios Korda, en plein vignoble, ont notamment accueilli les tournages de HellBoy, Inferno ou Seul sur Mars, pour les décors duquel pas moins de 4.000 tonnes de terre ont servi à reconstituer la planète rouge.
Grâce encore à une main-d'oeuvre expérimentée et bon marché, "Budapest est devenue la deuxième plateforme européenne de tournage de films derrière Londres", assure fièrement Daniel Kresmery, responsable développement et production des studios Korda.
Les productions internationales et hongroises ont injecté dans le pays 271 millions d'euros en 2016 contre 105 millions en 2011, selon le gouvernement.
Fin 2016, le secteur de la production contribuait pour 0,15% au PIB hongrois, le ratio le plus élevé en Europe.
La filière cinéma en Hongrie est constituée d'une centaine d'entreprises et emploie près de 4.000 personnes, sans compter les retombées pour le secteur du tourisme.
En 2017, 285 tournages ont eu lieu en Hongrie dont 64 productions étrangères qui ont absorbé la quasi-totalité des subventions.
Parallèlement, le cinéma hongrois connaît une période faste sur la scène internationale avec l'Oscar du Fils de Saul en 2016, l'Ours d'Or à Berlin du film Corps et âme ou les sélections à Cannes de plusieurs opus du réalisateur Kornél Mundruczó.