Noémie Lvovsky incarne une quadragénaire propulsée dans l'année de ses seize ans dans "Camille redouble". Une comédie dramatique dans laquelle l'actrice livre une performance formidable, alors qu'elle ne se voyait pas du tout jouer dans le film.
Camille redouble : le retour à l'adolescence
Cinquième long-métrage de Noémie Lvovsky en tant que réalisatrice, Camille redouble évoque plusieurs films de l'un de ses cinéastes fétiches, Francis Ford Coppola, dont Jack et surtout Peggy Sue s'est mariée. Comme dans ce dernier, l'héroïne revit ici son adolescence.
Alors que le couple qu'elle forme avec Éric (Samir Guesmi) est en train de s'effondrer, Camille (Noémie Lvovsky) se retrouve propulsée dans le passé le soir du 31 décembre. Elle atterrit en 1985, année de ses seize ans où elle a rencontré l'homme de sa vie et père de sa fille. Elle redécouvre ainsi leur rapprochement, leur premier baiser nocturne après une hésitation qui aura duré trois réverbères, ses premières relations ainsi que son amitié avec Josepha (Judith Chemla), Alice (India Hair) et Louise (Julia Faure). Ce voyage marque également ses retrouvailles avec ses parents (Yolande Moreau et Michel Vuillermoz), auxquels elle avait fait ses adieux.
Vincent Lacoste, Anthony Sonigo, Jean-Pierre Léaud, Anne Alvaro, Denis Podalydès et Mathieu Amalric complètent la distribution de cette comédie dramatique nommée dans treize catégories aux César en 2003, dont celle de la Meilleure actrice pour Noémie Lvovsky, alors qu'elle ne comptait initialement pas joué dans le film.
L'hésitation de Noémie Lvovsky
Lors d'un entretien accordé à L'Express en 2012, la comédienne et réalisatrice explique qu'elle savait déjà que "la même actrice jouerait Camille aux deux âges" pendant l'écriture, mais qu'elle ne savait en revanche pas qu'elle "allait jouer le rôle de Camille". Il s'agit d'ailleurs de la première fois que Noémie Lvovsky joue dans l'un de ses propres films. Au départ, elle n'est "pas sûre du tout" de pouvoir prêter ses traits à l'héroïne, et ce malgré les encouragements du producteur Jean-Louis Livi.
Le fait d'endosser plusieurs casquettes sur son projet l'inquiète, au même titre que le fait d'être en tête d'affiche, situation alors inédite dans sa carrière :
Je n'ai jamais joué un premier rôle, c'était la première fois et je ne m'imaginais même pas ce que ça pouvait être de porter tout un film. Je me demandais aussi si je n'étais pas trop vieille, et, pour avoir vu Valeria Bruni-Tedeschi, Mathieu Amalric ou Xavier Beauvois jouer dans leurs propres films, j'avais conscience du fait que jouer et réaliser en même temps était épuisant. Mais ce n'était pas ce qui m'inquiétait le plus. Je ne savais pas si c'était ce qui servait le mieux le film.
Jean-Louis Livi réussit néanmoins à convaincre la réalisatrice de passer des essais. Même si les premiers et les seconds ne sont "pas bons", le producteur insiste et ses efforts s'avèrent payants, comme le raconte Noémie Lvovsky :
Il a alors fait ce que peu de producteurs tenteraient : il a voulu qu'on fasse des essais en 35 mm, dans des conditions de tournage réelles, avec une équipe image, de la lumière, une maquilleuse, une coiffeuse, des costumes, etc. Ça m'a fait un truc. Voyant qu'il dépensait de l'argent pour ça, et qu'il y avait toute une équipe réunie, j'ai été meilleure.