Fierté française au Festival de Cannes 2024, ce film deux fois primé énerve l'extrême droite

Fierté française au Festival de Cannes 2024, ce film deux fois primé énerve l'extrême droite

La figure d'extrême-droite Marion Maréchal a tenu des propos injurieux et transphobes visant l'actrice espagnole Karla Sofía Gascón, récompensée du Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 2024 pour sa performance dans "Emilia Perez" de Jacques Audiard. L'actrice et plusieurs associations de défense des droits des personnes LGBTQIA+ ont porté plainte.

Emilia Perez, un succès qui contrarie

Le contingent français en compétition au Festival de Cannes 2024 était fourni. On comptait en effet six films réalisés par des cinéastes français. Diamant brut d'Agathe Riedinger, Emilia Perez de Jacques Audiard, L'Amour ouf de Gilles Lellouche, The Substance de Coralie Fargeat, Marcello Mio de Christophe Honoré et La Plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius. Parmi ceux-là, The Substance et Emilia Perez ont été distingués au palmarès. Le film de Coralie Fargeat a ainsi reçu le Prix du scénario. Et celui de Jacques Audiard le Prix d'interprétation féminine pour l'ensemble de son casting féminin ainsi que le Prix du Jury.

Cependant, la célébration d'Emilia Perez, qui arrivera dans les salles le 21 août 2024, ne plaît pas à tout le monde. En effet, une partie de l'extrême-droite française, représentée par Marion Maréchal, candidate aux élections européennes du parti d'Éric Zemmour Reconquête, s'est insurgée du fait que le Prix d'interprétation féminine ait été remis à une femme trans, Karla Sofía Gascón, titulaire du rôle-titre d'Emilia Perez.

Emilia Perez (Karla Sofía Gascón) - Emilia Perez
Emilia Perez (Karla Sofía Gascón) - Emilia Perez ©Pathé

Surqualifiée et surexploitée, Rita (Zoe Saldaña) use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas (Karla Sofía Gascón) à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.

Marion Maréchal tient des propos délictueux

Le 26 mai, au lendemain du palmarès de la 77e édition du Festival de Cannes, la nièce de Marine Le Pen écrivait ainsi sur X (ex-Txitter) :

Une première attaque et une erreur factuelle. L'actrice espagnole Karla Sofía Gascón a en effet effectué sa transition d'identité de genre en 2018. N'en déplaise à Marion Maréchal, elle est donc bien, de fait, une femme et est reconnue comme telle. Ainsi, plus en réalité que le Prix d'interprétation qui lui a été décerné, c'est son existence et sa liberté qui ne passent pas auprès de la figure d'extrême-droite. Celle-ci a ensuite réaffirmé sa position sur différents plateaux de télévision. En établissant notamment une comparaison idiote et absurde, imaginant ce qu'on lui dirait à elle si elle décidait demain de vouloir faire reconnaître un âge - 65 ans dans son exemple - qui ne serait pas le sien... De la biologie à la manipulation du temps, Marion Maréchal se mélange les pinceaux. Ce qui serait simplement risible si ses propos ne relevaient cependant pas de l'injure transphobe, et donc d'un délit.

Des plaintes déposées

En réponse à ces propos discriminatoires, Karla Sofía Gascón a porté plainte pour "outrage sexiste" auprès du Parquet de Paris. Une plainte déposée deux jours après que six associations de défense des droits des personnes LGBTQIA+ ont déposé ensemble une plainte pour "injure transphobe". Citée dans un communiqué diffusé par son avocat, Karla Sofía Gascón a eu ces mots :

Nous devons en finir avec ce genre de propos.

Il est regrettable que Marion Maréchal, entre conviction personnelle et manoeuvre électoraliste, fasse étalage de sa malveillance et de sa bêtise ordinaires pour fustiger un excellent film de cinéma et l'interprétation remarquable de son actrice, qui font honneur au cinéma français et rendent hommage aux personnes trans. Des personnes qui subissent depuis toujours et encore aujourd'hui de nombreuses discriminations .Cependant, personne ne doute vraiment de qui, entre ces propos discriminatoires et le très beau film de Jacques Audiard (notre avis ici), ressortira gagnant et célébré de cette situation.