Nous avons découvert au 77e Festival de Cannes 2024 le film "Maria" de Jessica Palud, un biopic poignant sur la comédienne Maria Schneider, rendue célèbre pour son rôle dans "Le Dernier Tango à Paris" de Bernardo Bertolucci durant lequel elle avait subi une agression de la part de son partenaire de jeu, Marlon Brando.
Jessica Palud rend hommage à Maria Schneider
Le film Maria de Jessica Palud présenté en avant-première mondiale au 77ᵉ Festival de Cannes revient sur la descente aux enfers de la comédienne Maria Schneider (interprétée par Anamaria Vartolomei), rendue célèbre pour son rôle dans Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci, sorti en 1972, durant lequel elle a subi une agression sexuelle de la part de son partenaire de jeu, Marlon Brando (incarné dans le film par Matt Dillon).
En effet, lors du tournage d'une scène intime, Bernardo Bertolucci avait demandé à Marlon Brando de jouer une scène d'agression sexuelle envers le personnage qu'interprétait Maria Schneider, mais sans avertir la comédienne en amont. La scène, très cruelle, dans laquelle Brando simule un viol anal avec du beurre en guise de lubrifiant, a été tournée alors que Schneider ne s'attendait pas à subir une telle agression de la part de son partenaire de jeu. Après le tournage, elle a décrété avoir eu le sentiment d'avoir été violée deux fois : par Marlon Brando, et par Bernardo Bertolucci.
La scène a été filmée en une seule prise, et Maria Schneider n'avait que 19 ans à l'époque. Cette dernière a été profondément marquée par cette expérience. Elle a parlé de la scène comme d'un événement traumatisant, se sentant humiliée et abusée par Brando et Bertolucci. Ce traumatisme a eu des effets durables sur sa santé mentale et émotionnelle.
Un biopic poignant et formidablement interprété
Maria de Jessica Palud explore les moments déterminants de la vie de Maria Schneider, notamment son adolescence tumultueuse marquée par la célébrité de son père, Daniel Gélin, et la désapprobation de sa mère lorsque Maria a cherché à renouer avec lui.
Palud s'attache à honorer la voix de Maria Schneider, soulignant son courage et sa détermination dans une industrie cinématographique dominée par les hommes où les femmes étaient souvent réduites au silence. Cette thématique résonne puissamment aujourd'hui, à une époque où les actrices du cinéma français commencent enfin à se faire entendre.
Anamaria Vartolomei, qui nous avait déjà cueillis par sa grande intensité et sa justesse dans L'Événément d'Audrey Diwan (pour lequel elle avait remporté le César de la révélation féminine) porte le film sur ses épaules, avec toujours ce regard déterminé, dans lequel on peut lire toute la détresse, et également la colère de Maria Schneider, qui a osé dénoncer ce qui lui était arrivé sur ce plateau, à une époque où la parole des femmes n'était pas écoutée.
Grâce au personnage de Celeste Brunnquell (encore une fois formidable), Jessica Palud insère une main tendue bénéfique, une épaule, mais également une écoute de la parole. Un moment de tendresse comme un signe vers le futur : oui les choses avancent, et Maria Schneider a été l'une des premières à oser dénoncer ce qui lui était arrivé. Elle a par ailleurs milité pour un meilleur traitement des acteurs et une prise de conscience des abus dans l'industrie du cinéma.
Après le succès de Le Dernier Tango à Paris, la carrière de Schneider a connu des hauts et des bas. Bien qu'elle ait continué à travailler dans le cinéma, elle a souvent été stigmatisée par cette scène controversée et a eu du mal à se libérer de cette image.
Le film de Jessica Palud est un poignant hommage à Maria Schneider, mais il sert également de miroir rétrospectif, soulignant des thèmes qui résonnent fortement avec les enjeux actuels. En revisitant les moments clés de la vie de Schneider, le film met en lumière les luttes et les injustices auxquelles elle a été confrontée, tout en établissant des parallèles avec les mouvements contemporains pour les droits des femmes et contre les abus dans l'industrie cinématographique.
Le film Maria sortira le 19 juin dans les salles françaises.