En 2017 Olivier Marchal met en scène "Carbone", avec notamment Michaël Youn et Benoît Magimel, un film inspiré par la Fraude à la TVA sur les quotas de carbone.
Carbone : Olivier Marchal s’attaque à la finance
Ancien policier devenu réalisateur, Olivier Marchal s’est illustré avec des films froids et sombres, plus ou moins liés au monde de la police. Il met en scène son premier long-métrage en 2001 avec Gangsters. Plus tard, il commence à se faire un nom avec des œuvres marquantes comme 36 Quai des Orfèvres (2004) et Les Lyonnais (2011). Il était également impliqué sur la série Braquo, en tant que créateur et scénariste de la saison 1 et signa son septième long-métrage, Overdose (2022) pour Prime Video.
Mais en 2017, Olivier Marchal s’éloigne un peu de l’univers policier pour mettre en scène son œuvre la plus atypique : Carbone. Porté par Laura Smet, Gérard Depardieu, Michaël Youn (dans un rôle à contre-emploi), le rappeur Gringe et le comédien Benoît Magimel, Carbone raconte comment Antoine Roca, un homme ordinaire, met au point une arnaque qui deviendra le casse du siècle.
Retour sur l’affaire qui a inspiré Olivier Marchal
Pour son sixième long-métrage, Olivier Marchal s’est inspiré d’une véritable affaire qui a secoué le monde de la finance française en 2008. En effet, Carbone base son récit sur la Fraude à la TVA sur les quotas de carbone. En 2005, un nouveau système est mis en place pour les grosses entreprises. Afin de limiter leurs effusions de gaz à effet de serre en Europe, chaque entreprise a un quota à ne pas dépasser, fixé par la Commission européenne.
Pour les sociétés qui émettent moins de CO2 que leurs quotas, elles peuvent revendre ces quotas à d’autres entreprises qui dépassent leur limite personnelle. Des firmes indépendantes sont alors créées pour faire l’intermédiaire entre les entreprises qui vendent leurs quotas et celles qui en achètent.
Le personnage de Benoît Magimel dans Carbone décide alors de créer des sociétés de gestion de quotas hors taxe à l’étranger pour les revendre en France, en y ajoutant 19,6% de TVA. Une TVA qu’il conserve évidemment pour lui, plutôt que de la reverser à l’Etat. Une escroquerie rendue possible par le fait que les quotas carbone ne laissent aucune trace.
Un pactole impressionnant
De cette combine, les personnes impliquées ont tiré, de novembre 2008 à juin 2009, 1,6 milliard d'euros en France et 5 milliards en Europe. Evidemment, au bout de quelques mois, la Caisse des Dépôts remarque l’arnaque. Ce qui a donné lieu à une série d’arrestations au début des années 2010. Quelques mois plus tard, la TVA sur les quotas carbone est supprimée pour éviter toute nouvelle fraude.
Ainsi, Olivier Marchal s’est inspiré de cette arnaque historique pour réaliser Carbone. Mais le cinéaste a bien précisé, dans le dossier de presse, que son but était simplement de retranscrire l’histoire et en aucun cas de légitimer l’acte de ses personnages :
Cette arnaque financière est certes brillante mais ses effets ont rejailli sur les contribuables à travers les impôts donc il était hors de question que je puisse légitimer les actes de ces gens-là. En fait, ces personnes n'avaient à la base aucun problème d'argent : elles ont agi par plaisir du jeu. Il était plus intéressant de recentrer les choses autour d'un patron au bord de la ruine.