Dans "Black Sea", thriller tendu dans un sous-marin dont l'équipage est lancé à la recherche d'un trésor nazi, Jude Law livre une performance majeure. Un film méconnu et pourtant très réussi, pour lequel le réalisateur britannique Kevin Macdonald s'est inspiré d'une célèbre et terrible histoire vraie. "Black Sea" est à (re)voir ce 26 juin au soir sur L'Équipe.
Black Sea, un thriller sous-marin passé inaperçu
Les films de sous-marins sont un genre à part au cinéma, et un genre avec quelques titres marquants comme À la poursuite d'Octobre rouge, Das Boot, USS Alabama ou encore le film français Le Chant du loup. En lui-même, le décor de ces films est déjà une aventure de cinéma. En jouant avec les contraintes d'un espace très réduit, l'intensité des enjeux dramatiques et des relations entre les personnages est mécaniquement décuplée. C'est notamment ce dispositif qui a poussé Kevin Macdonald, cinéaste oscarisé en 2000 pour son film documentaire Un jour en septembre et acclamé pour Le Dernier roi d'Écosse, à mettre en scène Black Sea en 2014.
Capitaine de sous-marin, Robinson (Jude Law) compose un équipage à moitié britannique et à moitié russe pour retrouver un sous-marin nazi rempli d’or… La découverte du trésor aura des conséquences sur l’ensemble des hommes engagés dans cette mission. Combien d’entre eux remonteront vivants à la surface ?
Un film à résonance politique et inspiré d'un terrible drame
L'histoire de Black Sea et de ces sous-mariniers qui se déchirent est une fiction, mais celle-ci se déroule dans un cadre réaliste, avec un arrière-plan politique. En effet, c'est dans les eaux d'une mer Noire troublée par les événements de la guerre russo-géorgienne de 2008 que se déroule son intrigue. Pour nourrir le réalisme et les échos politiques de son film, Kevin Macdonald réunit alors un casting anglophone et un casting russe, comptant sur leur non-familiarité pour qu'à l'écran se ressente d'autant mieux la tension entre les personnages. En première ligne du casting anglophone, Jude Law mais aussi Scoot McNairy et Ben Mendelsohn assurent des performances frappantes.
En plus du défi technique de tourner un thriller prenant place dans un sous-marin, Kevin Macdonald a par ailleurs trouvé son inspiration dans un événement très réel, véritable tragédie survenue en 2000 : le naufrage du sous-marin russe K-141 Koursk. Le 12 août 2000, lors d'un exercice de lancement d'une torpille en mer de Barents, deux explosions surviennent, coulant le navire. Sur les 118 membres d'équipage, 23 survivent à ces explosions. Isolés dans un sas de secours, ils vont mourir d'asphyxie dans les jours qui suivent, les tentatives de sauvage tardives ayant échoué.
Kevin Macdonald expliquait ainsi au Time en janvier 2015 :
"Black Sea" s'inspire d'un incident survenu en 2000, en Russie. Le Koursk était un sous-marin qui a subi une explosion, a coulé et s'est échoué au fond de l'océan. Il y avait 23 marins encore en vie à l'intérieur. Ils n'étaient qu'à environ 100 mètres de la surface, et ils frappaient sur le côté de l'engin pour envoyer des signaux aux personnes qui se trouvaient au-dessus. Mais ceux-là n'ont jamais pu les secourir et ils sont tous morts lorsque l'air s'est épuisé. "Quel scénario horrible et effrayant", m'étais-je dit, et c'est de là qu'est née l'idée du film.