Immense défi d'incarnation pour un acteur, Lambert Wilson incarne Charles de Gaulle dans le biopic "De Gaulle", diffusé ce soir 27 mai sur France 3. Un film réalisé par Gabriel Le Bomin, qui raconte l'homme amoureux et le père derrière la figure légendaire de l'histoire de France. Un film émouvant, porté par une interprétation remarquable de Lambert Wilson.
De Gaulle, comme on ne l'avait jamais vu
En 2020, à peine deux semaines avant le premier confinement dû à la pandémie de Covid-19, Lambert Wilson incarne le général De Gaulle dans le biopic réalisé par Gabriel Le Bomin. Coupé dans son élan par la fermeture des cinémas, De Gaulle finira néanmoins son exploitation dans les cinémas avec quasiment 860 000 entrées en France et 7 millions de dollars de recettes encaissés dans le monde. Une jolie réussite étant donné les circonstances, que les César 2021 distingue par trois nominations : Meilleur acteur pour Lambert Wilson, Meilleurs costumes pour Anaïs Romand et Meilleurs décors pour Nicolas de Boiscuillé. Lambert Wilson est par ailleurs récompensé du Swann d'or du meilleur acteur au Festival de Cabourg 2020.
Face à Isabelle Carré, parfaite dans le rôle d'Yvonne de Gaulle, Lambert Wilson incarne le grand militaire et homme d'état français à une période où il ne l'est pas encore. En effet, le récit de De Gaulle ne porte que sur l'année 1940, quand le général Charles de Gaulle prend la décision de partir pour Londres, d'où il lancera le fameux "appel du 18 juin 1940". Ce n'est donc pas le chef de la Résistance, ni l'homme d'État qui deviendra le premier président de la Cinquième République qu'on découvre, mais l'homme seul, le haut fonctionnaire sans fonction, le chef militaire sans armée, et surtout le père de famille qu'il était au moment de quitter la France pour Londres.
De Gaulle permet ainsi de découvrir l'envers personnel et méconnu d'un épisode célèbre de la vie publique de Charles de Gaulle, et notamment la relation touchante à sa fille Anne, porteuse d'une trisomie 21.
"Il n'a dans ces moments-là rien d'héroïque"
Nous avions rencontré Lambert Wilson et Isabelle Carré à l'occasion de la sortie de De Gaulle, et ils nous avaient confié leur approche pour incarner ces personnages. Acteur au registre très étendu et fort d'une grande filmographie, Lambert Wilson a été convaincu par l'intention de Gabriel Le Bomin, qui ne souhaitait pas glorifier ou statufier le personnage. Il nous expliquait :
Il n’est pas présenté comme une statue. Il a bien sûr des réflexes, un point de vue, il se fait entendre, mais il est dans la solitude, l’anxiété, une très grande inquiétude. On le voit habité du trésor qu’est l’amour qu’il reçoit de son épouse et de ses enfants. (...) On a humanisé ce personnage, parce qu’il était facile de le faire, avec ses doutes, sa solitude, on le voit répéter son discours, un peu comme un acteur, c’est presque pathétique. Il a faim, il est faible par moments, il a le trac, il n’a dans ces moments-là rien d’héroïque.
En explorant cette corde plus intime et sensible de Charles de Gaulle, le film permet d'ouvrir un champ d'appréciation moins dialectique et binaire de cette histoire. Héroïque certes, mais humain avant tout, avec une recherche exigeante de véracité dans sa relation aux autres personnages historiques du film. Une incarnation inédite et très nuancée que l'acteur a ainsi développée avec le réalisateur.
"Même pour les situations d’opposition militaire, j’ai essayé, avec Gabriel, d’insérer des notions de respect vis-à-vis de Pétain, qui sont plus subtiles que la simple opposition frontale. Il laisse parler son supérieur, il est capable de courber l’échine face à quelqu’un à qui il doit le respect. Ce sont ces petites choses qui font que c’est avant tout un être humain, et je crois que le film le montre bien."