Ce soir à la TV : 34 ans avant OSS 117, cette comédie d'espionnage a connu un succès mondial

Ce soir à la TV : 34 ans avant OSS 117, cette comédie d'espionnage a connu un succès mondial

Comédie culte des années 70, "Le Grand Blond avec une chaussure noire" connaît un grand succès dans le monde et fait triompher Pierre Richard dans le rôle de François Perrin, variante de François Pignon. Le film est à (re)voir ce soir du 17 juin sur TF1 Séries Films.

La surprise Pierre Richard

Qui aurait donc pu prédire que ce film, dont Gaumont ne voulait d'abord pas, et sûrement pas avec Pierre Richard, deviendrait un des films les plus cultes de l'histoire du cinéma français ? En décembre 1972, lorsque sort dans les salles Le Grand Blond avec une chaussure noire face à notamment La Scoumoune avec Jean-Paul Belmondo et Les 101 Dalmatiens de Disney, la concurrence est rude et le public n'attend pas forcément le nouveau film d'Yves Robert, dont le précédent film Clérambard a été un échec. Mais la magie opère immédiatement, transmise par un Pierre Richard extraordinaire dans le rôle-titre.

François Perrin (Pierre Richard) - Le Grand Blond avec une chaussure noire
François Perrin (Pierre Richard) - Le Grand Blond avec une chaussure noire ©Gaumont

Le chef des services secrets français, Louis Toulouse (Jean Rochefort), est compromis par son adjoint Milan (Bernard Blier) dans une affaire d'agent double. Cette machination menée par Milan a pour objectif de discréditer Toulouse afin de prendre sa place. Mais Toulouse, ayant découvert les plans de Milan, met alors en place un piège machiavélique pour faire tomber son adjoint. Pour cela, il décide d'utiliser un inconnu, "n'importe qui, un homme dans la foule"... et de faire croire à Milan que l'inconnu en question est un redoutable agent secret destiné à régler l'affaire de l'agent double. Cet inconnu, choisi par hasard à Orly parce qu'il porte une chaussure noire à un pied et une marron à l'autre, est François Perrin, un violoniste très étourdi...

Fous rires, succès commercial et reconnaissance internationale

Le Grand Blond avec une chaussure noire est un pur film d'espionnage, avec sa guerre interne des services de renseignement, sa séance d'interrogatoire, la rencontre avec une femme "fatale"... Dans ce genre de cinéma, moderne, réaliste et plutôt froid, Pierre Richard apporte alors sa folie, son jeu corporel digne de celui de Buster Keaton, et une agilité hilarante dans la conversation décalée.

L'hybridation de ces deux mondes, avec un personnage de comic book qui vient renverser le monde réglé et très sérieux de James Bond, marche au-delà des espérances. Le Grand Blond avec une chaussure noire est un grand succès commercial en France, avec 3,47 millions d'entrées. Sur le plan critique, malgré une réception française d'abord très peu enthousiaste, le film d'Yves Robert plaît tout particulièrement à l'étranger. Il est un succès en Allemagne de l'Ouest avec 3 millions d'entrées, où il est récompensé de l'Ours d'argent au Festival international du film de Berlin en 1973.

Aux États-Unis Le Grand Blond avec une chaussure noire se fait aussi particulièrement remarquer, où il est distingué par le National Board of Review aux États-Unis la même année - nommé dans la catégorie Meilleur film étranger de l'année -.

Pierre Richard superstar

L'acteur Pierre Richard impose un personnage sur lequel le cinéma va développer d'autres histoires et d'autres films. Acteur le plus performant dans le rôle du personnage créé par Francis Veber, le fameux "François Pignon" ou "François Perrin", il le reprend ainsi dans la suite Le Retour du Grand Blond, puis en offre des variations avec On aura tout vu, Le Jouet et La Chèvre.

Devenu une star internationale avec Le Grand Blond avec une chaussure noire, Pierre Richard voit ainsi s'ouvrir les portes d'Hollywood, notamment pour des projets avec Jerry Lewis et Gene Wilder. Malheureusement, ces projets ne se font pas, comme l'acteur le racontait en 2013 :

"Jerry Lewis voulait signer pour trois films avec moi. Finalement, il est allé chez Philippe Clair ! Gene Wilder m'adorait. Dès qu'il venait à Paris, on jouait au tennis. Il avait écrit un film pour nous deux, "The Naked Lady", qui s'amusait de notre ressemblance. Lui était un psychanalyste de Los Angeles, moi un chirurgien français chargé d'opérer un émir du Moyen-Orient, et il y avait une histoire de substitution d'identités. Quand je suis allé Los Angeles avec Jean-Louis Livi, mon agent de l'époque, pour signer le contrat, on s'est retrouvés en pleine grève des studios. Surtout, le cousin de Gene venait de mourir et son meilleur ami, Richard Pryor, était à l'hôpital, entre la vie et la mort. Gene m'a dit : "Je suis désolé, je n'ai plus envie de tourner de comédies". Il n'en a plus jamais refait."