Sorti en 1970, porté par l'interprète de Marc-Aurèle dans "Gladiator" et de Dumbledore dans les deux premiers Harry Potter, "Un homme nommé cheval" est un western très réussi, et le premier à aborder son sujet avec une perspective inédite... Il est à (re)voir ce soir 1et juillet sur Arte.
Un grand western moderne
En 1970 sort au cinéma le western Un homme nommé cheval. Il est réalisé par Elliot Silverstein, qui s'était auparavant fait remarquer en 1965 avec son premier long-métrage, le western comique Cat Ballou avec Jane Fonda et Lee Marvin, grand succès critique et commercial. Un homme nommé cheval, son troisième film pour le cinéma, n'est lui pas un western comique, mais un western façon Nouvel Hollywood avec notamment sa séquence hallucinée, marqueur de la contre-culture de l'époque. Surtout, Un homme nommé cheval se distingue par son histoire et son point de vue partagé.
Parti chasser dans le Nord-Ouest des États-Unis, John Morgan, un lord anglais, se fait capturer par des Indiens sioux. Il ne doit son salut qu’au chef de la tribu, Yellow Hand, qui décide de l’offrir comme esclave à sa mère. Lassé d’être considéré comme un vulgaire cheval, John tente de s’évader, en vain. Il fait ensuite la connaissance de Batise, un captif métis, qui lui apprend le mode de vie des Sioux et tombe peu à peu sous le charme de Running Dear, la sœur de Yellow Hand…
Le premier western américain avec des amérindiens protagonistes
Le rôle de John Morgan est tenu par Richard Harris, légendaire acteur irlandais connu notamment pour ses performances dans Les Révoltés du Bounty, Major Dundee, Camelot, Orca, Impitoyable, et durant les dernières années de sa vie dans Gladiator et les deux premiers films Harry Potter, dans lesquels il incarne Albus Dumbledore.
Richard Harris tient le rôle-titre d'Un homme nommé cheval, mais il n'est pas à proprement parler le héros de cette histoire, dont les protagonistes principaux sont les Sioux. Le langage du film est ainsi autant l'anglais que la langue Sioux, et Un homme nommé cheval entreprend de faire cohabiter la perspective des colons blancs et celle des amérindiens.
C'est le premier western, avec Little Big Man d'Arthur Penn qui sort quelques mois plus tard, à proposer une vue pleine et valorisante des natifs américains et de leur culture, jusque-là surtout utilisés comme un élément folklorique du genre du western. Sur ce point, l'histoire de John Morgan peut ainsi être comparée à celle de Jack Crabb dans Little Big Man et à celle de John Dunbar dans Danse avec les loups.
Une séquence de rite initiatique très violente
D'abord traité comme un esclave après sa capture, John Morgan, aidé par un autre prisonnier québecois, va se familiariser avec la culture de cette tribu indienne et apprendre leur langue. Il finit par devenir l'un deux à part entière, après le "rite du soleil", une expérience particulièrement douloureuse. En effet, lors d'une cérémonie, il est suspendu par des crochets plantés dans la poitrine et tournoie sous le soleil.
Climax du film, cette séquence précède celle d'une hallucination qui complète définitivement son initiation à la culture Sioux.
Bien que le film ait été un succès critique et commercial, sa volonté d'être "authentique" quant à ses représentations de la culture amérindienne ne l'a pas empêché de se montrer approximatif sur certains de ses aspects. Ainsi, le public amérindien n'a pas été convaincu par Un homme nommé Cheval, par ailleurs déçu que le casting principal féminin (Judith Anderson et Corinna Tsopei) soit incarné par des non-natives.
Deux suites ont été produites, avec Richard Harris reprenant son rôle de John Morgan, La Revanche d'un homme nommé Cheval en 1976 et Le Triomphe d'un homme nommé cheval en 1983.