Christopher Nolan : le classement de ses films, du moins bon au meilleur

Christopher Nolan : le classement de ses films, du moins bon au meilleur

Christopher Nolan est l'un des grands noms du cinéma contemporain. Après des débuts modestes, le temps de s'affirmer, il a fait évoluer son genre avec des grosses productions. Découvrez notre classement de ses films, du moins bon au meilleur.

Christopher Nolan, un réalisateur à part

Qu'il ait un gros budget ou pas, Christopher Nolan garde toujours le même état d'esprit. Dans les deux cas, il va chercher une idée pour dérouler un récit où le spectateur est convié à rester actif. Viendra toujours le moment où le scénario rebondi et se réinvente, aiguillant la situation initiale dans une direction autre.

Le cinéma de Nolan, ce n'est pas un long voyage monotone sur l'autoroute mais plutôt une escapade en montagne, avec des lacets, des chemins escarpés et des points de vue sur des ensembles époustouflants. Il aura été dur d'essayer de ranger ses œuvres dans un classement et certains choix tranchés ne manqueront peut-être pas de provoquer quelques réactions.

12 - Following, le suiveur (1999)

Dans tout classement, il faut bien un dernier. Et c'est le tout premier long-métrage de Christopher Nolan, Following, qui hérite de cette place. Le réalisateur britannique assemble un film avec un petit budget sur un écrivain en panne d'inspiration qui passe son temps à suivre des inconnus dans la rue. L'une de ses cibles va le mener dans une drôle de situation.

Christopher Nolan : ses films classés du pire au meilleur

En à peine 1h10, Nolan conte son histoire en misant en grande partie sur sa mise en scène. On y aperçoit déjà le talent qui est le sien, dans un projet qui fait preuve de malice en se servant de l'économie pour créer du suspense. Même avec son scénario réduit au strict minimum, Nolan s'amuse avec les spectateurs et veut surprendre. Une démarche qui irriguera le reste de son œuvre.

11 - Memento (2000)

Avant de mettre son goût pour les scénarios alambiqués au service de productions à plusieurs dizaines de millions de dollars, Christopher Nolan pouvait en faire autant avec des projets plus minimes. Memento, son second film, est annonciateur de tout ce qui va suivre. Bien plus surprenant que Following, ce scénario suit un homme endeuillé par la mort de sa femme. Décidé à retrouver le responsable, il enquête dans son coin avec un gros handicap : une amnésie qui lui fait oublier ce qu'il fait et où il va.

Guy Pearce - Memento ©Newmarket Films.
Guy Pearce - Memento ©Newmarket Films

Avec un tel personnage, Christopher Nolan construit une intrigue sinueuse, où le spectateur se perd et doit rassembler les éléments qu'il obtient dans le désordre. La gestion du suspense, au sein des scènes et du montage global, touche à une forme de génie.

10 - Insomnia (2002)

Juste avant Batman Begins, Christopher Nolan signe un troisième long-métrage dans lequel il continue de peaufiner son style où la complexité narrative sert à maintenir le spectateur en haleine. Insomnia présente Al Pacino en flic à la recherche d'un tueur. Lors d'une poursuite, il tire sur son coéquipier sans le vouloir. Le tueur a tout vu et va le faire chanter.

Al Pacino - Insomnia ©Warner Bros.
Al Pacino - Insomnia ©Warner Bros.

Un duel d'acteurs exquis (Robin Williams à contre-emploi), une ambiance suffocante et un scénario qui tient en haleine. Trois arguments qui font d'Insomnia un très bon divertissement au-dessus de nombreuses productions habituelles.

9 - Batman Begins (2005)

Christopher Nolan reprend l'histoire de Batman à zéro. Les étapes attendues sont là et c'est moins par le scénario que par le traitement que le réalisateur remporte la première manche. Avec sérieux, il pose dans Batman Begins les enjeux qui vont innerver le Bruce Wayne de Christian Bale.

Nolan s'applique vraiment à emballer son récit en lui donnant toute la consistance qu'il mérite. Sans ce travail de sape, les ambitieux The Dark Knight et Rises n'auraient pas pu voir le jour. Car il faut des ramifications solides pour soutenir des morceaux aussi denses sans perdre en cohérence.

8 - The Dark Knight Rises (2012)

La place de cette conclusion à la trilogie Batman dans ce classement pourra éveiller quelques contestations. The Dark Knight Rises n'est pas une entière réussite mais il est porté par un traitement qui fait presque office d'exception dans le cinéma de super-héros. Il se prend un peu les pieds dans le tapis en gérant tant d'ambition mais sa détermination prend le pas sur l'imperfection. Pour passer après l'inoubliable Joker, c'est Bane qui est choisi. Un autre style, plus en muscle. Un antagoniste qui efface celui qui doit être la star, Batman.

Tom Hardy - The Dark Knight Rises ©Warner Bros.
Tom Hardy - The Dark Knight Rises ©Warner Bros.

Le héros costumé n'apparaît qu'au bout de 45 minutes de film, une pratique inenvisageable de nos jours. Ensuite, l'attraction principale est battue très largement dans son premier affrontement avec Bane. Un combat qui va le plonger dans une reconstruction physique et mentale afin de retenter sa chance, plus tard. Dans la structure de The Dark Knight Rises, Christopher Nolan n'a pas peur de faire des choix forts déroutants, de prendre son temps (2h36) en assumant ses motifs thématiques lancés dès le premier opus sans renier les composants d'un grand spectacle.

7 - Dunkerque (2017)

Drôle de proposition que Dunkerque, de la part d'un réalisateur dont la sophistication (surtout narrative) est le maître-mot. Il prend le problème dans l'autre sens avec ce film de guerre en misant sur une écriture épurée. En se basant sur des faits réels, il choisit de construire tout son édifice autour du son, de l'image et de l'assemblage des deux : le montage.

Dunkerque ©Warner Bros.
Dunkerque ©Warner Bros.

L'immersion touche presque à l'expérimentation dans le cadre de sa filmographie. Hormis Following, jamais il n'avait eu aussi peu de scénario sous la main. Que Dunkerque sorte après des mastodontes élaborés comme Interstellar, Inception ou la trilogie Batman rend la démarche encore plus intéressante. On ressent qu'il veut revenir à une forme plus décharnée, avec les moyens conséquents qu'on lui alloue désormais à ce stade de sa carrière.

6 - Tenet (2020)

Tenet est peut-être le film de la filmographie de Christopher Nolan qui divise le plus. Un thriller d'espionnage teinté de science-fiction qui utilise un concept peu évident à comprendre : le principe d'inversion. En utilisant une machine, les protagonistes s'inversent, vivent le temps à l'envers et retournent ainsi dans le passé.

Tenet ©Warner Bros.
Tenet ©Warner Bros.

Si le concept du film en a perdu plus d'un, il n'en demeure pas moins fascinant. De plus, comme le dit le personnage de Clémence Poésy, il ne faut pas chercher à comprendre mais à ressentir. Ceux qui acceptent l'expérience pourront être passionnés par cette œuvre renversante dont la richesse se trouve dans les détails (voir notre critique).

5 - Le Prestige (2006)

Par le prisme d'une confrontation entre deux magiciens, Christopher Nolan dresse un parallèle évident entre la magie et le pouvoir du cinéma. Le Prestige tient sur cette intention lucide de son auteur, qui veut délivrer une réflexion sur son médium et son propre art, basé sur l'illusion. Nous berner, nous surprendre ou nous perdre est récurrent chez lui.

Dès Following il démontrait son envie de dresser des scénarios qui vont prendre des virages surprenants. Le Prestige est en plein là-dedans. Surtout par rapport aux genres. Ici, il y a ce virage surprenant dans le fantastique, avec une part horrifique indéniable et l'émotion certaine de la relation père / enfant.

4 - Inception (2010)

Lors de la sortie d'Inception, il y a d'abord la sidération. Les blockbusters estivaux ne nous habituent plus à réfléchir. Et c'est là que Christopher Nolan arrive avec un high concept qui lui sert, ensuite, à bâtir un dédale de scènes d'action. L'impression de voir un grand spectacle intelligent s'estompe un peu lors de la vision (et encore plus en voyant le film plusieurs fois) parce que l'écriture en fait des tonnes sur des concepts pas tant compliqués à assimiler.

Inception ©Warner Bros.
Inception ©Warner Bros.

Les longs tunnels explicatifs pour initier tous les enjeux laissent ensuite place à d'autres tunnels - eux plus agréables - où le spectacle tonitruant bat au rythme des notes d'Hans Zimmer. Pour sa seconde heure complètement folle, Inception mérite largement sa place dans la partie haute du classement.

3 - Interstellar (2014)

Le film de Christopher Nolan tient sur sa combinaison entre une intrigue très inattendue et une portée émotionnelle imparable. C'est bien la première fois que son cinéma parvient autant à émouvoir. Le voyage titanesque effectué par Matthew McConaughey tient même du miracle.

Interstellar ©Warner Bros.
Interstellar ©Warner Bros.

Interstellar est un gros film dans tous les sens : l'un des plus longs de son auteur, spectaculaire, et qui va très loin dans le développement de son concept. Mais le plus étonnant est que derrière la façade d'un énorme rouleau compresseur de science-fiction se niche un mélo bien plus simple que tout ça sur une famille éparpillée dans les rouages du Temps.

2 - The Dark Knight (2008)

L'attractivité de The Dark Knight est parfois raccourcie au cas Heath Ledger. Sa performance mémorable et sa disparition regrettable élèvent le film dans une sphère encore plus supérieure. Un tel méchant parasite l'attention tant son emprise est tentaculaire sur le reste. Mais l'opus central de la trilogie mérite un concert de louanges pour sa vision d'ensemble qui verse dans le thriller plus que dans le pur film de super-héros aux atours surnaturels.

The Dark Knight ©Warner Bros.
The Dark Knight ©Warner Bros.

Il n'y a presque que Batman qui peut permettre ça, lui qui ne dispose d'aucun pouvoir. Christopher Nolan agence son scénario à rebondissements autour de cette lutte entre le Mal dans ce qu'il a de plus incontrôlable et une figure du Bien qui se questionne sur ses propres actes. Avec ce Joker comme centre névralgique, The Dark Knight évoque le meilleur du cinéma policier américain (l'introduction mettra tout le monde d'accord là-dessus), dans une relecture moderne (l'ombre du 11 septembre plane sur le film), intelligente et inédite d'un univers connu de tous.

1 - Oppenheimer (2023)

Avec Oppenheimer, Christopher Nolan s'intéresse au physicien connu pour son implication dans la création de la bombe atomique. De là, le réalisateur ne pouvait qu'aborder son biopic de manière imposante et loin de tout classicisme. Emmené par Cillian Murphy à son meilleur, le film est à la fois passionnant par son sujet et l'approche du cinéaste qui parvient à traiter en même temps d'une quantité de thématiques humaines et politiques.

Cillian Murphy - Oppenheimer ©Universal Pictures
Cillian Murphy - Oppenheimer ©Universal Pictures

En nous plongeant dans l'esprit torturé d'Oppenheimer et en enchaînant les scènes de dialogues comme des séquences d'action, Nolan crée une forme de chaos. Sa mise en scène écrase même le spectateur et met à l'épreuve les sens. Long de trois heures, le film est le plus imposant de toute cette riche filmographie. C'est également le plus sombre avec un final éprouvant et inquiétant.