Souvenez-vous de "Color of Night", ce film avec Bruce Willis et Jane March qui mettait à nu les deux interprètes dans des scènes de sexe trop choquante pour la MPAA.
Color of Night, le nanar érotique de Bruce Willis
Bruce Willis est principalement connu pour son rôle mythique de l'inspecteur John McClane dans la saga Die Hard. Mais il a aussi tourné pour Tony Scott, Robert Zemeckis, Terry Gilliam, Brian De Palma ou encore Luc Besson. Sans oublier ses collaborations avec M. Night Shyamalan depuis Sixième sens. Vu comme ça, on se dit que l'acteur n'a eu que des réussites. Pourtant, il ne faudrait pas oublier certaines productions fâcheuses. Plutôt en roue libre depuis plusieurs années, Bruce Willis a connu il y a bien longtemps une période difficile qui aurait pu mettre un terme à sa carrière. On pense évidemment au thriller érotique Color of Night (1994) qui fut un énorme échec à sa sortie.
Réalisé par Richard Rush pour 40 millions de dollars, le film en rapporta à peine 20 millions sur le marché américain. Il met en scène Bruce Willis dans le rôle d'un psychanalyste dont une patiente s'est défenestrée. Choqué, il accepte de participer au groupe thérapeutique d'un ami composé de cinq patients. Mais lorsque son ami est assassiné, tout porte à croire que le coupable serait dans ce groupe. Le psychanalyste décide alors de reprendre le travail de son collègue décédé pour trouver le coupable. Sauf que dans le lot se trouve Rose, interprétée par Jane March. Une belle jeune femme qui va vite faire chavirer le cœur du psy.
Color of Night a voulu surfer sur le succès de Basic Instinct deux ans plus tôt. Mais le résultat est quand même très moyen, avec une mise en scène kitch et des scènes de sexe plus drôles que torrides. Justement, ces scènes ont provoqué de nombreux problèmes avant et après la sortie du film.
Bruce Willis tout nu !
Dans Color of Night, Bruce Willis et Jane March apparaissent nus l'un contre l'autre dans une piscine, sous la douche, sur la table du salon ou dans un lit. Dans le lot, on retient surtout ce passage dans la piscine qui laisse apercevoir le pénis de Bruce Willis. Chose rare dans le cinéma américain. En effet, pour des seins et des fesses, il n'y a pas trop de problèmes, mais montrez un pénis ou des poils pubiens, et là c'est autre chose ! Reste que Bruce Willis a accepté de se mettre entièrement nu devant la caméra, quitte à ne pas apparaître totalement à son avantage (l'eau de la piscine était visiblement assez froide).
Du sexe qui choque
Sauf que cela n'a pas vraiment plu à la MPAA qui se charge de la classification des films aux États-Unis. Avec le premier montage de Richard Rush, Color of the Night partait pour un NC-17 (interdiction aux moins de 17 ans). Soit la classification la plus élevée. La commission a estimé qu'il s'agissait de scènes de sexe intenses. À l'époque, Jack Valenti, président de la MPAA, expliquait :
Si Bruce Willis était sorti de la douche et montré en train de s'essuyer, ou qu'en prenant un téléphone on ait pu apercevoir un instant de nudité, la classification aurait sûrement été R. Mais si vous montrez une totale nudité avec quelqu'un en train de se taper quelqu'un d'autre sur un lit, c'est autre chose.
Une explication qui n'a pas convaincu le réalisateur. Pour lui, la nudité a toujours été présente à l'écran mais en étant suggérée. Sauf que l'effet reste le même d'après lui. De plus, le cinéaste a estimé qu'il y avait une absurdité de la part de la MPAA. Par exemple, il aurait été informé que le problème venait de "la proximité entre les visages et les parties génitales". Un plan avec Bruce Willis collé à Jane March nue a ainsi été coupé. Mais le plan montrant ses poils pubiens près du visage de Bruce Willis a été autorisé.
Bruce Willis s'en sort, pas Jane March
Finalement, Richard Rush a dû procéder à plusieurs coupures pour que Color of Night puisse sortir avec la classification R aux États-Unis. À l'international, une version moins censurée a été présentée. Une version R-Rated Director's Cut est sortie par la suite avec 15 minutes supplémentaires mais tout de même certaines coupes, avant qu'une version Unrated Director's Cut ne soit mise sur le marché. Dans tous les cas, le résultat est globalement le même. Un film raté, très daté, mais qui peut éventuellement amuser, si on met de côté le mauvais jeu général. La preuve :
Heureusement pour Bruce Willis, à peine quelques mois après cet échec sortait sur les écrans Pulp Fiction, qui fera vite oublier l'écart Color of Night. Par contre, l'histoire ne fut pas la même pour sa co-star Jane March. Révélée deux ans plus tôt avec L'Amant (1992), elle estimera par la suite que la gratuité des scènes de sexe de Color of Night serait à l'origine de sa carrière ratée. Des séquences qu'elle ne voulait d'ailleurs pas faire au début. Mais étant sous contrat, elle dut s'y contraindre. Difficile de savoir si sa carrière aurait été différente sans ces séquences. Il n'empêche que par la suite elle tourna dans une poignée de films ou de séries peu mémorables.