Ridley Scott n'a pas la langue dans sa poche et il le prouve une nouvelle fois en évoquant les difficultés du tournage de "Blade Runner" (1982) et ses détracteurs de l'époque.
Blade Runner, le film tant aimé par Ridley Scott
Ridley Scott a eu une carrière impressionnante et il n'est pas encore décidé à s'arrêter. Avec presque trente longs-métrages à son actif, le cinéaste a marqué les esprits de bon nombre de spectateurs. Plusieurs de ses œuvres sont même ancrées dans la culture populaire, comme Blade Runner. Pas forcément le film le plus nommé pour le grand public, mais certainement l'un des plus cités par un public cinéphile.
Pourtant, à sa sortie, le film porté par Harrison Ford n'a pas été un grand succès. Bien au contraire. Les avis n'ont également pas été très positifs du côté de la presse. Mais au fil du temps, Blade Runner est devenu une œuvre culte.
Plusieurs versions sont sorties avant que Ridley Scott ne puisse présenter sa véritable vision. En 1992, avec la version Director’s Cut, puis en 2007 avec le Final Cut. Des versions qui changent totalement le sens du film et sa fin qu'on expliquait ici. Blade Runner est donc un film auquel Ridley Scott tient beaucoup. Il avait d'ailleurs regretté de ne pas pouvoir réaliser la suite, Blade Runner 2049. Une affection d'autant plus grande aujourd'hui, qu'à l'époque de la sortie du film en 1982, l'expérience n'avait pas été une partie de plaisir.
Tournage compliqué et critiques négatives
Dans une interview donnée à Total Film (via Slashfilm), Ridley Scott est revenu sur le cas Blade Runner et le tournage très compliqué, avec des producteurs qui ne semblaient rien comprendre à sa vision.
Le tournage a été une très mauvaise expérience pour moi. J'avais des partenaires horribles. Des financiers qui me tuaient tous les jours. J'avais eu beaucoup de succès dans la gestion d'une entreprise et je savais que je faisais quelque chose de très, très spécial. Je n'aurais donc jamais accepté qu'on me dise "non". Mais ils ne comprenaient pas ce qu'ils avaient. Vous tournez, vous montez et vous mixez. Et à mi-parcours, tout le monde dit que c'est trop lent.
En effet, une des critiques qui revenait souvent pour Blade Runner était son rythme jugé trop lent. Mais Ridley Scott n'est clairement pas d'accord avec ça. Et à ces critiques, le cinéaste a une réponse simple : "Allez vous faire foutre".
Je n'avais pas vu Blade Runner depuis 20 ans. Mais je viens de le revoir. Et ce n'est pas lent. Les informations qui vous parviennent sont si originales et intéressantes, elles parlent de créations biologiques et d'exploitation minière hors du monde, ce qui, à l'époque, était considéré comme stupide. À ces gens je leur réponds : "Allez vous faire foutre".
La leçon de Pauline Kael
Ridley Scott affirme également qu'en tant que réalisateur, il faut "apprendre à n'écouter personne". Avec Blade Runner, il savait qu'il avait "quelque chose de très, très spécial". Et il se félicite aujourd'hui de voir l'influence qu'a son film sur le cinéma de science-fiction.
C'est l'un des films de science-fiction les plus importants jamais réalisés, dont tout le monde se nourrit. Chaque foutu film s'en nourrit.
Cependant, parmi les nombreuses critiques de l'époque, il y en a une qui a davantage marqué le cinéaste. Celle de Pauline Kael (1919-2001), une des plus célèbres critiques américaines. Cette dernière avait détruit Blade Runner lors de sa sortie en salles. Son texte, de quatre pages, avait anéanti Ridley Scott. Mais il en a tiré une leçon : "Quand on pense qu'on a tout compris, on ne sait rien".
C'est-à-dire que même lorsqu'on est certain d'avoir fait quelque chose de grandiose, cela ne veut pas dire que tout le monde sera du même avis. Et cela s'adresse autant à Ridley Scott qu'à Pauline Kael, dont il a fait encadrer les quatre pages pour les mettre sur un mur de son bureau. Car malgré cet avis négatif, aujourd'hui, Blade Runner est considéré par beaucoup comme une vraie réussite.
