En 2012, Jacques Audiard réalise peut-être l'un de ses meilleurs films avec « De rouille et d'os ». Mais lors du visionnage du film, une question demeure : comment ont-ils réussi à amputer les jambes de Marion Cotillard ?
De rouille et d'os : un carton à Cannes
En 2012, Jacques Audiard dévoile De rouille et d'os. Porté par Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts, le film raconte la rencontre inattendue entre Ali, le père d'un jeune garçon qui a des difficultés à s'insérer dans la société et Stéphanie, une ancienne dresseuse d'orques qui a été amputée des deux jambes après un terrible accident. Les deux individus vont s'apporter une aide mutuelle et une renaissance bien méritée.
De rouille et d'os a fait très forte impression auprès de la presse française. Le film a engendré des retours dithyrambiques et s'est évidemment frayé un chemin jusqu'aux César avec 9 nominations et 4 statuettes : Meilleure musique pour Alexandre Desplat, Meilleure adaptation, Meilleur montage et Meilleur espoir masculin pour Matthias Schoenaerts. Côté box-office, le long-métrage a attiré près de deux millions de spectateurs dans l'héxagone.
Comment les jambes de Marion Cotillard ont-elles été amputées ?
La grande Marion Cotillard incarne donc Stéphanie, une ancienne dresseuse d'orques qui a perdu ses deux jambes. Bloquée dans un fauteuil roulant, elle a été amputée de ses deux membres inférieurs. Comment l'amputation de son personnage a-t-elle été possible à l'écran ? Dans le film, les mollets et les pieds de la comédienne ont été gommés et remplacés par des images de synthèse.
Dans un entretien avec le site Grand Écart, Barthélemy Beaux, le concepteur graphique du film, a expliqué comment il est arrivé à une telle prouesse technique :
Il a fallu effacer les tibias de Marion Cotillard, et recréer ce qu'il y a derrière (décors, acteurs, vêtements, objets...). Parfois, c'étaient des mouvements entiers de Matthias Schoenaerts qu'on a dû reconstituer. Il a fallu aussi trouver une découpe cohérente du genou. Sur le tournage, Marion était équipée d'une prothèse (comme une sorte de genouillère) qui permettait d'avoir l'extrémité de sa cuisse lisse ainsi que les cicatrices. Cela nous a servi de repères pour la découpe. Mais il a fallu par la même occasion effacer le raccord entre cuisse et prothèse. Et faire correspondre la couleur. Sur certains plans, des moignons ont été créés et animés en 3D. Il a fallu alors faire le raccord entre la cuisse de Marion et la 3D. Faire correspondre la bonne orientation, la bonne lumière, les bonnes couleurs...
Évidemment, l'aspect technique n'est pas la seule condition pour que le rendu soit crédible. Marion Cotillard a également été obligée d'adapter son jeu pour que la magie opère totalement. C'est en tout cas ce qu'a précisé Barthélemy Beaux :
Elle jouait en faisant traîner le plus possible ses jambes. Comme s'il s'agissait d'un poids mort qui n'influence pas ses autres mouvements. Mais pas de demande ni de restriction spécifique pour les trucages. Mis à part que sur le tournage elle était habillée avec des bas verts qui nous permettaient ensuite d'identifier plus facilement sur les plans la position exacte de ses jambes. Après, sur les plans avec de la 3D, ce sont les animateurs qui ont dû recréer les mouvements de jambes de Marion sur des jambes 3D. Et là, il fallait que ça corresponde au réel pour que tout soit cohérent.
En tout cas, De rouille et d'os est un film marquant, qui doit évidemment beaucoup au duo principal. Quant à Marion Cotillard, on pourra prochainement la retrouver dans le costume de Cléopâtre pour les besoins de Astérix et Obélix : L'Empire du milieu, attendu le 1er février prochain dans les salles obscures.