"Beach Rats" et "Mary" ont ouvert laborieusement la compétition de Deauville, avant que Robert Pattinson et le producteur musical Clive Davis prennent la relève.
Le 43e Festival du cinéma américain de Deauville a vu sa compétition s’ouvrir hier, mais pas de la meilleure des manières. Dès la première séance du matin, avec la présentation de Beach Rats, les festivaliers ont dû faire avec un film simpliste pour traiter du coming out.
Deuxième long-métrage d’Eliza Hittman après It Felt Like Love (2013), Beach Rats suit un jeune de Brooklyn découvrant son homosexualité. Alors qu’il évolue dans un milieu peu ouvert sur la question – là-bas, deux filles qui s’embrassent sont considérées comme sexy, mais pour deux garçons cela devient une preuve d'homosexualité – il tente d’aller à l’encontre de sa nature. Le quotidien de Frankie, ce petit blanc paumé, consiste à traîner avec des amis pas très malins, faire de la musculation et fumer des joints. Il entame une relation avec une jeune fille tout aussi peu élégante et retrouve en cachette des hommes rencontrés sur internet. Il est forcément difficile pour la réalisatrice de passer après Moonlight. D’autant que celle-ci compose ici avec des personnages antipathiques et peu intéressants, qu’elle essaie de rendre attendrissants de manière superficielle. Une déception évidente pour un sujet qui méritait mieux.
Un monstre sacré de la musique présent à Deauville
La suite du programme ne fut pas beaucoup plus glorieuse avec Mary, qui marque le retour de Marc Webb au cinéma indé. Un film certes plus lisse et dont la belle histoire très stéréotypée a tout pour ravir les festivaliers, mais qui s’avère en vérité d’une platitude désolante (voir notre critique complète). C’est donc du côté d’une section annexe qu’on trouvait le plus d’intérêt. Comme chaque année, le festival de Deauville propose en effet une sélection de documentaires autour de l’Amérique ; les Docs de l’Oncle Sam. Avec Clive Davis : The Soundtrack Of Our Lives, c’est l’univers de la musique qui est mis en avant grâce à un portrait élogieux de l’immense producteur. Formé comme avocat, Clive Davis avait intégré à la fin des années 1960 la maison de disques Columbia. Il participa grandement à la création et au développement de talents au fil des décennies, de Janis Joplin à Withney Houston en passant par Bruce Springsteen, Santana ou Alicia Keys.
Si le documentaire sert surtout à flatter le producteur, évitant d’éventuelles zones d’ombre et en se construisant majoritairement d’anecdotes de ses collaborateurs, il n’en reste pas moins un objet intéressant sur ce monstre qui sut s’adapter à tous les styles de musique. Le plus passionnant reste tout de même sa relation avec Whitney Houston, qu’il accompagna et soutint comme un père jusqu’à la fin. Le film trouve alors beaucoup d’émotion au moment d’évoquer les dégâts de la drogue sur la chanteuse, jusqu’à son décès le 11 février 2012 à l'âge de 48 ans. Les dernières images de la chanteuse mettant d’ailleurs en retrait Clive Davis. La présence du producteur dans la salle au moment de la présentation du film offrit un beau moment aux festivaliers.
Enfin, cette première journée s’est conclue en beauté par la nouvelle réalisation, en avant-première, des frères Safdie, Good Time. Avec un Robert Pattinson électrique, les deux réalisateurs embarquent comme sous acide dans un film de braquage où tout tourne mal. À la fois délirant et désespéré, Good Time convainc par son look réaliste mais stylisé, où semble se rencontrer Nicolas Winding Refn et Michael Mann. Le film fut présenté dans la soirée, précédé d’un hommage rendu à Robert Pattinson.