La deuxième journée du festival de Deauville a été marquée par des avant-premières médiocres, mais un excellent A Ghost Story en compétition.
Deuxième jour à Deauville, et déjà un film de la compétition se démarque. Avec A Ghost Story, où David Lowery fait preuve d’une originalité créative fabuleuse pour traiter du deuil en adoptant le point de vue d’un fantôme, le festival a fait fort. Les programmateurs ont proposé un film très éloigné des attentes habituelles du public, plutôt adepte de feel-good movies. Contemplatif, avec peu de dialogues et assez lent, c’est sans surprise qu’on pouvait apercevoir certains festivaliers quitter la séance prématurément. Dommage pour ce drame fantastique d’une rare beauté, qui envoûte par la tristesse onirique qui s’en dégage (voir notre avis complet). Si on ne s’attend pas à voir le film être récompensé par le public, le jury, lui, aurait tort de passer à côté.
Le Nouvel Hollywood face à Donald Trump
La compétition s’est poursuit avec Ingrid Goes West, dans lequel une Aubrey Plaza déjantée devient obsédée par Elizabeth Olsen, transformée en « célébrité » d’Instagram superficielle au possible. Une comédie satirique sur la bêtise qu’engendrent les réseaux sociaux. Par la suite, le festival présentait le documentaire We Blew It. Jean-Baptiste Thoret, critique et historien, notamment spécialiste du Nouvel Hollywood, revient sur l'Amérique des années 1960-1970, jusqu'à aujourd'hui avec Donald Trump. Il aborde son sujet par le prisme du cinéma, mais pas que, donnant la parole autant à des cinéastes ayant vécu cet âge d’or (Michael Mann, Peter Bogdanovich, Paul Schrader…), qu'à la population rencontrée. Un documentaire qui prend alors la forme d'un road-movie personnel et dans la lignée de son travail, marqué par des intentions de mise en scène notables. Notamment un dernier plan, qui se doit d'être vu jusqu'à la fin. Venu introduire son film, Thoret en a profité pour rendre hommage au regretté Tobe Hooper.
Soirée nanars à Deauville
La fin de journée s’est terminée sur deux nanars. Un kidnapping d’enfant d’un côté, et une attaque de requin de l’autre. Le premier, kidnap, marque le retour d’Halle Berry dans un sous-Taken. Elle y joue une mère qui voit son fils se faire kidnapper sous ses yeux. Ni une ni deux, voilà l’actrice se lancer dans une course-poursuite grotesque à bord de son minivan pour récupérer son enfant. Avec son action filmée n’importe comment (qui se résume à voir Halle Berry paniquer devant son volant) et ses dialogues risibles sous forme de punchlines à la Liam Neeson, le film n’est pas loin d’être une parodie du genre. En allant vraiment dans cette direction, Kidnap aurait pu donner une caricature amusante.
Le second, 47 Meters Down, voit deux sœurs s’embarquer dans une cage pour plonger parmi les requins blancs, sous les conseils de deux Mexicains rencontrés la veille. Évidemment, le câble permettant de remonter la cage lâche et les voilà bloquées au fond de l’océan à attendre d’éventuels secours. 47 Meters Down accumule alors les fautes. Dès sa caractérisation des personnages, pour le moins inutile, et faussement recherchée pour justifier la prise de risque des deux jeunes filles. S’en suit un ennui profond dû à une mise en scène plate, qui ne permet même pas de rendre divertissantes les prises de décision idiotes des protagonistes. Après Instinct de Survie, ce film de requin rappelle les faiblesses du cinéma de genre américain depuis plusieurs années.
Enfin, la journée pluvieuse fut marquée par un hommage rendu à Jeff Goldblum, qui inaugurait sa planche dans l'après-midi.