Entre les guerres d’hier et d’aujourd’hui, et les questions d’identité sexuelle, Chloé Zhao et son cow-boy de "The Rider" sortent du lot.
La troisième journée du festival de Deauville s’est ouverte avec deux jeunes réalisatrices, Anahita Ghazvinizadeh et Chloé Zhao. La première, née à Téhéran en 1989, s’est intéressée au fil de ses courts-métrages à l’enfance et au rapport familial. C’est donc dans cette lignée qu’elle réalise They, qui voit un adolescent questionner son identité sexuelle et retarder sa puberté par la prise de médicaments hormonaux. Un sujet, certes, intéressant, mais dont la réalisatrice passe à côté en raison de son traitement. Délaissant son personnage principal pour s’attarder sur sa communauté avec une lenteur difficilement supportable pour un film, pourtant, de seulement 1h20.
Cholé Zhao, quant à elle, a livré avec The Rider un film de cow-boy particulièrement plaisant. Traitant du rodéo, univers cher à l’Amérique, le film met en scène un jeune garçon éleveur de chevaux, convalescent après une violente chute. Adoptant un style épuré, il se dégage une forme d’évidence dans The Rider. La réalisatrice sachant se contenter de son décor, naturellement beau, et pouvant jouir d'un excellent interprète, Brady Jandreau. Certes, on pourra lui reprocher un manque de surprise dans son récit, mais Chloé Zhao en tire une émotion certaine, obtenue par le désir aveugle de son héros de remonter sur sa selle. Et même si son final appuie un peu trop sur le besoin d’accomplir ses rêves, il se dégage de The Rider une lumière et une bonté nécessaire.
Guerre mondiale et guerre d'Irak
En soirée, il y eut une nouvelle déception du côté des avant-premières avec La Promesse. Pourtant réalisé par Terry George, ce film, sur le retournement de l’empire ottoman lors de son alliance avec l’Allemagne durant la Première Guerre mondiale, est loin de rivaliser avec Hotel Rwanda (qui révéla le réalisateur). Emmené par un casting de rêve (Christian Bale, Oscar Isaac et Charlotte Le Bon), le film met de côté l’aspect historique pour y raconter une histoire d’amour peu pertinente face à un tel contexte. Il y a ainsi l’impression de voir un film archaïque, que la réalisation ultra classique et sans souffle ne peut emporter.
On sera par contre plus indulgent avec Alexandre Moors et son premier film The Yellow Birds. Un film de guerre sur les troubles d’un soldat de retour d’Irak. Le réalisateur est capable de moments gracieux et déchirants (ce regard lancé entre deux soldats en pleurs), mais appuie malheureusement constamment ces éléments. De peur, certainement, que son message ne passe pas sans. L’impression d’un manque de confiance de la part du réalisateur, auquel s’ajoute un scénario contestable dans son final et l’écriture des personnages qui en résulte alors. Prometteur pour un premier film, The Yellow Birds reste évidemment à mille lieux de Billy Lynn d'Ang Lee sorti cette année et qui traita remarquablement de cette thématique.