Le mercredi, à Deauville, la violence urbaine de Blueprint a convaincu les festivaliers avant que Marc Webb n’enterre définitivement les espoirs placés en lui.
Après Gook présenté mardi, Blueprint de Daryl Wein était l’autre film en compétition du festival de Deauville à traiter des violences policières aux Etats-Unis. Si le premier prenait en toile de fond le passage à tabac de Rodney King au début des années 1990, le second évoque la mort d’un Afro-américain abattu par la police, comme il y en a encore trop souvent aujourd’hui. Pas besoin de partir d’un fait divers précis donc, Daryl Wein ne faisant que capter une réalité à Chicago (et ailleurs), comme un quotidien. Il opte néanmoins pour un angle particulier en se concentrant sur un personnage, Jerod, dévasté après la mort de son ami.
Un traitement réaliste qui se ressent par la caméra du réalisateur (toujours très proche des protagonistes) et la psychologie de cet homme en perte de repères. Celui-ci ne sachant plus comment se comporter entre son chagrin de voir des membres de sa communauté disparaître les uns après les autres, et la crainte d’être le suivant. Un sujet fort et important, auquel Daryl Wein tire évidemment de l’émotion. Également scénariste, producteur, monteur et directeur de la photographie de son film, il semble néanmoins manquer de recul. Faisant preuve de certaines lacunes et étirant difficilement son récit. Sans être mémorable, Blueprint aura malgré tout reçu un accueil très chaleureux de la part des festivaliers.
Marc Webb n'y arrive toujours pas
Autre forme de violence par la suite avec Sweet Virginia, où une petite bourgade de l’Alaska devient le lieu d’un triple meurtre. Si Jamie Dragg tente de réaliser son thriller de manière singulière, y apportant une ambiance certaine, il pèche malgré tout par son scénario imprécis, et expéditif dans son final. Sweet Virginia laisse alors avec un sentiment de déjà-vu. Et ce n’est pas le face-à-face prometteur entre Christopher Abbott et Jon Bernthal qui parvient à transcender le tout.
La journée fut également marquée par l’avant-première de l’autre film de Marc Webb, après Mary en compétition. Avec The Only Living Boy in New York, le réalisateur de (500) jours ensemble retrouve une part de la sensibilité de son premier film. Mettant à nouveau en scène l’amour de manière chaotique, avec une vision assez pessimiste. Cette fois, il s’agit d’un triangle amoureux qui prend forme lorsque Thomas Webb (le nom ne semble pas anodin) rencontre la maîtresse de son père et entame une relation avec celle-ci. Bien entouré par Kate Beckinsale, Jeff Bridges, Pierce Brosnan et Callum Turner, The Only Living Boy in New York apparaît plus personnel que le stéréotypé Mary. Ne serait-ce que dans sa mise en scène (bien que parfois cheap) et le cadre choisi – le milieu littéraire bourgeois de New York.
Il s’écroule malgré tout, dès lors que le film bascule entièrement de la romance au drame familial, avec une morale trop conventionnelle. The Only Living Boy in New York restera anecdotique, tout comme Marc Webb.
Pas pire néanmoins que l’avant-première de The Music of Silence de Michael Radford. Certainement le pire film du festival, qui s’apparente davantage à un téléfilm sur Andrea Bocelli, dont on ne retiendra que l’agréable venue d’Antonio Banderas.