À Deauville, le sixième jour, la lumière est venue de "Katie Says Goodbye" avant que les moteurs de "Fast and Furious" ne grondent.
Alors que la fin de la compétition du 43e festival de Deauville approche à grand pas, Stupid Things a lancé en douceur la journée du jeudi. Premier film d’Amman Abbasi, Stupid Things voit un jeune adolescent traîner avec un gang local, responsable de la mort de son frère aîné. À la manière de Blueprint, le réalisateur garde la violence en fond pour s’attarder sur la quête d’identité de son personnage. Malheureusement Stupid Things tourne rapidement en rond, et se fait le témoin complaisant d’un milieu pauvre, sans rien apporter de neuf.
De son côté, Wayne Roberts avec Katie Says Goodbye fait preuve d’un certain talent pour filmer Olivia Cooke en jeune serveuse lumineuse, au cœur d’un Sud-Ouest américain nocif. L’actrice (solaire et méconnaissable), révélée dans Bates Motel et prochainement dans Ready Player One, interprète Katie. Bien qu’elle vive dans un bungalow avec une mère dépressive et apathique, Katie garde toujours le sourire. Même lorsqu’elle se prostitue occasionnellement avec une poignée d’hommes de la région pour arrondir ses revenus.
Wayne Roberts évite heureusement l’approche sordide, et laisse toujours entrevoir un sentiment d’espoir, obtenu par le rayonnement de son personnage. Les complications viendront néanmoins lorsque Katie rencontrera Bruno (Christopher Abbott), un nouveau mécanicien sorti de prison. Coup de foudre immédiat, leur relation provoquera de la jalousie chez certains, mais la possibilité d’entamer une nouvelle vie pour Katie. Capable d’émettre de la douceur dans un univers aussi néfaste, le réalisateur force tout de même un peu trop sur les événements tragiques – un en particulier - de sa dernière partie. Un effet domino louable malgré tout, car jamais racoleur. Avec ce premier film poignant, Wayne Roberts se place comme un des réalisateurs les plus prometteurs de cette sélection du festival de Deauville 2017.
L’écologie face aux grosses voitures
Alors que trois ouragans sévissent actuellement du côté de l'Atlantique, le hasard aura voulu que le festival diffuse le documentaire Une suite qui dérange : Le temps de l’action. Les présences d’Irma, qui après les Antilles se dirige vers la Floride, de José, situé derrière Irma, et de Katia, proche du Mexique, faisant forcément écho au documentaire écologique mettant en scène Al Gore. Plus de dix ans après Une vérité qui dérange, l'ex vice-président poursuit sa lutte pour le climat avec une verve honorable. L’ironie aura voulu que cette journée, où un très émouvant hommage fut rendu par Vincent Lindon à Michelle Rodriguez (deux ans après qu'elle lui a remis le prix d'interprétation à Cannes), se termine par une nuit consacrée à la saga Fast and Furious, réputée pour ses grosses cylindrées.
Avant cela, les festivaliers ont pu découvrir en avant-première La femme du gardien de Zoo. Un film historique efficace, bien que dépourvu de personnalité, sur les dirigeants du zoo de Varsovie qui, durant la Seconde Guerre mondiale, aidèrent des Juifs du ghetto à quitter le pays. Adoptant une réalisation classique et lisse, La femme du gardien de Zoo est finalement un téléfilm de qualité (surtout en comparaison de La Promesse et The Music of Silence, présentés ces derniers jours). Avec des moyens visibles et une émotion certaine, il restera néanmoins mineur dans la filmographie de Jessica Chastain.