Présenté en compétition au 49e Festival du cinéma américain de Deauville, "Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers" d'Aitch Alberto est un récit d'initiation magistral, aussi beau qu'émouvant, et porté par un formidable duo de jeunes acteurs.
Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers éblouit
Ce matin du lundi 4 septembre au Centre International de Deauville, les applaudissements ont été longs et intenses pour saluer Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers. À son troisième jour de compétition, les jurys et le public du Festival du cinéma américain de Deauville ont en effet peut-être trouvé leur première pépite avec le film de la réalisatrice Aitch Alberto. Pourquoi ? Parce qu'à la longueur et à la poésie du titre Aristote et Dante découvrent les secrets de l’univers répondent la rapidité et la force avec laquelle le film saisit le coeur de ses spectateurs.
En 1987, à El Paso, deux garçons qui cherchent leur place dans le monde deviennent amis. Si Dante, expansif et doté d'une grande sensibilité, ne cache qu’à peine le trouble qu’il vit, à savoir préférer les garçons, c’est plus compliqué pour Aristote, animé d'une profonde colère, et a priori issu d’un milieu moins bienveillant sur le sujet.
Lorsque Dante part poursuivre ses études à Chicago, Aristote continue sa vie, faite de peu de mots, de la peine d’un frère emprisonné pour une raison qu’on lui cache, et d’une lente maturation. Au retour à l’été de Dante, la vie d’Aristote va se bouleverser.
Un récit d'initiation en beauté
D’une certaine manière, Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers est cousu de fil blanc. Mais que la couture est belle. Récit d’initiation, de la découverte de sa sexualité, le film d'Aitch Alberto est en effet, tout simplement, évidemment, beau.
Beau dans ses images d’abord, qui peignent en plusieurs lumières la ville d’El Paso, ses environs et ses habitants, et qui partagent l'ambiance visuelle d'un autre grand récit adolescent, Virgin Suicides. Beau ensuite par les magnifiques performances de ses jeunes acteurs, Max Pelayo (Aristote) et Reese Gonzales (Dante). Des performances de rage, d’amour, et d’une puissante intériorité. Beau par son écriture enfin, soignée et patiente, confiante et courageuse, à la fois simple et riche.
Preuve de la maîtrise de la réalisatrice, tous les personnages secondaires, essentiellement les camarades et parents des deux jeunes hommes, sont essentiels à ce récit d’initiation, dont la finition est remarquable. On retiendra ainsi, en plus des grandes performances des deux jeunes comédiens principaux, les deux mères de l'histoire, interprétées par Eva Longoria et Veronica Falcón.
Une exécution magistrale
Tout fait sens dans Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers, le désert physique et sentimental d’une vie en sourdine, jusqu’à que ce que celle-ci ne fleurisse. La violence d’un baiser forcé, la violence de coups de poing vengeurs. Un drame familial tu, puis révélé à la fois dans l’horreur et l’empathie.
En adaptant et en sublimant le roman éponyme de Benjamin Alire Sáenz, Aitch Alberto réussit toute son entreprise, traitant de la naissance de l'amour, de l'acceptation des parents mais aussi de sa propre acceptation, décrivant avec précision et empathie l'identité queer. Elle se refuse par ailleurs à montrer directement la violence homophobe et transphobe, loin de tout sensationnalisme ou volonté de choquer. Inondé de lumière, d'humanisme, d'intelligence et de beauté, Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers est un très beau film, à l'émotion aussi douce que terrassante.