"58 minutes pour vivre" est loin d'être le film le plus apprécié de la saga "Die Hard". La faute à qui ? En grande partie à Bruce Willis si on en croit le réalisateur Renny Harlin qui a eu un désaccord majeur avec l'acteur.
58 minutes pour vivre, le Die Hard qui ne fait pas l'unanimité
Après le succès de Piège de cristal (1988), la 20th Century Fox n'a pas tardé à lancer une suite. Avec 58 minutes pour vivre (1990), on retrouve ainsi l'inspecteur John McClane, toujours incarné par Bruce Willis. Si dans le premier opus le flic de New York doit arrêter à lui tout seul une bande de braqueurs (Hans Gruber et ses hommes) qui investissent le grand bâtiment du Nakatomi Plaza, dans le second il lui faut affronter des terroristes dans un aéroport.
L'intrigue de 58 minutes pour vivre se déroule elle aussi pendant les fêtes de Noël et le sort semble s'acharner sur McClane et sa femme Holly. En effet, alors qu'il attend cette dernière à l'aéroport, il se retrouve au milieu d'une sale affaire avec la venue du général Ramon Esperanza, ex-dirigeant du Val Verde qui doit être transféré pour son procès.
Seulement, un groupe de mercenaires intervient et réclame sa libération. Dans le cas de contraire, ayant le contrôle des communications entre l'aéroport et les avions, ils prévoient une finalité dramatique pour les passagers. McClane a alors 58 minutes pour intervenir avant que l'avion de sa femme ne soit à court de carburant et ne s'écrase.
58 minutes pour vivre n'est pas le plus apprécié de la saga Die Hard. Déjà parce que le changement de réalisateur se ressent fortement. John McTiernan a créé un véritable mythe avec Piège de cristal et il devait rempiler pour la suite. Mais occupé par À la poursuite d'Octobre rouge (1990), il laissa sa place à Renny Harlin (qui nous offrira par la suite Cliffhanger, L'Île aux pirates ou encore Au revoir à jamais).
Renny Harlin bien aidé par Joel Silver
Pour beaucoup, Renny Harlin est l'unique responsable du résultat médiocre du film (un succès tout de même au box-office). Mais le réalisateur s'est récemment exprimé sur cette expérience pour le moins compliquée pour lui.
Dans une interview donnée à Empire, il ne renie pas son film, bien au contraire. Cependant, il estime tout de même qu'il n'était pas très expérimenté à l'époque (sa cinquième réalisation). Il met également en avant son producteur, Joel Silver, qui l'a grandement aidé pour faire face aux pressions du studio :
Les cadres du studio avaient commencé à venir sur le plateau. Ils viennent avec leurs tasses à café et se tiennent derrière vous. Ils veulent que vous fassiez des économies ou que, d'une manière ou d'une autre, vous réglé un problème. C'est terrible pour un réalisateur.
Joel m'a pris à part un soir et m'a dit : « Renny, je vois que tu es stressé. Laisse-moi gérer le studio, le budget, la situation. Je veux voir le film dont tu as rêvé. Et il a dit : « Dis-toi que, si le film est un succès, personne ne se souciera que nous ayons dépassé le budget. Mais si le film sort et que ce n'est pas une suite digne du premier, alors le fait que tu as pu faire des économies, personne n'en aura rien à foutre. Fais-le comme tu veux le faire. Cela m'a tellement réconforté.
Le problème Bruce Willis
58 minutes pour vivre aurait donc dû correspondre exactement à ce que Renny Harlin souhaitait. Mais un problème est survenu avec la star du film : Bruce Willis. Il poursuit dans l'interview en expliquant que l'acteur était passé, grâce à Piège de cristal, d'une star de télévision, à une star de cinéma. Et ce, en seulement un film.
Dès lors, le comédien n'avait plus les mêmes objectifs, notamment pour son personnage de John McClane. Voulant mettre de côté l'aspect comique de Die Hard, Bruce Willis a insisté pour que le célèbre flic soit bien plus sérieux dans 58 minutes pour vivre que dans le premier opus. Ce qui a logiquement mené à un désaccord avec le réalisateur.
Je lui ai dit : "Ce n'est pas le John McClane que le public aime. Ils ont l'impression que tu es leur ami maintenant. Et ils ne veulent pas perdre leur ami." Nous avons eu un désaccord majeur à ce sujet. Il a dit : "Ces blagues et ces répliques comiques, c'est des conneries. Avec des vies en jeu, tu ne peux pas dire ce genre de choses." J'ai dit : "Oui, pas dans la vraie vie, mais c'est un film. C'est Die Hard." J'en suis arrivé à un point où j'ai dû aller voir Joel et lui dire : "On a un vrai problème".
S'en est suivi une longue réunion entre l'acteur, le réalisateur et le producteur pour tenter de trouver un compromis. Finalement, il a été décidé que Bruce Willis ferait autant de prises désirées en jouant le personnage de la manière qu'il souhaite. Et une prise de la manière désirée par Renny Harlin. C'est-à-dire, avec une part humoristique. Seulement, le manque d'envie de Bruce Willis aura eu raison du résultat final de 58 minutes pour vivre.
Il l'a fait à contrecœur, et pas vraiment avec plaisir, mais il l'a fait. Et à la fin, chaque moment drôle que l'on pouvait saisir - même un sourire qu'il aurait pu afficher avant de se rendre compte que les caméras tournaient - a été coupé dans le film. La première question des cadres, quand ils l'ont vu, a été : "Avez-vous d'autres moments avec de l'humour ?" J'ai répondu : "Malheureusement, j'ai utilisé tout ce que j'avais".
Voilà donc pourquoi le ton est si différent entre Piège de cristal et 58 minutes pour vivre. Heureusement pour les fans, cinq ans après, le John McClane qu'on aime est revenu avec Une journée en enfer (1995), avec à nouveau John McTiernan à la réalisation.