L'excellent thriller "Le Salaire de la peur" (1953) réalisé par Henri-Georges Clouzot est à (re)découvrir d'urgence sur Netflix, qui prépare d'ailleurs un remake du film avec cette fois Franck Gastambide et Alban Lenoir dans les rôles principaux.
Le Salaire de la peur à (re)voir d'urgence sur Netflix
Il est rare (mais pas impossible) de trouver sur Netflix des grands classiques du cinéma français. Et ce n'est pas avec ce service de streaming que les plus jeunes pourront découvrir un réalisateur comme Henri-Georges Clouzot. C'est du moins ce qu'on pensait jusqu'à présent. Car la plateforme au logo rouge a décidé de nous contredire (et c'est tant mieux) le 31 décembre 2023 en ajoutant à son catalogue Le Salaire de la peur (1953) du cinéaste français, à qui on doit également Les Diaboliques (1955) et La Vérité (1960). Et si vous ne l'avez jamais vu, il est temps de le rattraper.
Le Salaire de la peur est une adaptation du roman de Georges Arnaud (1950), dont William Friedkin donna une autre version en 1977 avec Sorcerer. Notons que Netflix prépare aussi un remake du film de Clouzot, avec Franck Gastambide et Alban Lenoir dans les rôles principaux.
Le récit se déroule en Amérique centrale, dans une petite ville où règne la pauvreté et où des étrangers exilés espèrent un jour rentrer chez eux. C'est le cas de Mario (Yves Montand) et de Jo (Charles Vanel). Ainsi, lorsqu'un puit de pétrole situé à plusieurs centaines de kilomètres prend feu, et que la compagnie en charge leur propose deux mille dollars chacun pour y conduire un camion rempli de nitroglycérine qui permettra d'éteindre l'incendie, ils acceptent cette mission suicide. Tout comme deux autres chauffeurs en charge d'un second camion.
Le film de Clouzot le plus puissant
L'histoire paraît simple, mais Henri-Georges Clouzot en tire une œuvre étouffante, au suspense fort. Car la route n'a rien de simple et le moindre mouvement trop brusque du chargement de nitroglycérine peut provoquer une explosion. On reste ainsi accroché à son siège de peur qu'un drame ne survienne. Mais derrière cela, il y a surtout un regard sombre porté sur l'humain et toute la violence dont il est capable. Plus ils avanceront, et plus Mario et Jo se montreront impitoyables, allant jusqu'à perdre leur âme dans cette expédition. En atteste le plan de fin de Mario qui bascule dans la folie avec un dernier acte destructeur. Sans oublier la séquence folle du trou rempli de pétrole, née d'un tournage infernal.
Le Salaire de la peur est un grand film, c'est indéniable. Il fut d'ailleurs salué à l'époque de sa sortie. Le long-métrage remporta la même année la Palme d'or du Festival de Cannes (appelée à l'époque Grand prix) et l'Ours d'or au Festival de Berlin. Ainsi que le Prix Méliès (remis par le Syndicat français de la critique de cinéma) et le BAFTA du meilleur film.
Enfin, la célèbre critique Pauline Kael avait écrit dans le New Yorker un texte élogieux sur Le Salaire de la peur. Pour elle, l'œuvre de Clouzot est "un thriller existentiel, le mélodrame français le plus original et le plus choquant des années 1950". Avant d'ajouter que ce film, "le plus controversé de Clouzot, est aussi son plus puissant" car dedans "la violence n'est pas utilisée simplement pour exciter (...) mais pour forcer une vision de l'expérience humaine".
Le Salaire de la peur est à (revoir) sur Netflix.