Ashley Judd trouve l'un des rares rôles principaux de sa carrière dans le thriller "Double jeu". Pendant le tournage, la comédienne traverse une crise existentielle douloureuse.
Double jeu : une coupable idéale
Libby (Ashley Judd) mène une existence idyllique, comblée par sa vie de famille avec son époux Nick (Bruce Greenwood) et son fils Matty (Benjamin Weir). Son bonheur se transforme en cauchemar lorsque, au cours d'une excursion en pleine mer, elle découvre un couteau ensanglanté, tandis que le corps de son mari reste introuvable.
Emprisonnée pour un meurtre qu'elle n'a pas commis, Libby demande à sa meilleure amie Angela (Annabeth Gish) d'adopter Matty et lui remet la somme de deux millions de dollars de l'assurance-vie. Elle finit par comprendre qu'Angela et Nick ont planifié une machination contre elle. Pendant des années, elle prépare sa vengeance. À sa sortie de prison, elle met tout en œuvre pour retrouver son fils, suivie de près par son officier de probation Travis Lehman (Tommy Lee Jones).
Réalisé par Bruce Beresford (Miss Daisy et son chauffeur, Un anglais sous les tropiques), Double jeu permet à l'excellente Ashley Judd (Heat, Le Collectionneur) d'hériter d'un rôle principal, fait malheureusement trop rare dans sa carrière. Une carrière que le producteur Harvey Weinstein aurait ruinée parce que l'actrice aurait "refusé ses avances sexuelles", comme elle l'explique dans une plainte déposée contre le producteur en 2018.
Une période douloureuse pour Ashley Judd
La comédienne a été l'une des premières à briser le silence sur les agissements d'Harvey Weinstein. Figure du mouvement #MeToo, elle s'est également exprimée sur les viols dont elle a été victime. L'un d'eux est survenu en 1999, année de sortie de Double jeu.
Si elle ne fait pas référence à cet événement, Ashley Judd explique lors d'un entretien accordé à Esquire en 2007 qu'elle était en train de "craquer" pendant le tournage du thriller. L'actrice s'efforce alors de ne pas le montrer, mais elle vit une période très compliquée :
Ça ressemblait à une crise de la quarantaine que j'ai vécue alors que j'étais encore jeune.
À cette époque, la comédienne prend conscience du fait qu'elle s'est toujours sentie profondément seule depuis son enfance, passée en majorité dans le Kentucky. Un soir, elle appelle son psychiatre, qui lui cite le poème A Psalm of Life d'Henry Longfellow. Des mots salvateurs pour Ashley Judd, qui déclare à propos de l'auteur :
Il m'a sauvé la vie.
Après le tournage, l'actrice s'écarte des plateaux de tournage pendant un an pour se ressourcer. Dans les années suivantes, elle continue de participer à plusieurs projets intéressants comme Frida, Bug ou She Said, hélas trop peu nombreux pour son grand talent.