Avant le film culte de Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling dans le rôle de ce conducteur mutique, il y a le roman "Drive" écrit par James Sallis. Une oeuvre différente de ce qu'on a vu sur grand écran, avec une histoire abordée par un autre bout.
Drive : un grand film américain
Film majeur des années 2010, Drive de Nicolas Winding Refn tutoie une certaine forme de perfection. Tout, dans le travail du Danois, est à sa place. On en ressort d'autant plus chamboulé qu'avec son titre, son synopsis et son affiche, le film ressemblait à une petite péloche d'action sans importance. Il en est autrement, et quelle claque !
Ryan Gosling campe un héros taiseux, le Driver. Sa vraie identité ne sera jamais dévoilée. C'est le symbole qui compte, ses actes. La journée, on peut le retrouver sur des plateaux de cinéma comme cascadeur pour des productions hollywoodiennes. Il travaille aussi dans un garage, chez son ami Shannon (Bryan Cranston). Vous l'aurez compris, les bolides, c'est son dada. Quand vient la nuit, il se transforme en pilote pour des bandits. Ils font le mal et lui se contente de conduire pour échapper à la police. Qu'importe de quel côté de la Loi il se place, tant qu'il est au volant, ça lui va. Le jour où il rencontre une nouvelle voisine, Irene (Carey Mulligan), il se prend à rêver d'un avenir plus joyeux. Elle et son fils se prennent d'affection pour cet homme discret. Mais quand le mari d'Irene (Oscar Isaac) sort de prison, tout va dérailler. L'homme a contracté des dettes derrière les barreaux mais n'est pas en capacité de rembourser. Le Driver, au courant, décide de l'épauler dans un braquage. Sauf que celui-ci va virer au bain de sang. Le héros comprend qu'il a été doublé sur ce coup. Lui vient alors l'envie de se venger, en retrouvant et en tuant les responsables.
L'essence du roman restituée au cinéma
Ce scénario qui, vous en conviendrez, n'a rien de bien original, est tiré d'un roman éponyme signé par James Sallis. Le film va en reprendre une partie des éléments mais fera aussi des choix pour se différencier. Quand le livre s'ouvre, la trahison a déjà eu lieu. Le Driver est dans un motel, entouré de cadavres. On le découvre au moment où il met en place sa vengeance. Le mal est fait. Les pages qui vont suivre seront un mélange entre des passages dans le passé et ceux dans le présent. La vision du personnage principal inventé par James Sallis est respectée dans le film. On ne sait pas grand chose sur lui, il se contente de lâcher quelques mots. L'auteur a cependant glissé quelques détails sur son enfance et, eux, manquent à l'appel dans Drive. Qu'importe, ça ne change rien.
Dans le fond, l'essence des écrits se retrouve dans le film. Le roman est une œuvre directe, qui ne grimpe même pas à 180 pages ! Chez Nicolas Winding Refn, on ne voit pas le temps passer tant les événements s'enchaînent. On a l'impression qu'il ne se passe pas grand chose, néanmoins, dès que le générique apparaît, nous sommes pris d'une envie de retourner dans ce Los Angeles cotonneux.
Le scénario du long-métrage (écrit par Hossein Amini) n'a pas opté pour des flashbacks prédominants, nous entraînant alors d'une manière différente et linéaire dans l'histoire. James Sallis nous dit directement que les choses ont mal tourné, là où le long-métrage fait d'abord grimper l'émotion, tisse les liens entre les personnages puis les détruit. Quand le braquage arrive, on reste stupéfait. Plus tard, la scène de l'ascenseur nous achève grâce à tout ce qui la précède. C'est ça, le travail d'adaptation. Savoir garder les bons éléments pour les tourner d'une autre manière, sans rien dénaturer de ce qui fait la force du matériau d'origine. Pour Drive, c'est du très bon travail !