Prochaine création originale de Netflix, "El Camino Christmas" s’annonce aussi anecdotique qu’une bonne partie des productions du géant américain.
Ce n’est un secret pour personne, Netflix aimerait concurrencer le cinéma en proposant ses propres productions uniquement sur sa plateforme. Seulement force est de constater que le résultat (qualitatif) de la majorité de ses films n’est pas au rendez-vous. Avec la bande-annonce d’El Camino Christmas, on retrouve justement ce qui symbolise malheureusement un peu trop Netflix pour l’instant.
Un sérieux problème visuel
En effet, si ces images peuvent annoncer un film gentiment divertissant, quel est l’intérêt réel ? Oui, il y a des acteurs de renom (Tim Allen, Jessica Alba, Vincent D’Onofrio, Dax Shepard, Kurtwood Smith...). Et oui, le film semble disposer d’une histoire plutôt amusante – celle d’Eric à la recherche du père qu'il n'a jamais connu, qui en arrivant dans la ville d'El Camino dans le Nevada est pris pour un trafiquant de drogue et impliqué malgré-lui dans un braquage.
Seulement ici, il apparaît un réel problème d’intention dans la réalisation. Un problème d’image totalement formatée (qu’on reproche d’ailleurs souvent aux productions hollywoodiennes), plate, et « boring », comme avait pu l’être le Okja de Bong Joon-ho. En somme, un format calibré pour le petit écran.
El Camino Christmas rappelle en cela le décevant The Babysitter, qui s’il partait d’un concept fun, s’écroulait assez vite faute de vraie personnalité. Le film allant « se la jouer comme… » (on pense à du Edgar Wright, La main qui tue…), mais sans aller jusqu’au bout.
Meilleur distributeur que producteur
Alors bien sûr, on pourra estimer qu’au cinéma, nombreux sont les films anecdotiques. Mais étant donné la puissance de Netflix et les investissements importants dans ses créations originales, il serait temps de faire de vraies propositions. D’autant qu’on trouve dans son catalogue des œuvres diversifiées intéressantes (dans un genre indé il y a par exemple les très beaux Breathe In de Drake Doremus ou Lovesong de Kim So-yong). Des acquisitions qui font de Netflix un bon distributeur, mais un producteur encore décevant – notons que Netflix a tendance à coller son logo sur des films et des séries dont il n’est QUE le diffuseur (coucou Riverdale).
Si on n’imagine pas pour le moment que Netflix puisse proposer du grand spectacle comme les blockbusters actuels (on a encore en mémoire l’échec Death Note), il paraît tout à fait envisageable d’avoir des œuvres plus intimistes dignes d’intérêt. On attendra alors au tournant la plateforme de SVOD sur le prochain film de Martin Scorsese, The Irishman, dont le budget record a de quoi laisser sceptique. En attendant, il semble probable que ce El Camino Christmas, prévu pour le 8 décembre sur le service US (et à priori dans le monde), restera une œuvre éphémère aussitôt oubliable.