Elle : comment Isabelle Huppert a transformé le film selon Paul Verhoeven ?

Une performance exceptionnelle

Elle : comment Isabelle Huppert a transformé le film selon Paul Verhoeven ?

Sans Isabelle Huppert, le thriller "Elle" n'aurait clairement pas été du même niveau. C'est en tout cas ce qu'affirme le réalisateur Paul Verhoeven, qui a été abasourdi par la performance de la comédienne et qui l'a laissée transformer le film.

Elle : Isabelle Huppert au coeur d'un jeu pervers

Avant Benedetta, Paul Verhoeven signe un premier film francophone avec Elle. Sorti en 2016, ce thriller s'ouvre sur une scène glaçante. Seule dans sa demeure de Saint-Germain-en-Laye, Michèle Leblanc (Isabelle Huppert) voit un homme entrer par effraction chez elle. L'individu cagoulé la frappe et la viole. Elle choisit de ne pas porter plainte, annonce la nouvelle à ses proches et reprend son poste de directrice d'une société spécialisée dans les jeux vidéo comme si de rien n'était.

Elle
Michèle Leblanc (Isabelle Huppert) - Elle ©SBS Distribution

Michèle décide de mener sa propre enquête et entame un jeu pervers avec son violeur, voué à se finir dans le sang... Laurent Lafitte, Virginie Efira, Charles Berling et Anne Consigny complètent la distribution du long-métrage, adapté de l'ouvrage Oh... de Philippe Dijan. Un projet que Paul Verhoeven envisage pendant un temps de tourner aux États-Unis, mais qui n'aurait jamais pu voir le jour outre-Atlantique, comme il le confie dans le dossier de presse :

C’était compliqué, d’un point de vue financier, et aussi artistique : on s’est rendus compte qu’aucune actrice américaine n’accepterait de jouer dans un film aussi amoral. Même celles que je connaissais bien, il leur était impossible de dire oui à un tel rôle.

Une comédienne qui transcende le film

En revanche, Isabelle Huppert fait part de son intérêt pour le rôle principal dès le début du développement du projet. Et la comédienne dépasse amplement les attentes du cinéaste durant le tournage. Interrogé par Slant Magazine en 2016, Paul Verhoeven explique qu'il a l'habitude d'échanger avec ses acteurs sur la nature de leur personnage, prenant pour exemple ses collaborations avec Arnold Schwarzenegger et Sharon Stone. Mais avec l'interprète de Michèle, nul besoin de communiquer.

Le réalisateur s'aperçoit qu'Isabelle Huppert comprend parfaitement ce protagoniste extrêmement trouble. Il la laisse donc improviser et garde énormément de scènes au montage final :

Nous n'avons jamais parlé de la psychologie du personnage. Je la laissais faire. Je la laissais faire même quand elle continuait des scènes bien après le moment où elles étaient censées s'arrêter. Elle continuait encore et encore, et je la laissais faire, et j'ai tout utilisé dans le film. Ce qu'elle a fait était meilleur que le livre, le script et ce que j'avais en tête, donc je l'ai accepté immédiatement.

Lors d'un entretien pour Le Figaro, Paul Verhoeven assure que la comédienne l'a bluffé durant les prises de vues de la séquence de viol, particulièrement éprouvante :

Lorsque le violeur commet son acte. C'est terrible. Tout un chacun confronté à cette situation s'enfuirait. Pas elle. Elle a crié "Dégage, dégage" et a continué de jouer. Elle est partie à droite, à gauche, elle est tombée, elle s'est assise, elle a regardé autour d'elle. Je la regardais, fasciné. Je n'ai pas dit : "Coupez !" Elle avait déjà inclus la scène suivante dans la séquence.