Avant de devenir culte, "Fight Club" n'a pas rencontré le succès à sa sortie en 1999. Brad Pitt n'a d'ailleurs pas oublié une projection désastreuse où Edward Norton et lui étaient les seuls à rire au film de David Fincher.
Fight Club : 1999, une année révolutionnaire
Sorti en 1999, soit la même année que Sixième Sens, Matrix ou encore Dans la peau de John Malkovich, Fight Club marque l'avènement à la fin du XXe siècle de cinéastes novateurs, qui repensent totalement la manière de raconter une histoire et de la mettre en scène. Que ce soit à travers leurs twists, leur façon de bousculer le spectateur en l'interpellant directement ou de le stimuler visuellement avec des détails plus ou moins dissimulés, ces longs-métrages ont véritablement fait évoluer leur médium.
En plus de leur propos, la révolution d'œuvres comme Matrix et Fight Club est également technologique. Grâce à des collaborations avec des personnalités comme John Gaeta et des studios comme BUF, les Wachowski développent le bullet time, tandis que David Fincher est l'un des premiers à dévoiler des environnements entièrement numériques, à l'image de la cuisine du narrateur qui explose. Des techniques comme le camera mapping offrent au réalisateur la possibilité de créer "des voyages mentaux", comme l'explique le superviseur des effets spéciaux Dominique Vidal, cité par Usbek&Rica en 2019.
"La vengeance narquoise de Jack"
Comme le révèle son générique, Fight Club est justement un voyage mental dans le cerveau malade de son narrateur, incarné par Edward Norton. Technicien de rappel chargé d'analyser les voitures défectueuses d'une grande marque, ce personnage souffre d'insomnie, n'a plus de repère, plus de croyance, plus de véritable but.
Il se réfugie donc dans le confort de meubles produits à la chaîne d'une célèbre enseigne suédoise. Ses émotions refont surface lorsqu'il rejoint des groupes de parole axés sur diverses maladies, où il croise la mystérieuse Marla Singer (Helena Bonham Carter), avec laquelle il partage plusieurs points communs.
Le jour où son appartement explose à cause d'une supposée fuite de gaz, il demande de l'aide à Tyler Durden (Brad Pitt), un charismatique producteur de savon nihiliste qui rejette corps et âme la société de consommation, rencontré peu de temps avant. Ce dernier lui propose de monter un club de combats clandestin leur permettant d'expulser toutes leurs frustrations et de revivre. L'organisation compte très vite de nouveaux membres. Tyler réussit ensuite à convaincre ses nombreux fidèles de prendre des mesures de plus en plus radicales et dangereuses.
Brad Pitt et Edward Norton défoncés et hilares
Ne récoltant que 100,8 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget de plus de 60 millions, l'adaptation du roman de Chuck Palahniuk est un échec pour la Fox. De passage sur PeopleTV en 2020, Edward Norton blâme le studio pour ne pas avoir mis en avant l'humour de Fight Club dans la campagne marketing, l'une des raisons de ce flop financier selon lui.
Un humour que certains spectateurs ne perçoivent pas lors d'une projection organisée à la Mostra de Venise. De passage dans le podcast WTF with Marc Maron en 2020, Brad Pitt se souvient de cette séance hilarante et inoubliable :
Nous avons eu la meilleure projection de tous les temps. C'était à la Mostra de Venise, où ils avaient organisé cette projection de minuit. On s'est dit que ce serait une bonne idée de fumer un joint avant. On entre et ils nous installent au balcon. Tu t'assois à côté du gars qui organise le festival. (...) C'est très formel.
Dès que les lumières s'éteignent, les choses se gâtent :
La première blague arrive et on peut entendre une mouche voler. Il y a un silence de mort. (...) Plus cela se produit, plus ça devient drôle pour Edward et moi, et on commence à rire. Donc on est les connards à l'arrière qui rient de leurs propres blagues. Les seuls. Et à un moment, il y a cette ligne de dialogue où Helena Bonham Carter dit : 'On ne m'avait plus baisée comme ça depuis l'école primaire'. Et je vois le gars du festival, qui était en train de se tortiller depuis 30 minutes, se lever et partir ! Sans dire un mot. (...) Ce qui nous fait encore plus rire.
Mais avec les années, Fight Club devient culte.