Pour Furie (1978), Brian De Palma retrouve Amy Irving après Carrie au bal du diable (1976). Un autre thriller fantastique autour de la télékinésie. Pour ce film, le réalisateur s'est lancé dans un nouvel exercice en tournant une scène bien spécifique qu'il n'a pas du tout appréciée.
Furie, l'après Carrie au bal du diable
Juste après le succès de Carrie au bal du diable (1976), Brian De Palma s'est lancé dans une autre adaptation de roman avec Furie (1978). Cette fois, il ne s'agit pas d'une œuvre de Stephen King, mais de John Farris - également scénariste du film. Il est tout de même facile de faire des liens entre les deux, puisque Furie est encore un thriller fantastique autour de la télékinésie. De plus, on retrouve au casting Amy Irving, unique survivante à la fin de Carrie. Cependant, si Carrie reste focalisé sur la jeune lycéenne qui à cause des moqueries de ses camarades finira par se laisser aller à un massacre sanglant, Furie commence par une histoire de kidnapping.
Le kidnapping du jeune Robin, doué de perception extrasensorielle et de psychokinésie, après la tentative d'assassinat contre son père, Peter Sandza, un ancien agent de la CIA. Ce dernier parvient à s'en sortir, et tente alors de retrouver son fils. Pour cela, il pourra compter sur Hester, qui travaille dans un centre qui vient d'accueillir Gillian, une jeune fille qui dispose des mêmes pouvoirs que Robin. Celle-ci ayant un lien très fort avec le garçon, elle pourrait permettre à Peter de localiser son fils.
Une course-poursuite qui termine dans le brouillard
Bien que moins aimé que Carrie, notamment à cause de son final un peu grotesque, Furie reste une œuvre fascinante et extrêmement sombre. Le film se laisse porter par la musique de John Williams (suite au décès de Bernard Herrmann), par la présence de Kirk Douglas dans le premier rôle et les grands yeux envoûtants d'Amy Irving. Un duo accompagné par John Cassavetes (le méchant Childress), Carrie Snodgress (Hester) et Andrew Stevens (Robin). De plus, Brian De Palma fait comme toujours des propositions visuelles mémorables, comme cette séquence au ralenti lorsque Gillian assiste à la mort d'Hester.
Cependant, il y a une scène de son film que le cinéaste n'a pas du tout aimé filmer. Il s'agit de la course-poursuite en voiture avec Kirk Douglas. Ce dernier est alors dans une voiture avec deux policiers qu'il menace, et tente d'échapper aux hommes de Childress. Le tout se déroule dans un tunnel, puis sur un pont avant de finir dans le brouillard.
Un exercice trop ennuyeux pour Brian De Palma
Avec Furie, Brian De Palma se lançait pour la première fois dans l'exercice de la course-poursuite. Mais comme expliqué dans le livre d'entretiens avec Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud, le réalisateur a détesté cette expérience.
C'était la première fois que je filmais une poursuite de voitures dans Furie. J'avais pris ça comme un défi mais j'ai très vite détesté. Je l'ai donc située dans le brouillard pour la styliser au maximum. Parce que tourner dans une voiture, il n'y a rien de plus ennuyeux. Qu'est-ce que vous allez montrer ? Un type en train de bouger le volant, des reflets sur le pare-brise. Il n'y a pas beaucoup de solutions pour rendre ça intéressant.
Le cinéaste a un avis bien tranché sur les poursuites de voitures, estimant qu'il était difficile de les rendre attrayantes pour le public. D'autant plus après French Connection (1971) qui offre une course-poursuite mémorable entre la route et le métro aérien de Brooklyn.
On en a vu des centaines et c'est quelque chose de très ennuyeux à regarder. La meilleure poursuite jamais filmée est dans French Connection de William Friedkin. Si vous n'avez pas de meilleure idée, ça ne vaut vraiment pas le coup de se fatiguer à en filmer une nouvelle.
Il est en effet difficile de rendre ce genre de scène vraiment attrayante, sans avoir à passer par un montage sur-découpé. Certains cinéastes auront tout de même trouvé de bonnes idées. De son côté, assumant que l'exercice ne l'intéresse pas, Brian De Palma n'en aura proposé que très rarement dans sa carrière. On se souvient tout de même de Blow Out (1981), lorsque John Travolta tente de rejoindre Nancy Allen. Mais c'est finalement plus souvent à pied que les personnages du réalisateur se seront le mieux illustrés.