"Fury", de David Ayer, possède de nombreuses scènes coupées qui creusent la psychologie des personnages. On pense notamment à Grady (Jon Bernthal) que l'on découvre sous une autre facette bien moins bestiale.
Fury : Tank à faire
Avant de se perdre dans les mondes fantastiques de Bright et Suicide Squad, David Ayer a réalisé Fury en 2014. Un film bien calé dans la réalité puisqu'il se passe à la fin de la Seconde guerre mondiale. Nous sommes en 1945 en Allemagne alors que les Américains viennent libérer le pays des Nazis. Le long-métrage se focalise sur l'équipage d'un char blindé, modèle M4A3E8 Sherman, surnommé Fury comme écrit à la peinture blanche sur son canon. À son bord, le sergent Don "Wardaddy" Collier (Brad Pitt) et son équipe de trompe-la-mort. Boyd "Bible" Swan (Shia LaBeouf) cite la Bible dès qu'il le peut. Le Corporal Trini "Gordo" Garcia (Michael Peña) essaie de rester sain d'esprit malgré les expériences traumatisantes qu'il a vécues. Quant au chargeur-mécanicien Grady "Coon-Ass" Travis (Jon Bernthal), la guerre a fait de lui un soldat sans pitié plus proche de l'animal assoiffé de sang que de l'homme.
Lors de leur dernière mission, ils ont déploré la mort du copilote-mitrailleur Red. Le conflit ne permettant pas la perte de temps, on envoie une nouvelle recrue pour le remplacer. Ainsi se présente Norman Ellison (Logan Lerman), jeune et sans aucune expérience de combat puisqu'il a un diplôme de dactylo. Il ne comprend d'ailleurs pas du tout ce qu'il vient faire dans ce tank. Pour Wardaddy, l'heure de la réflexion est passée. Norman fait maintenant partie de son équipe. Le jeune homme, pourtant réticent à l'idée d'ôter la vie à un ennemi, va devoir changer d'état d'esprit s'il veut survivre et protéger ses coéquipiers.
Accompagné d'autres chars, le Fury part sous les ordres du lieutenant Parker (Xavier Samuel) pour soutenir la mission dirigée par le capitaine Waggoner (Jason Isaacs). Objectif : avancer et reprendre le contrôle du territoire ville après ville.
Nous retrouvons également au générique Jim Parrack, Brad William Henke, Kevin Vance, Anamaria Marinca, Alicia von Rittberg, Scott Eastwood, Eugenia Kuzmina, et Jake Curran.
Fury, même s'il dure déjà près de 2h10, aurait pu être encore plus long, puisque de nombreuses scènes coupées existent.
Un conflit qui s'éternise
Il y eut en effet de nombreuses scènes qui ont été coupées au montage et qui creusent pourtant la psychologie des personnages. Une première scène étendue du début du film montre que Norman n'est pas le seul à ne pas vouloir partir au front. Un des membres de l'équipage d'un autre tank va même jusqu'à se faire exploser une main avec une grenade pour être sûr de ne pas repartir. Comme elle n'est pas dans le film, la séquence ne comporte pas les effets spéciaux, ce qui explique pourquoi l'acteur a toujours ses deux mains.
Passage bien plus léger, cette séquence voit Gordo proposer une barre de chocolat à la vielle dame qui découpe des morceaux de cheval contre des rapports sexuels. Il ne récoltera que des insultes bien méritées.
Dans cette scène, Norman demande à d'autres soldats quel est le sentiment quand on tue un homme. On apprend alors qu'il n'a jamais été confronté à la violence de toute sa vie. À peine a-t-il vu un chat se faire renverser par une voiture. Contrairement à Gordo qui a travaillé avec son père dans un abattoir.
Grady pas si mauvais ?
Le personnage de Grady nous est en effet montré sous une lumière plus humaine avec ce moment dans la ville allemande que les troupes américaines viennent de libérer. Il y câline un bébé. Bien sûr, il le fait avec ses manières rustres en le prenant des mains de sa mère. On voit également Gordo récupérer le chapeau Haut-de-forme qu'il porte dans la séquence du dîner chez les Allemandes.
David Ayer a également coupé ces quelques plans assez sanglants du raid qui a lieu dans le même ville. On y apprend également la mort du personnage du capitaine Waggoner (Jason Isaacs), absente de la version finale. Certains plans pouvant choquer, vous pourrez la découvrir sur YouTube en cliquant sur la vidéo.
Une autre séquence consiste en une version alternative du moment où l'équipage reprend son souffle après l'éprouvant face à face avec un tank Tiger ennemi.
Autre scène très intéressante de Fury, cette discussion entre Don et Grady. Ce dernier explique qu'il n'en peut plus de la guerre et qu'il veut mourir. Il se dit qu'il a eu de la chance pendant 4 ans, mais que ses nerfs ne tiennent plus. Encore un moment qui aurait donné une autre image du personnage qui passe, dans la version finale, pour un animal. Son comportement n'est pourtant qu'une façade qui cache ses peurs. Quant à Don, on le voit réconfortant, alors que lui aussi est dans le même état de désespoir.
Fury est disponible en streaming sur Netflix.