Ce soir France 4 diffuse "Gainsbourg, (vie héroïque)", un biopic de Joann Sfar consacré à Serge Gainsbourg. Le film révéla Éric Elmosnino et fut la dernière apparition de Lucy Gordon qui se suicida après le tournage.
Gainsbourg (vie héroïque), le bel hommage à Serge Gainsbourg
Pour son premier film en tant que réalisateur, l'auteur de BD Joann Sfar s'est attaqué à un mythe de la chanson française avec Gainsbourg, (vie héroïque) (2010). Un biopic original consacré à l'auteur-compositeur-interprète Serge Gainsbourg, dont les titres Le Poinçonneur des Lilas, Bonnie and Clyde ou encore Initials B.B. résonnent encore. Cependant, le cinéaste évite tout académisme pour raconter la vie de Gainsbourg, de sa jeunesse parisienne sous l'Occupation allemande jusqu'aux années 1980 où ses succès sont aussi fort que sa détresse.
Joann Sfar opte en effet pour une approche plus poétique et fantasmagorique. Ainsi, même s'il met en scène des personnages réels, Gainsbourg (vie héroïque) se rapproche presque du conte, comme l'indique l'affiche du film en sous-titre.
Une proposition qui a convaincu aussi bien la presse que le public. "Ce qui n'aurait pu être qu'un biopic classique se révèle comme une ode à l'artiste" écrivait 20 Minutes, tandis que dans Première on pouvait lire : "L'exhaustivité documentaire propre à l'écrasante majorité des biopics est balayée, remplacée par un onirisme subjectif". En salles, Gainsbourg (vie héroïque) cumula plus d'1,1 million d'entrées. Le succès fut total après la cérémonie des César de 2011, où le long-métrage remporta trois récompenses. Le César du meilleur premier film, celui du meilleur acteur pour Éric Elmosnino et celui du meilleur son pour Daniel Sobrino, Jean Goudier et Cyril Holtz.
La révélation Éric Elmosnino
Même si Éric Elmosnino n'en était pas à sa première production avec Gainsbourg (vie héroïque), tournant déjà dans les années 1980 et 1990, il n'était alors pas si connu du grand public. Le comédien avait été bien plus présent sur les planches, décrochant notamment le Molière de la révélation théâtrale en 2002 pour Léonce et Léna. Cependant, en incarnant Serge Gainsbourg, la notoriété de l'acteur explosa, et son César fut la preuve du bon choix de Joann Sfar de lui confier ce rôle. À ce sujet, le cinéaste racontait dans le dossier de presse la réaction amusante d'Éric Elmosnino lorsqu'il lui demanda s'il connaissait le chanteur. Le comédien lui avait répondu : "Pas vraiment, je ne suis pas fan, je m’en fous un peu".
Ça me plaisait qu’Éric ne connaisse pas Gainsbourg, ça voulait dire qu’il ne serait pas écrasé par le personnage. Et dès le premier essai, j’ai aimé sa décontraction et son humour.
La mort tragique de Lucy Gordon
Outre cette révélation d'Éric Elmosnino, Gainsbourg (vie héroïque) comporte une variété d'interprètes qui incarnent les nombreuses stars qui ont côtoyé Serge Gainsbourg durant sa vie. Ainsi, Laetitia Casta est Brigitte Bardot, Anna Mouglalis joue Juliette Gréco, Mylène Jampanoï incarne Bambou tandis que Sara Forestier interprète France Gall. À cela s'ajoute Lucy Gordon, actrice et mannequin britannique, qui tient le rôle si important de Jane Birkin. Avant de la trouver, la production fit passer de nombreuses auditions.
Ils verront 400 baby dolls, entre la France et l’Angleterre, avant de choisir Lucy Gordon, des jambes jusqu’aux étoiles et un visage de poupée sixties.
Malheureusement, si Gainsbourg (vie héroïque) devait aussi révéler l'actrice au grand public, elle n'en vit jamais le résultat. Le 20 mai 2009, deux jours avant ses vingt-neuf ans et six semaines après la fin du tournage, elle se suicida par pendaison dans son appartement parisien. D'après ses proches, Lucy Gordon avait été très touchée par le suicide d'un de ses amis, avant de mettre fin à ses jours. Après l'annonce de sa mort, Joann Sfar et les producteurs du film, Marc du Pontavice et Didier Lupfer, insistèrent (via Le Figaro) sur le fait que le film devait "beaucoup à la générosité, à la gentillesse et à l'immense talent de Lucy Gordon". Le film lui est dédié.